Joshua, de Johne Ratliff

Avec Sam Rockwell, Vera Farmiga...

Joshua, l'histoire d'un garçonnet qui vire maléfique, pourrait passer pour un film d'une autre époque. Une sorte de suite tardive au Rosemary's Baby de Polanski. Dans les années 70-80, à mesure que l'on découvre que l'enfant est une personne, on réalise que cette personne peut être mauvaise. C'est donc assez logiquement que l' " enfant roi " devient " enfant tyran ". Et quand on découvre que son numéro de sécu est 666, on commence sérieusement à flipper. C'est alors l'essor de la tête blonde diabolique au cinéma. Première tendance, le démon impassible rempli de méchanceté froide et vicieuse qui donne des films comme La Malédiction (où l'on découvre que non seulement l'Antechrist est un petit garçon mais qu'en plus, il porte une coupe au bol) ou Le Village des damnés version Carpenter (l'enfant est un nazi venu de l'espace où la coupe au bol est aussi à la mode). Deuxième tendance, le diablotin hystérique, immortalisé par L'Exorciste : l'enfant, punk et un peu idiot, vomit (au sens propre) sur la société, insulte les mamans et veut coucher avec l'abbé (!). Aujourd'hui, la télé a pris le relais, surfant sur la deuxième tendance à travers notamment deux émissions phares de la téléréalité. Dans Pascal le Grand Frère, le sosie officiel de Jean-Pierre Papin exorcise au moyen de méthodes commando des teenagers au bord de l'ultra-violence (dans le dernier épisode, une ado menaçait d'écraser un camembert si on ne lui donnait pas du salami au petit-déj'. Brrr !). Dans Supernanny, une Mary Poppins, mi-cheval, mi-samouraï allemand, tanne le cuir d'enfants en bas âge à coups de sit-in dans l'escalier et d'index menaçant. Où l'on s'aperçoit généralement que c'est en définitive le parent qui est culpabilisé et rééduqué à travers les méthodes musclées des deux pédo-exorcistes. Et c'est en cela que Joshua est finalement de son époque (et donc un rien néo réac') : les parents, placés face à eux-mêmes par leur progéniture surdouée, y sont presque plus flippants que leur fils. Comme si l'enfant était devenu à ce point une personne qu'il lui revenait de mater des parents à la dérive, égoïstes, infantiles et incapables d'assumer leurs responsabilités. De " l'enfant roi " aux " parents bouffons ", on en vient à se demander pour qui les gifles se perdent le plus.

KM

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