L'Agence tous risques : Mission casse-cou

Au jeu à la mode du remake de série, L'Agence tous risques casse la baraque (au sens propre) dans ce qui ressemble davantage à une joyeuse parodie un peu idiote. De la série donc, mais aussi de l'armée américaine.

Le problème de l'Agence tous risques, c'est qu'elle porte assez mal son nom. En anglais The A-Team, alors que « Plan B » lui irait mieux puisqu'on ne fait appel à elle que quand il n'y a plus d'autres solutions. En français, l'Agence tous risques, car ce sont ses clients qui devraient être assurés tous risques face aux dégâts provoqués. On peut d'ailleurs y voir – nos quatre fantastiques étant d'anciens soldats désormais déchus – une parabole grinçcante sur l'armée américaine façon : « on envahit, on fait tout péter et on prétend sans rire que tout s'est déroulé sans accroc ». En réalité, le film, qui se déroule au moment du retrait américain d'Irak, semble davantage pro-Army qu'il n'en a l'air, chargeant plutôt avec force moquerie les travers de la duplice CIA au gré d'une intrigue où, suprême ironie, on se dispute rien moins qu'une... planche à billets (verts, les billets). En face, l'Agence tous risques prône l'Union (vieille lune américaine, des Treize colonies à nos jours, en passant par la guerre de sécession) et martèle qu'on ne réussit rien dans la division. D'où un superbe dénouement final, basée sur la théorie du bien nommé Futé, selon laquelle, il y a trois manières de tromper l'ennemi : la distraction, la diversion et la division. Auxquelles il faut ajouter l'exposition au grand jour des manoeuvres malfaisantes du-dit ennemi. Y voir bien sûr le parfait petit précis de guérilla médiatico-politique.

Tout faire péter

Le problème est de savoir si cette troupe d'inséparables mercenaires oeuvrant pour l'honneur et la patrie se veut représentative d'un pays divisé (Républicains vent debout contre Obama, pro contre anti-guerre) qu'il faudrait réconcilier pour redevenir conquérant (à tous les sens du terme). Ou le symbole rigolard de ces milices affranchies de toute autorité, qui la jouent perso, soit pour un idéal (les milices du Montana), soit pour les pépettes (Blackwater, l'armée privée américaine, ici appelée Blackforest). Mais à vrai dire, le film ne se torture guère sur le sujet. Pas plus qu'il ne se préoccupe de son intrigue (l'histoire de la planche à billets volée), par moments assez imbitable, quand Pierre trahit Paul qui trahit Jacques mais en fait non. On comprend alors mieux la tendance maladive de l'Agence à tout faire péter, qu'il s'agisse de Bagdad, du quartier d'affaires de Francfort ou du Port de Los Angeles. C'est à la fois la force et la grande faiblesse du film : en sortant de la projection, on cherche quel adjectif inventer pour un objet qui est « plus que too much ».

Tapenade Currry-coco

Davantage qu'une adaptation de la série pourtant peu suspecte de raideur, on a donc l'impression d'avoir affaire à une parodie totalement hystérique écrite par un enfant de trois ans en pleine syndrome de toute puissance. Car à l'Agence tous risques, composée d'un quatuor d'acteurs cabotins qui passent leur temps à hurler en canon, rien d'impossible : qu'il s'agisse de faire voler un tank (en utilisant le canon comme réacteur) au dessus d'un lac suisse, de jouer au casse-briques sur un porte-conteneurs (avec les conteneurs en guise de briques) ou, sans rire, de cuisiner au pied levé une tapenade curry-coco (sans ingrédients ni la moindre casserole) au fond de la cale de ce même porte-conteneur. Au point de rappeler un sketch hilarant de feu le duo Edouard Baer/Ariel Wizman qui mettait en scène l'Agence Lambert, à la fois agence de détective, matrimoniale, immobilière etc.. Ici, de la même manière, le résultat est si absurde qu'il devient totalement euphorisant.

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