Sultan Ulutas Alopé dans La Langue de mon père © Jeanne Garaud

"La Langue de mon père" au théâtre de la Croix-Rousse : la ballade de Sultan

C’est dans une tenue ordinaire et sur une scène totalement vide, sobrement éclairée, que Sultan (prénom féminin en l’occurrence) Ulutas Alopé présente le spectacle qu’elle a écrit, mis en scène et dont elle est l’unique interprète, La Langue de mon père. 

Rien de démonstratif non plus dans son jeu. Elle se confie à nous le plus simplement du monde. Elle nous raconte son histoire.

Est-ce son léger accent oriental, sa façon parfois mal assurée d’articuler les mots, comme s’ils étaient lestés d’une émotion palpable ? La magie opère : l’auditoire est captivé.

Elle nous explique comment elle s’est retrouvée en France, en attente de carte de séjour, après avoir quitté la Turquie. Avec du temps libre à revendre : il lui est interdit de travailler.

Sur une sorte d’intuition, elle a décidé d’apprendre la langue kurde, celle de son père. Les souvenirs remontent. Tous bouleversants. Ceux de l’enfance sont les plus déchirants.

La honte d’être kurde à Istanbul, là où elle a résidé enfant, avec sa mère et ses deux sœurs. Le racisme ordinaire de la société turque subi de plein fouet. Le père dysfonctionnel, violent, alcoolique, qui les oblige à fuir en pleine nuit avec ses deux sœurs, alors qu’elle a à peine 7 ans…

On comprend son envie de rejoindre la France et d’apprendre le français (en plus du kurde !) pour que cette langue devienne, selon ses mots, “un gilet de sauvetage”. Durant à peine plus d’une heure, elle nous tient en haleine. Son spectacle est un bijou d’émotion et de sincérité. Créé la saison dernière sur la petite scène des Clochards-Célestes, il est repris au studio du théâtre de la Croix-Rousse. Dépêchez-vous de réserver !

La Langue de mon père – Du 12 au 14 mars au théâtre de la Croix-Rousse

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