Julien Poncet
Julien Poncet, directeur général du Théâtre Comédie Odéon, à Lyon

A Lyon, le SOS de la Comédie-Odéon

Julien Poncet, le directeur général du théâtre de la Comédie-Odéon, à Lyon, en appelle à la Ville de Lyon, la Métropole et la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour le "sécuriser" dans son projet culturel.

À la tête du lieu depuis huit ans, Julien Poncet a fait de la Comédie-Odéon un théâtre vivant, "populaire et de qualité”, selon ses termes. Un endroit convivial qui a trouvé sa place, singulière, dans le tissu culturel de notre ville. Mais sans aide publique pérenne. 

Aujourd'hui, il en appelle à l'aide et au soutien des collectivités. Si des échanges ont eu lieu avec la Ville de Lyon, les contacts se sont faits rares, voie inexistants depuis le mois d'août, "sans qu'on comprenne vraiment pourquoi" selon Julien Poncet.

Et de regretter que les collectivités puissent avoir de la Comédie-Odéon "cette image d'être un théâtre privé, simplement un théâtre de divertissement qui fait son business et qui gagne de l'argent. Notre projet, on considère est un projet d'intérêt général, et quand on fait un projet culturel, il peut pas en fait en être autrement."

Lire aussi : 10 ans de La Comédie-Odéon : "Nous cochons toutes les cases pour être aidés !”


La restranscription intégrale de l'entretien avec Julien Poncet

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Julien Poncet, bonjour.

Bonjour.

Julien Poncet, vous êtes directeur général du théâtre Comédie Odeon qui a fêté cette année, en avril, ses 10 ans. Vous vous êtes à la tête de la Comédie Odeon depuis 7 ans et vous en avez fait un théâtre vivant qui s'inscrit dans le tissu culturel de la ville, un théâtre qui a créé une animation de quartier.
Quel bilan faites-vous de ces 10 ans en termes de spectateurs, de levées de rideaux... ?

Alors je suis là depuis 8 ans en fait. Depuis 8 ans, je constate qu'on est dans une progression constante, on a toujours de plus en plus de spectateurs en fait. Maintenant, on a un projet qui est un peu identifié, un projet multiculturel, un projet divers qui s'adresse - on essaye - à l'éventail de population le plus large. On a à la fois des spectacles de comédie, des spectacles de création. On remonte des spectacles que les gens ne peuvent pas voir à Lyon et qui cartonnent à Paris, comme les Alexis Michalik, les Faux British, qu'on a en ce moment. Et à la fois, on accompagne des compagnies locales dans des projets de création, comme on va avoir par exemple Suzanne au mois de janvier.
On a de plus en plus de scolaires, on a aussi, j'allais dire, de plus en plus de liens qui nous permettent de faire un peu d'action culturelle. Nos opérations "les mercredis à tout prix" permettent le mercredi aux gens par tranche de 5€, 10€, 15€, 20€, 25€ , de voir un spectacle qui permet à des gens éloignés du théâtre de venir de venir au théâtre Comédie Odéon et à d'autres personnes d'avoir une sorte de geste un peu militant et de soutien à tout ce qu'on fait, j'allais dire, maintenant depuis des années petit à petit nous permet de croître aujourd'hui.

Donc vous avez quand vous le disiez, , c'est très accessible, c'est populaire dans le bon sens du terme, ça marche, simplement aujourd'hui effectivement d'un point de vue strictement financier il faut arriver à équilibrer les comptes et c'est un petit peu c'est un petit peu la raison de votre venue sur le plateau, c'est que justement vous regrettez un peu l'aide, le soutien de la puissance publique, c'est ça?

C'est à dire que, aujourd'hui, effectivement, notre projet, on considère qu'il est un projet d'intérêt général, quand on fait un projet culturel, il peut pas en fait en être autrement. J'ai oublié de dire, mais on fait aussi beaucoup de spectacles jeunes publics pendant les vacances scolaires etc. On essaye d'avoir un projet large et ouvert. Simplement un théâtre qui ne bénéficie d'aucun soutien public, c'est un théâtre qui dépend complètement, aussi, d'événements exogènes. Je vais prendre un exemple : on accueillait André Minvielle, pendant les nuits de Fourvière, quand il y a eu les émeutes en centre ville, et bien, dans la période qui a suivi, pendant trois semaines, plus personne venait dans centre ville. On a une grève, enfin je parle même pas du Covid. Mais on est tellement dépendant des événements que, à chaque moment, on joue à la roulette russe et on a la possibilité de tomber du cheval et voilà on peut plus, j'allais dire tenir dans le temps de cette manière.

Que demandez-vous aux collectivités ?

D'abord, on demande aux collectivités, j'allais dire, de pouvoir imaginer avec nous des partenariats intelligents, qui nous sécurisent. On demande pas à tout prix un soutien qui ferait de nous une sorte de théâtre public ou autre, mais je pense que ce projet qui s'inscrit effectivement sur le territoire qui génère énormément d'emplois - plus de 3000 cachets pour des artistes vivants sur le territoire chaque année -, des spectacles en tournée qui font rayonner le territoire et puis 60 000 personnes qui viennent dans le quartier le soir - je peux vous dire que nos voisins, par exemple, sont très heureux

Ca n'a pas été une zone de non droit mais mais il y avait personne pendant longtemps...

Bien sûr.... tous nos amis restaurateurs autour se félicitent de notre travail. On est tous ensemble sur le territoire et, aujourd'hui, on a besoin de sécurité, on a besoin que la collectivité puisse échanger avec nous pour sécuriser notre projet, pour faire en sorte que, chaque année, on n'ait pas le sentiment qu'on va passer à la trappe. On est dans un lieu culturel patrimonial ouvert depuis 1907

D'autant que vous êtes partenaire de Quais du Polar, de la Fête des Lumières de Lyon BD...

On est partenaire de tous les événements que soutient la collectivité. On est partenaire, à titre gracieux, tous les ans, et aujourd'hui j'ai envie de faire savoir à n'importe laquelle des collectivités que finalement à peu de frais on peut faire perdurer ce projet et éviter qu'un jour ou l'autre les partenaires avec lesquels je porte ce projet depuis le début soient les seuls à assumer le risque et la menace qui pèse. Le jour où nos partenaires, ou moi même, décideront, voilà, peut-être de voguer vers d'autres horizons, le risque est que le théâtre ferme et soit remplacé par un commerce voilà

Et donc qu'elles sont les réponses aujourd'hui des différentes collectivités ?

Aujourd'hui, c'est compliqué parce qu'on a cette image d'être un théâtre privé. On serait simplement un théâtre de divertissement qui fait son business et qui gagne de l'argent. Nous on fait un projet d'intérêt général. On a eu beaucoup d'échanges avec la Ville de Lyon qui se sont un peu arrêtés, là récemment, au mois d'août, sans qu'on comprenne réellement pourquoi. Mais n'importe laquelle des collectivités aujourd'hui peut rentrer avec nous dans un partenariat intelligent et permettre à ce lieu de perdurer au-delà du projet que j'incarne moi-même aujourd'hui depuis huit ans.

Ce sera le mot de la fin. Merci Julien Poncet.

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