Imogene

Sorties ciné : l’été sera drôle, Imogène !

L’hiver connaît ses contes de Noël, l’automne ses tragédies et l’été charrie son traditionnel lot de comédies, saison propice à s’en payer une bonne tranche. Pas trop épaisse, la tranche…

Marilou Berry dans Les Reines du ring © Warner Bros. France

French deconnection

On ne peut pas dire que le cinéma français mette la barre très haut en matière de comédies estivales. Les Reines du ring de Jean-Marc Rudnicki, qui passe au grand écran après plusieurs années au service du petit, ennuie profondément avec son histoire de caissières de supermarché catcheuses du Pas-de-Calais avec Marilou Berry et Nathalie Baye. Bardé de bons sentiments et de clichés, le film frise le ridicule avec l’arrivée aérienne de Baye sur le ring, déguisée en Wonder Woman. Idem pour Noémie Lvovsky, à qui l’on doit Camille redouble, succès public et critique 2011, mais dont on se demande ce qu’elle est bien venue faire dans Chez nous, c’est trois ! de Claude Duty, faussement naïf, pas drôle et pas spécialement bien joué. Pis, Les Reines du ring et Chez nous, c’est trois ! ressemblent à s’y méprendre à des téléfilms. On ne sait si cela tient à la lumière, à la faiblesse des scénarios, aux personnages caricaturaux faussement rebelles ou aux dialogues téléphonés, ou tout cela à la fois.

C’est finalement l’adaptation par Nicolas Charlet et Bruno Lavaine d’un succès de comédie canadienne (Les 3 P’tits Cochons de Patrick Huard, sorti en 2007), Le Grand Méchant Loup donc et sa tripotée de comédiens (Poelvoorde, Merad, Testot…) dont le cinéma français ne sait plus se passer – parfois à tort – qui, avec des dialogues ciselés et une réalisation assez soignée, relève un petit peu le niveau d’un registre comique français en totale panne d’inspiration. Mais comment s’étonner de la faible qualité de certains scénarios quand on apprend qu’en France à peine plus de 3 % du budget total d’un film est consacré à l’écriture, et un peu moins de 1 % en moyenne au scénariste seul* ?

Sauvés par Imogene ?

Kristen Wiig et Annette Bening dans Imogene © Eurozoom

Oublions le super-tendance super-produit super… creux Dans la tête de Charles Swan III de Roman Coppola, malgré la présence d’un Charlie Sheen touchant en plein chagrin d’amour, le réconfort comique viendra peut-être des États-Unis. D’abord avec Imogene, dont le rôle-titre est tenu par la géniale Kristen Wiig. Mes meilleures amies (2011) avait propulsé la prodige du Saturday Night Live au panthéon des femmes comiques au cinéma. Imogene développe d’ailleurs une idée de Mes meilleures amies, en suivant le retour au bercail d’Imogene, auteure new-yorkaise sans succès en pleine dépression, dans son New Jersey natal, chez sa mère déjantée (Annette Bening). On espère qu’Imogene n’aura pas un goût de déjà vu avec ce nouveau personnage de trentenaire looseuse.

* Source : Guilde française des scénaristes.

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Sandra Bullock et Melissa McCarthy dans Les Flingueuses © 20th Century Fox

Dans la longue liste des duos que tout oppose, Les Flingueuses associera Melissa McCarthy – également à l’affiche de Mes meilleures amies (encore elles) – et Sandra Bullock. Sorte d’Arme fatale au féminin, le teaser annonce la couleur d’un film d’action en dessous de la ceinture. Aux commandes de ce girly movie, Paul Feig (réalisateur de Mes meilleures amies, décidément). On peut s’attendre à des répliques cultes et à des situations cocasses entre la badass McCarthy et la proprette agent du FBI Bullock. Le scénario est loin d’être des plus originaux, mais la présence de Melissa McCarthy, nouvelle coqueluche comique de Hollywood, suffit à espérer un bon moment de comédie.

Il faudra également regarder de l’autre côté de la Manche Le Dernier Pub avant la fin du monde d’Edgar Wright, réalisateur du déjanté film de zombies Shaun of the dead (2004). Son Dernier Pub démarre sur un scénario classique – cinq amis d’enfance se retrouvent dans leur fief natal pour finir une tournée des bars laissée inachevée vingt ans plus tôt – et tourne au film d’action/SF avec des habitants transformés en robots, le tout arrosé de malt 100 % british.

Le meilleur n’attend pas la couleur

Hasard ou coïncidence, les deux comédies les plus drôles de cet été pourraient bien être des films en noir et blanc. Le premier, Jour de fête de Jacques Tati, parce qu’il a été réalisé en 1949 (et encore, si Thomson n’avait pas planté Tati en ne parvenant pas à exploiter le système couleur qu’il avait proposé au réalisateur à l’époque, Jour de fête aurait été le premier film en couleur français). Ce premier long-métrage d’un des plus grands réalisateurs français n’a pas pris une ride, au contraire ; il vient même de s’offrir un petit coup de jeune avec une restauration complète qui lui vaut cette ressortie en salles.

