Mellina Boubetra © Christophe Raynaud de Lage – Festival d’Avignon

Mellina Boubetra, les frissons de la danse

Programmée pour la première fois à la Maison de la danse, Mellina Boubetra livre un spectacle émouvant où la danse reprend sa place. Y courir !

À la fois danseuse et chorégraphe, issue du hip-hop qu’elle commence tôt, Mellina Boubetra poursuit plusieurs années d’études en biologie avant de se consacrer définitivement à l’observation des corps par la danse et de créer en 2017 sa compagnie ETRA.

Douée, elle se fait vite remarquer et remporte le tremplin Trans’urbaines mais aussi le prix Hip-Hop Games 2018 et celui du festival Kalypso/Karavel 2019. Nous l’avons découverte en 2022, alors qu’elle présentait ce troisième opus lors de la 76e édition du festival d’Avignon dans le cadre de “Vive le sujet !”, un dispositif qui permet à des artistes de créer des œuvres courtes et atypiques.

© Christophe Raynaud de Lage

Présentée en première partie de One Shot d’Ousmane Sy (figure incontournable de la house dance), NYST est une pièce à fleur de peau où elle danse aux côtés de la danseuse et audio-descriptrice Julie Compans (qui étudie également l’anthropologie du corps et la pratique des arts chorégraphiques) et d’un compositeur d’une grande finesse, Patrick De Oliveira, au piano et à la musique électro.

Son principe est simple : assise sur un côté de la scène, Julie Compans décrit ce qu’elle voit tandis que Mellina Boubetra improvise. Ensemble, elles créent un dialogue où les mots et les mouvements constituent un corps unique, laissant surgir une multitude d’états intérieurs qui, amplifiés par la musique, convoquent de profondes émotions.

La danse comme une respiration

Empruntant au langage hip-hop, la danse de Mellina Boubetra s’étire, se love, se heurte ou vibre. Elle se transforme, jouant sur l’énergie, les rythmes, les appuis du corps, à la verticale comme au sol, les torsions du buste, les rebonds, les rotations, les déplacements sur les côtés, les arrêts face à nous. Les mains cherchent la surface, les pieds cherchent l’appui sur l’air, les genoux s’entrechoquent, le corps est fluide, il se délie, repousse, s’empare d’une multitude d’espaces.

À certains moments, on a la sensation que c’est la danse qui entraîne son corps, à moins que cela ne soit la voix douce et intense de Julie Compans dont les textes magnifiques semblent bouger eux aussi. Puis il y a ce moment où danse et mots nous envahissent littéralement. Mellina Boubetra expérimente les mouvements rapides de ses yeux comme devant un paysage qui défile. Dans des allers-retours incessants, au bord de la transe, elle crée une succession d’images intimes qui renvoient aux nôtres.

La jeune artiste nous invite à regarder la danse dans le moindre détail, les yeux ouverts ou fermés. Elle déploie des espaces où la danse n’est que promesses, exprimant le désir d’une recherche sans fin de l’écriture chorégraphique, offrant des interstices où le spectateur invente la sienne. NYST est une respiration où l’on se pose, le corps envahi de frissons provoqués par une écriture juste et essentielle qui nous relie au mouvement pur et qui fait un bien fou !

NYST - Mellina Boubetra – Les 1 et 2 décembre à la Maison de la danse

À noter : le 2/12, après les deux spectacles, la Maison de la danse se transforme en dancefloor gratuit avec son deuxième House On Fire, qui propose une immersion joyeuse dans le groove de la house dance, animée par le collectif lyonnais La Fougue.

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