Festival des Héros Perdus à l'Opéra de Lyon

Autopsie d'un héros perdu.

Etre un héros n'est pas chose facile, on le sait. Il n'est d'ailleurs pas rare au détour d'une page de livre, d'un écran de cinéma ou d'une scène de théâtre de tomber sur l'un d'entre eux qui se serait égaré. L'Opéra de Lyon a décidé le temps d'un festival de disséquer ces déjantés, ces fous, afin d'offrir enfin à ces âmes errantes toute la place qu'elles méritent. Mais au fait, le héros perdu est-il forcément un anti-héros ? Réponse en trois points, et trois opéras.

L'amour de la démesure
Pour mettre en scène un héros perdu et lui offrir la partition qu'il mérite, mieux vaut savoir composer avec démesure et grandeur tragique. Bonne nouvelle pour Alexeï, le personnage épris de jeu et d'amour du Joueur de Serge Prokofiev: le décapant metteur en scène polonais Grzegorz Jarzyna sait à la perfection semer le trouble dostoïevskien. Son grain de folie et sa justesse font mouche au pays des œuvres tourmentées. Avec en prime la nervosité de Kazushi Ono pour diriger la partition de Prokofiev, ça va tragédier !

Angoisses intérieures
Le filtre d'amour de Tristan et Iseult n'a cessé depuis le Moyen-âge d'inspirer les musiciens, après le grandiose Tristan de Wagner, refaire un opéra aurait été voué à l'échec, alors le compositeur suisse Frank Martin a composé au début des années 40 un oratorio profane intimiste, Le Vin herbé. La partition fait place à des monologues intérieurs ou les protagonistes exposent leur doute et leur souffrance, avec Friedmann Layer à la direction musicale. Le chef d'orchestre autrichien apprécié pour son équilibre toujours mesuré devra s'emparer des nuances ambiguës de la partition de Martin. Quant à Willy Decker, il aura la lourde tâche de mettre en scène cet oratorio très cérébral et peu imagé, et de rendre visibles les méandres de l'âme.

Les histoires de héros perdus finissent mal, en général
Lorsque Philipp Glass, compositeur de musique contemporaine, s'inspire de La Colonie pénitentiaire de Kafka, le spectacle devient un opéra de chambre avec un quintette à cordes pour une partition tout en grincements. Dans une société où la torture est utilisée par "la plus grande démocratie de monde", où la peine de mort subsiste et où politique et justice opèrent un étrange mélange des genres, La Colonie pénitentiaire revue par Glass ne laissera personne indifférent.

Festival des héros perdus. A l'Opéra de Lyon, place de la Comédie, Lyon 1er. 0826 305 325. www.opera-lyon.com
Le Joueur, de Serge Prokofiev : Du 22 janvier au 5 février 2009.
Dans la colonie pénitentiaire, de Philipp Glass : Du 23 janvier au 4 février 2009.
Le Vin herbé, de Frank Martin : Du 24 au 30 janvier 2009.

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