La confrontation de l’homme et du progrès, qui trouvera son paroxysme dans Mon oncle, est déjà au cœur de Jour de fête. François, le facteur à moustache et à l’accent berrichon, tente, à son échelle villageoise, de dépasser les Américains en matière de distribution de courrier. C’est sans compter avec les obstacles qui se dresseront sur son chemin. Si Jour de fête inscrit Tati dans la tradition du burlesque à la Chaplin ou Keaton, il montre des partis pris totalement innovants, tel le soin apporté à la bande-son, élément comique à part entière, et un burlesque qui se passe de cascades pour s’ancrer davantage dans la réalité quotidienne.

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Greta Gerwig dans Frances Ha © RT Features

L’autre noir et blanc de l’été, Frances Ha, succès critique et public de Noah Baumbach depuis sa sortie, est une comédie fraîche et originale – avec quelques pointes tragiques qui ne durent pas – portée par une Greta Gerwig (qui a aussi coécrit le scénario), nouvelle égérie du cinéma indépendant, superbe d’excentricité. La jeune fille de 27 ans qu’elle interprète, Frances, évolue dans un univers plus ou moins artistique où elle peine à trouver sa place, décalage accentué par l’utilisation du noir et blanc. Greta Gerwig est un corps comique à part entière, dont on suit les turpitudes avec bonheur, grande dégingandée, pas vraiment danseuse, pas vraiment lesbienne, à la fois molle et loufoque. Malgré une réalisation peut-être un peu trop sobre, le film emporte par l’énergie et l’humour qui s’en dégagent, sa ribambelle de personnages extrêmement attachants et la subtilité de ses dialogues.

La rentrée sera déjantée

Voir Isabelle Huppert dans une comédie est suffisamment rare pour être attendu au tournant. Dans Tip Top de Serge Bozon, l’actrice incarnera une inspectrice de la police des polices un brin flippante, associée à une autre inspectrice, jouée par Sandrine Kiberlain. Le duo névrotique qu’elles formeront, aux pratiques privées plutôt douteuses, se verra complété par François Damiens, dans un film décalé et déjanté.

La “famille” Miller © Warner Bros Entertainment

Tout aussi déjanté, Les Miller, une famille en herbe, de Rawson Marshall Thurber, suit le périple de David Burke, un petit dealer forcé de passer à la vitesse supérieure – sans en avoir l’étoffe – et de se rendre au Mexique pour rapporter une importante quantité de drogue à son fournisseur. Pour ne pas éveiller les soupçons, sa couverture est imparable : voyager en camping-car et en famille. Sauf que la famille est construite de toutes pièces, avec une strip-teaseuse, un ado qui aimerait tester la came et une jeune fille au caractère bien trempé couverte de tatouages et de piercings. Évidemment, le road-trip va mal tourner. En espérant que le politiquement incorrect annoncé ne finira pas en fumée…

Dates de sortie, durées, castings --> page 4

Toutes les comédies de l’été (par date de sortie)

3 juillet

Frances Ha, de Noah Baumbach, 2013, 1h26, noir et blanc. Avec Greta Gerwig, Mickey Summer, Michael Esper et Adam Driver.

Les Reines du ring, de Jean-Marc Rudnicki, 2013, 1h37, couleur. Avec Marilou Berry, Nathalie Baye et André Dussollier.

10 juillet

Le Grand Méchant Loup, de Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, 2013, 1h47, couleur. Avec Benoît Poelvoorde, Kad Merad, Fred Testot et Valérie Donzelli.

17 juillet

Chez nous, c’est trois ! de Claude Duty, 2013, 1h28, couleur. Avec Noémie Lvovsky, Marie Kremer et Stéphane de Groodt.

24 juillet

Jour de fête de et avec Jacques Tati, 1949-2013, 1h16, noir et blanc.

Dans la tête de Charles Swan III, de Roman Coppola, 2013, 1h26, couleur. Avec Charlie Sheen, Patricia Arquette, Jason Schwartzman et Bill Murray.

7 août

Imogene, de S. Springer Berman et Robert Pulcini, 2013, 1h43, couleur. Avec Kristen Wiig, Annette Bening, Darren Criss et Matt Dillon.

21 août

Les Flingueuses, de Paul Feig, 2013, 1h57, couleur. Avec Sandra Bullock, Melissa McCarthy, Demian Bichir, Marlon Wayans et Michael Rapaport.

28 août

Le Dernier Pub avant la fin du monde, d’Edgar Wright, 2013, 1h49, couleur. Avec Simon Pegg, Nick Frost et Rosamund Pike.

11 septembre

Tip Top, de Serge Bozon, 2013, 1h46, couleur. Avec Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain et François Damiens.

18 septembre

Les Miller, une famille en herbe, de Rawson Marshall Thurber, 2013, 1h50, couleur. Avec Jennifer Aniston, Jason Sudeikis et Emma Roberts.

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