La Capture : mon père ce zéro

Avec Catherine de Léan, Laurent Lucas, Francis Ducharme. Drame. France, Canada. 1h 32.

Victime de l'ultra-violence paternelle durant toute son enfance, Rose, 20 ans, est partie vivre à Montréal avec son petit ami. Après deux ans d'absence, elle revient visiter sa mère et son frère Félix dans sa banlieue natale. Le contexte familial n'a pas changé et elle décide d'intervenir dans leur vie. Avec l'aide de deux complices, Rose décide de séquestrer son père.

Si on pouvait s'attendre à ce qu'un sujet aussi dérangeant soit traité de manière crue, La Capture désarçonne en fait assez vite par un fatras de lourdes métaphores et de symbolisme si poussif qu'il brouille complètement le propos du film qu'il l'éloigne de toute réalité tangible. Témoins, ces scènes oniriques sans queue ni tête où Rose, genre d'Amélie Poulain en pleine crise, reconstitue la relation terriblement violente de ses parents. Où il apparaît que filmer le processus inconscient confine souvent au ridicule. De même, alors qu'on s'attend à ce que le huis clos entre la fille devenue, assez mollement, tortionnaire et le père devenu victime (Laurent Lucas, dans son traditionnel registre ambigu), devienne l'enjeu central du film, la réalisatrice s'en désintéresse. Et se concentre sur ses autres personnages dans une sorte d'indifférence à son sujet, non pour les montrer en train de réapprendre à vivre mais au contraire poursuivre leur routine quotidienne : Rose fait (beaucoup) l'amour avec son copain (seul moyen qu'a trouvé la réalisatrice pour nous signifier que le couple s'aime) ou aboie dans de mémorables séances de thérapies comportementales, son frère Félix flirte avec la délinquance, sa mère prend des médocs, et c'est tout. La captivité du père reste alors dans l'ombre comme un refoulement psychanalytique, un trauma attaché au radiateur. Manière de montrer, sans doute, que cette séquestration et le sentiment de vengeance qui anime Rose sont vains (ah bon ?). Au moins autant que sa volonté de comprendre le pourquoi de la cruauté de ce père indigne. Car tout cela reste bien décousu et finalement Rose n'obtiendra aucune réponse. Bref, accumulant les scènes inutiles au service d'un propos flou voire douteux (avec un flingue, on règle bien des problèmes), le film n'avance pas. Ou alors, par assaut d'invraisemblances, comme dans un mauvais rêve.

KM

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