Politique culturelle : "Salle" Affaires

Et, à l'heure des fins de conventions et des changements de direction, des questions évidemment cycliques reviennent dans l'actualité : le Marché Gare, on y fait quoi exactement ? Pourquoi la gestion du Transbordeur énerve-t-elle tout le monde ? Et le mariage du Rail théâtre avec l'association Grrnd Zero est-il consommé ou pas ?

Marché Gare, une place à prendre pour Noël

En voilà un qui claque la porte, "amer". Terai Isabelle, programmateur au Marché Gare, petite salle de 350 places subventionnée par la Ville et la Région à hauteur de 75 000 euros, démissionne en janvier. "Impossible de mener un projet culturel ici, c'est une MJC qui gère la salle, au même titre que ses autres activités de MJC, regrette Terai Isabelle. On a fait des choses en trois ans, la fréquentation a augmenté, mais l'impossibilité d'écrire un réel projet nous a empêchés d'obtenir d'avantage de subventions, je suis amer et vigilant quant à ce qui va se passer ici à l'avenir." En face, Pierre Bobineau, directeur de la MJC et, donc, du Marché Gare à Perrache, temporise : "Cette salle n'est pas faite pour recevoir seulement du métal et de l'électro, elle était devenue trop personnalisée. Elle va redevenir un équipement culturel ouvert à l'émergence, toute l'émergence, avec les difficultés que cela peut avoir." Le conflit évacué, il s'agit maintenant de savoir quel "tournant peut prendre désormais la salle". "C'est un outil indispensable à Lyon, qui s'inscrit dans le maillage des salles, idéal pour de la résidence et accueillir les concerts de groupes émergents", estime Olivier Boccon, président du Cemal, le collectif des acteurs des musiques actuelles de l'agglomération. Pierre Bobineau, dans ce sens, compte suggérer à la Ville quelques extensions pour le Marché Gare, qui se trouve dans l'aile droite du Marché de gros (lequel déménage prochainement à Corbas). "On pourrait faire du Marché Gare un vrai lieu de résidence, pour accueillir des petits groupes qui se créeraient totalement ici, avoir un catering, des bureaux, et créer un lieu ressources, un vrai point d'information musicale (PIM)", espère Pierre Bobineau. Lequel doit d'abord s'atteler au recrutement d'un programmateur, "qui soit bien sûr dans la production artistique, mais qui ait bien conscience que le budget est arrêté et ne peut pas bouger." Les candidats sont prévenus.

Le Transbordeur bientôt remis en jeu

Géré par son fondateur Victor Bosch depuis vingt ans, le navire amiral de tout ce réseau de salles et propriété de la ville de Lyon, est géré depuis 2004 en délégation de service public (DSP). Lorsque l'appel d'offres pour prendre la tête du Transbordeur avait été lancé, nombre d'acteurs culturels locaux s'étaient empressés de présenter leur candidature (les promoteurs locaux Arachnée et Eldorado, ainsi que Thierry Pilat, ex-directeur du Ninkasi Kao), espérant à l'époque évincer un directeur controversé et installé depuis trop longtemps à leur goût. Mais c'est bien à Victor Bosch que le lieu a été de nouveau confié. Considéré comme le meilleur gestionnaire, il n'a néanmoins pas pu empêcher que le premier bilan de la salle sous sa nouvelle gestion affiche un déficit de près de 100 000 euros, absorbé au prix de gros efforts, dont l'augmentation des tarifs de location et la suppression d'un emploi. Cette première DSP de cinq ans arrivant à sa fin, un nouvel appel d'offres doit être lancé par la Ville pour mars 2010. "On se rend compte que telle qu'elle est rédigée, cette DSP ne pouvait être en fait assumée que par Victor Bosch, concède aujourd'hui Olivier Boccon, président du Cemal. Elle est beaucoup trop contraignante, et nous souhaitons participer à sa réécriture avec la Ville, parce qu'elle empêche de faire du Transbordeur le vrai lieu de diffusion qu'il pourrait être." Même son de cloche chez Victor Bosch, qui considère que cette gestion imposée par la Ville ne correspond pas aux spécificités du lieu qu'il a lui-même créé, à tel point que le Transbordeur pourrait couler. En tout cas, si le Cemal trouve le moyen d'assouplir le contrat de gestion de cette salle convoitée et, ainsi, permet à d'autres candidats de se présenter plus sérieusement face à Bosch, le règne du capitaine-amiral pourrait bientôt prendre fin.

Le Grrnd Zero, alternatif for ever

L'association organisatrice de concerts alternatifs à Lyon, après avoir longtemps squatté la ZAC du Bon Lait à Gerland, s'était enfin vue attribuer un lieu pérenne, le Rail théâtre (dans le 9è), une salle qu'elle utilise pour quelques dizaines de dates par an. Insuffisant pour le Grrnd qui s'est donc remis à monter des petits concerts, en dehors du Rail, et de toute autorisation. La convention qui lie le Grrnd Zero au Rail théâtre s'achevant l'été prochain, l'association annonce déjà qu'elle sortira de cette saison "insatisfaite". "Il faut que l'on réfléchisse à une autre solution, ou bien à rendre le système avec le Rail plus pertinent qu'il ne l'est aujourd'hui, confie un membre du Grrnd. Nous ne sommes pas libres de faire autant de dates que l'on souhaite, alors que notre travail de programmation est assez unique à Lyon." En revanche, tout n'est pas sombre pour les alternatifs, qui voient leur convention avec la Sacvel renouvelée pour conserver leurs locaux administratifs dans le 7è. C'est vrai que dès qu'il s'agit d'autre chose que de concerts, c'est tout de suite plus simple.

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