Vive la mondialisation !

Entretien avec un économiste optimiste.

Lyon Capitale : Enfin un livre d'économie optimiste, qui ne diabolise pas la mondialisation !
Pierre Dockès : Je crois que mon livre a été choisi par les internautes et le Sénat à cause de ce message optimiste et volontaire. Il tranche avec les discours dominants qui tendent à faire de la mondialisation un épouvantail ou visent à terroriser les gens. C'est le cas des anti ou alter-mondialistes, mais aussi du patronat ou de la droite libérale qui prédisent que la mondialisation sera une catastrophe si on n'abaisse pas charges et salaires et si l'on ne fait pas sauter notre système social. C'est faux ! On peut conserver et améliorer notre modèle social sans nuire à notre économie, au contraire !

Comment ?
Ce n'est pas en faisant du dumping social ou fiscal qu'on sera compétitifs, mais en mettant en place une politique européenne concertée en faveur du pouvoir d'achat, du travail qualifié et des connaissances. Car c'est en cultivant nos différences qu'on sera compétitifs, selon un principe tout simple : plus on est différents, plus l'échange est bénéfique pour chacun. Il faut donc proposer des biens, des services et des équipements pour lesquels on a des avantages comparatifs : l'innovation, la qualité, la sophistication, là sont nos vraies forces ! D'ailleurs, Sarkozy, lors de son voyage en Chine, n'a pas vendu des cotonnades bon marché, mais des airbus, des centrales nucléaires, des centraux téléphoniques...

Le niveau global de connaissance, de culture et de technicité de tous les français est extrêmement élevé par rapport au reste du monde ; il faut utiliser cette force, l'amplifier.

Vous parlez de pouvoir d'achat, que pensez-vous de la récente allocution sur ce sujet du président Sarkozy ?
Il y a deux ou trois choses intéressantes, qui ne sont pas nouvelles. Mais on est désormais dans une situation très contrainte au niveau des finances publiques. Quoi qu'il en dise, parce que Nicolas Sarkozy est mal parti en faisant au départ des cadeaux aux plus riches, sur la succession et la fiscalité. Il a d'autre part perdu des capacités de financement, et donc des moyens d'agir, avec la détaxation des heures supplémentaires dont les conséquences sur le pouvoir d'achat seront faibles. Il s'est ainsi lui-même coincé. Ses propositions ne sont pas inintéressantes, mais un peu "cheap" !

Pierre Dockès, L'enfer, ce n'est pas les autres, éditions Descartes et cie. Lauréat du prix d'économie du Sénat.

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