Lyon : les jeunes de l’ITEP du 7e à l’école de la danse et du théâtre

Chaque vendredi, des adolescents scolarisés à l’Itep Maria-Dubost participent à des ateliers de hip-hop et de théâtre dispensés par des artistes du collectif lyonnais La Piraterie. Une collaboration originale qui montre ce que l’art peut apporter à l’éducation. Reportage.

Des adolescents qui s’insultent, se battent, sous le regard amusé de leur enseignante et de leur éducatrice. La scène pourrait choquer si tout cela n’était pas "pour de faux". Mathéo, Lucas, Ben Aziz, Yoann et Alexandre jouent une pièce de leur invention, mêlant théâtre et danse hip-hop. Comme chaque vendredi, ils ont quitté les locaux de l’institut thérapeutique, éducatif et pédagogique Maria-Dubost, à Gerland, qui accueille des enfants, adolescents et jeunes adultes présentant des troubles du comportement, pour se rendre à la MJC Laënnec-Mermoz. Là, ils retrouvent deux membres de La Piraterie, ce collectif d’artistes engagés auprès des enfants défavorisés, pour des ateliers théâtre ou danse hip-hop.

Cela fait trois ans que l’Itep Maria-Dubost et La Piraterie collaborent. À l’origine, une rencontre, entre la danseuse professionnelle Marlène Gobber, cofondatrice du collectif, et Élodie Perraudin, enseignante à l’Itep. Déjà engagée auprès d’enfants demandeurs d’asile, Marlène Gobber est convaincue que la danse et le théâtre peuvent apporter beaucoup à l’éducation de ces jeunes aux troubles comportementaux : "Je crois que le hip-hop peut être une autre école, qui transmet des valeurs de respect et de détermination pour s’en sortir dans la vie."

Apprendre la rigueur avec le hip-hop

Pari réussi. Car, si les adolescents ne font pas miraculeusement preuve d’un comportement exemplaire, on les surprend à se prendre au jeu, dévoilant leur créativité et leur sens de l’humour mordant. "Je suis très exigeante avec eux. À travers la danse, je parviens à leur imposer de la discipline et de la rigueur, sans même qu’ils s’en rendent compte", explique Marlène Gobber. Le hip-hop et le théâtre sont un moyen de se défouler et de s’exprimer, pour des adolescents à la tête souvent remplie de soucis. Travaillant sur le rapport au corps, ils les aident à développer une plus grande confiance en eux.

Dans le scénario inventé par les jeunes, Élodie Perraudin joue le rôle d’une policière. Prenant une grosse voix et un accent du Sud, elle fait mine de passer un savon à des dealers, incarnés par ses élèves. Rires complices garantis. Une relation tout à fait différente que celle qui s’établit dans les salles de classe. "Sortir de l’Itep nous permet de créer un autre lien. En dansant et en jouant avec eux, on devient plus humains à leurs yeux. Cela déconstruit un rapport d’autorité pure", explique l’enseignante. Pour elle, ces ateliers sont une réussite. Ils permettent de développer les relations des élèves avec leurs enseignants et éducateurs, mais aussi d’identifier des capacités qu’ils n’auraient pas montrées en classe. Quant à Mathéo, Lucas, Ben Aziz, Yoann et Alexandre, difficile de connaître leurs sentiments. Pourtant, malgré le caractère facultatif de l’atelier, ils reviennent, pas toujours mais souvent.

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