Ménagère de moins de 50 heures

Pas autant que ce film raté sur un sujet pourtant porteur.

48h par jour *

De Catherine Castel Avec Antoine de Caunes, Aure Attika, Victoria Abril, Bernadette Lafont. Comédie. France. 1h29.

Promise à un brillant avenir professionnel, Marianne est fatiguée de plafonner dans sa carrière parce qu'elle doit aussi s'occuper de ses enfants. Elle rêve alors d'inverser les rôles avec son mari Bruno pour pouvoir à son tour se consacrer davantage à son job.

Régulièrement, les marques d'éponge ou de gants ménagers commandent aux instituts de sondage des enquêtes sur la répartition des tâches ménagères (histoire, sans doute, d'ajuster l'ergonomie des balayettes à l'évolution des mœurs). D'où il ressort généralement qu'après des siècles d'évolution, l'Homme préfère toujours mater Téléfoot plutôt que dégraisser le plat à gratin. Pas nouveau. Et même un vrai problème de société à l'heure où le chemin vers la parité est encore semé de disparités. Est-ce que ça méritait un film ? Sûrement. Mais pas celui-là. Sauf bien sûr si 48 heures par jour a été conçu dans l'unique but de punir les époux fumistes. Votre mari refuse de faire les carreaux ? Attachez-le avec une serpillière et passez lui en boucle cette comédie navrante, il réclamera du rab' de pschit à vitres. Marianne (Aure Attika en surrégime), jeune mère-cadre dynamique, ne sait plus quoi faire pour impliquer son mari (Antoine de Caunes en roue libre) dans les tâches quotidiennes. Quitte à inventer n'importe quoi : la jeune femme fait semblant de partir six mois en mission au Japon et va flirter par accident avec un grassouillet fétichiste du pied qui passe son temps à descendre les poubelles (on caricature à peine). A charge pour son mari, et pour le spectateur d'avaler la couleuvre. La réalisatrice ne sachant guère plus quoi faire de son sujet que Marianne de son mensonge, elle a beau se débattre, rien n'y fait : acteurs exécrables, personnages caricaturaux (la nounou portugaise à l'accent chuintant et la bonne yougo au caractère d'officier titiste amuseront les nostalgiques de Collaro) et dialogues d'autant plus navrants qu'ils sont persuadés de faire mouche à tout coup. Bref, on frôle le massacre. On n'ose se demander ce que les américains auraient fait d'un tel sujet. Sur le thème du cadre débordé entre sa femme et son boulot, on avait pu voir Michael Keaton recourir au clonage dans l'excellent Mes doubles, ma femme et moi ou, plus récemment, Adam Sandler aux prises avec une télécommande universelle diabolique dans Click. Et c'était autrement réussi. La comédie populaire française, elle, semble malheureusement toujours aussi incapable de faire se rejoindre ses sujets avec la moindre idée de cinéma. Même avec des journées de 48 heures, sur ce coup-là il ne faudra pas compter sur nous pour passer l'éponge.

Kevin Muscat

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