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Le collège Alphonse de Lamartine.

Ville perméable : le projet ambitieux de la Métropole de Lyon

Désimperméabiliser 400 hectares d'ici 2026 dans les espaces publics et privés : la Métropole de Lyon budgétise 18 millions d'euros.

Grand cauchemar des citadins, la canicule fait son grand retour dans les préoccupations majeures de l’été.  Il est souvent compliqué de rafraîchir les rues en période estivale, et les sols imperméables n’y sont pas pour rien. La chaleur restituée par les sols de la ville au cours des longues journées d’été ne redescend en effet que très peu et très lentement, ce qui créé de véritables îlots de chaleur.

En milieu urbain, seulement 5% de l’eau pluviale s’infiltre dans les sols contre 25% en milieu naturel. En désimperméabilisant les revêtements, la Métropole de Lyon souhaite inverser la tendance en permettant de maintenir l’humidité des sols.

+ 0,2° à +2°C en Auvergne-Rhône-Alpes

La stratégie de la Métropole interpelle d’autant plus que dans son rapport de février dernier, le  GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) annonce une accentuation catastrophique des périodes caniculaires. La région Auvergne-Rhône-Alpes, directement impactée, risque ainsi de voir ses températures augmenter de 0,5 à 2°C par rapport aux années 2000. 

Ville de Lyon
Centre-ville de Lyon

"Lorsque j’étais petit, je demandais souvent à mon grand- père pourquoi les chemins n’étaient pas droits, pourquoi les arbres ne poussaient pas tous de la même manière et, il me répondait que c’était nos anciens qui avaient tout simplement laissé la nature faire. Malheureusement, pendant de nombreuses années, les hommes n’ont plus écouté cette nature et se sont mis à bétonner à outrance."  En partageant cette anecdote, Julien Perroudon, sous-préfet chargé de mission auprès du préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, rappelle que jusqu’au 20e siècle, l’objectif premier des villes était d’évacuer le plus rapidement et le plus loin possible les eaux usées. Lyon profitait donc de sols imperméables, résistants à toute infiltration. Mais, ce système n’était pas sans défaut. De nombreux problèmes ont ainsi résulté de cette pratique : inondations, pollutions aquatiques, assèchement des nappes phréatiques...

 "85% de nos réseaux sont unitaires" explique la vice-présidente de la Métropole. Dit autrement,  les eaux pluviales rejoignent les eaux usées et ne bénéficient pas aux sols. Ainsi, en cas de fortes pluies, le mélange d’eaux est directement déversé dans les rivières, les ruisseaux, etc., ce qui accentue considérablement la pollution aquatique. En désimperméabilisant les sols, une plus grande quantité d’eau pluviale pénétrera la terre, avec pour effet de limiter les déversements de polluants et diminuera également les risques d’inondations.

L’Agence de l’eau, aidant à financer le projet à hauteur de 6 millions d’euros, insiste sur la volonté de "rétablir le cycle de l’eau que l’homme a interrompu". Bruno Bernard, président (EELV) de la Métropole de Lyon, ajoute, quant à lui, qu'avec ce projet "l’eau va de nouveau pouvoir nourrir les nappes phréatiques", indispensables à la fourniture en l’eau potable, à l’irrigation des cultures ou encore à l’alimentation  des cours d’eau. En détruisant l’enrobé imperméable, la végétation peut également plus facilement reprendre sa place ce qui permet un développement conséquent des espaces naturels (même en pleine ville). 

18 millions d'euros budgétés

Depuis 2015, conscient des bénéfices que ces modifications pourraient apporter, la Métropole de Lyon s'est donc engagée dans le projet "Ville perméable". La stratégie de désimpermabilisation de la Métropole de Lyon a été renforcée lors du conseil métropolitain du 14 mars dernier. Un budget de plus de 18 millions d’euros a été bloqué par la Métropole pour financer la désimperméabilisation de 400 hectares à l'horizon 2026. Des actions ont d’ores et déjà été décidées, certaines même appliquées dans les espaces publics, les bâtiments ou encore les espaces privées tels que des zones commerciales.

C’est notamment dans les collèges que le projet a le plus concrètement pris racine. Une enveloppe d’ 1,5 million d’euros a été votée au conseil de la Métropole de mars 2021 dans le but de désimperméabiliser cinq structures du secondaire sur une période de trois ans. Sélectionnés notamment pour leur faible niveau de végétalisation, la forte imperméabilité de leurs sols ou encore leur raccordement à un réseau unitaire, les collèges vont voir leur cadre de vie changer.  Déjà conduite en 2021 dans deux établissements, Alphonse de Lamartine à Villeurbanne ainsi que Maria Casarès à Rillieux-la-Pape, l’opération concerne cette année trois autres collèges lyonnais.

élus de la ville de Lyon
Présentation du projet au collège Alphonse de Lamartine ©Sasha Bouquet

L’exemple du collège Alphonse de Lamartine à Villeurbanne

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Plan du collège Alphonse de Lamartine avant intervention

Mardi 17 mai, la rencontre organisée par la Métropole de Lyon au collège Alphonse de Lamartine a permis de faire le point sur le fonctionnement des installations et sur les usages concrets de celles-ci.

Construit dans les années 70, ce collège présentait des extérieurs fortement minéralisés. Actuellement, grâce aux opérations de désimperméabilisation et de végétalisation, on retrouve au sein de l’établissement une plantation de 30 arbres, plus de 1100 vivaces ainsi que 3 300 m2 de surface imperméabilisé. Ces changements permettent de créer "un environnement

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Plan du collège Alphonse de Lamartine après intervention

bien plus paisible, autant pour la nature que pour les élèves", se réjouit  le proviseur du collège. Conscient qu'il est important de prendre en compte les enjeux climatiques mais également de sensibiliser les élèves, c'est d'autres projets de la sorte qui sont en réflexion. Et, c'est la potentielle installation de panneaux solaires sur les toits de 11 établissements qui est actuellement en discussion, la Métropole lançant un appel à manifester un intérêt pour débuter le projet.

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