Ton Koopman chef

Concert : un Mozart baroque et moderne à l’Auditorium

L’Auditorium de Lyon nous propose cette semaine le fameux Requiem de Mozart – sur instruments modernes, mais dirigé par Ton Koopman, un chef baroque. Petit rappel historique pour comprendre sur quoi repose ce compromis.

Le chef d’orchestre Ton Koopman © DR

Ton Koopman.

Mozart meurt à l’avant-garde

Nous sommes en 1791. Wolfgang Amadeus Mozart, alors âgé de 35 ans, tente d’achever sa dernière commande depuis son lit de mort. Sa santé empirant de jour en jour, il s’éteint le 5 décembre en laissant une partition incomplète. L’œuvre, commandée par un comité d’anonymes agissant pour le comte Franz de Walsegg, est un requiem, une messe funèbre. La moitié de la rétribution jointe à la commande est une aubaine pour le couple Mozart, alors dans le besoin.

Au décès de son mari, son épouse Constance, qui n’est pas en mesure de rembourser l’avance, demande à Eybler, puis à Franz Xaver Süssmayr (deux proches assistants de son mari) d’en achever la composition. Un exercice dont Süssmayr se tirera avec les honneurs, a fortiori quand le manuscrit du défunt Mozart n’indique que les parties vocales et seulement jusqu’au Lacrimosa (quelques notes d’instrumentation apparaissent également).

Et quels honneurs ! L’œuvre posthume est sans doute la plus populaire du compositeur le plus populaire de tous les temps. C’est que ce Requiem avance de sérieux arguments… Outre sa genèse pavée de mystères, l’œuvre brille autant par sa beauté et son originalité que par son intemporalité. À la fois ancrée dans le passé baroque et le contrepoint de J.-S. Bach, elle affiche une modernité à plus d’un titre. La variété des styles employés au long de la douzaine de mouvements qui la composent en fait à la fois une synthèse et une œuvre d’avant-garde. De même, l’instrumentation singulière, délaissant les habituels hautbois, flûtes et cors d’harmonie pour leur préférer une alliance alors inédite – cors de basset (clarinettes ténor), bassons, trombones et trompettes – lui confère une couleur atypique, grave et veloutée. Du fait de l’effectif réduit de l’orchestre à cordes, les vents se taillent la part du lion. Du râle des trompettes au murmure des clarinettes graves et bassons, les contrastes sont décuplés et Mozart tranche avec l’académisme de mise dans le domaine des œuvres sacrées.

Comment jouer Mozart ? La réponse de Koopman

Qui dit XVIIIe siècle dit débat quant à l’approche à adopter. Instruments d’époque ? Instruments modernes ? L’Auditorium opte ici pour le compromis : l’ONL (sur instruments modernes, donc) sera dirigé par un chef baroque, qui n’est autre que le résident cette année – préposé au répertoire dit “classique” (Mozart et Haydn) –, Ton Koopman. Il faut dire que sa version du Requiem, enregistrée en 1990 avec son orchestre baroque, est l’une des toutes meilleures qu’il nous ait été donné d’entendre, ce qui augure le meilleur, et ce malgré un chœur et un orchestre non spécialistes des répertoires précoces. On espère donc que le chef néerlandais, dont c’est le sixième concert cette saison à la tête de l’ONL (sans compter les répétitions), aura su familiariser les musiciens de l’orchestre avec les techniques et les coups d’archet ad hoc dans ces répertoires… Car c’est bien l’enjeu des grands orchestres aujourd’hui : continuer à jouer Mozart malgré la concurrence loyale des orchestres spécialisés. À l’opéra de Lyon, on va même jusqu’à investir dans une panoplie d’instruments “historiques” et à enjoindre aux musiciens de se familiariser avec leur pratique. On se doute que ceux qui adhèrent à ces pratiques depuis de nombreuses années – et ont par conséquent mâché le travail pour les autres – se voient ainsi illégitimement déposséder de leur singularité, mais il faut avouer que les choses vont dans le bon sens.

La soprano Sylvia Schwartz © DR

Sylvia Schwartz.

Mozart / Requiem – Ton Koopman et l’ONL, avec la soprano Sylvia Schwartz

Jeudi 1er juin à 20h et samedi 3 à 18h, à l’Auditorium de Lyon.

Pour les plus jeunes : musique et cirque avec le chef

Profitant de sa venue à l’occasion du grand Requiem, Ton Koopman sera également sur la scène de la petite salle de l’Auditorium le samedi matin, le temps d’un spectacle jeune public (à partir de 5 ans). Aux côtés de sa fille Marieke, mime, et du danseur Jonas Furrer, le chef se produira à l’orgue positif dans un spectacle mêlant musique, danse et arts du cirque. Un rendez-vous qu’on espère à la fois drôle et poétique et qui permettra aux plus jeunes de goûter à l’enthousiasme débordant du chef néerlandais, ici organiste.

Visuel concert junior Auditorium © DR

© Auditorium de Lyon

Cæcilia – Samedi 3 juin à 10h, dans la petite salle de l’Auditorium.

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