Un après-midi avec les métalleux

Non, ce ne sont pas des tecktoniks, ni des breakers, mais des 'métalleux'. Un brin décalés, cheveux longs, crête décolorée, bracelets à piques, tee-shirts noirs à l'effigie des groupes qu'ils écoutent, ces adolescents se réunissent pour discuter, échanger, fumer des clopes, faire de temps à autre un pogo (danse qui consiste à se jeter sur son voisin sur de la musique énervée) à l'aide de leur mobile.

Une manière comme une autre de tuer le temps. Et en cette période estivale, chaque après-midi, c'est le même rituel : 'on se donne rendez-vous sur Internet. Aujourd'hui il pleut alors c'est les Terreaux, mais autrement on se réunit plutôt dans le vieux Lyon, à Saint Georges par exemple. Parfois le groupe peut atteindre 150 personnes' explique Didier, 17 ans.

Tous, sont encore lycéens à deux longueurs de la majorité. La musique constitue pour eux le moyen de former une meute, une famille. Loupy de son surnom, défend coeur à l'ouvrage leur hobby : 'on écoute des groupes du genre Slipknot, System of the Down... Ou des trucs un peu plus dark comme Chimaira, Balcoom, Nargaroth. On s'identifie à fond aux paroles et aux membres des groupes qui racontent ce que l'on vit au quotidien'.

Entre autres points communs, ces adolescents doivent faire face à des problèmes familiaux : divorces, familles recomposées, pères absents... Loin du cliché du jeune déambulant au hasard dans les rues lyonnaises, le regard sombre à l'image de son tee-shirts et l'oeil malheureux, Corantin confie qu'ils sont 'comme les autres'. 'On rit, on fait la fête', ajoute-t-il. 'On se réunit le plus souvent possible simplement pour partager des choses que l'on a en commun. Cela nous permet d'évacuer un peu la pression que l'on peut rencontrer chez nous'.

Une oreille attentive, Dark Angel, s'immisce dans la discussion : ' ma mère m'a envoyé à l'hôpital Vinatier parce que j'avais fait une tentative de suicide. Sans mes potes et la musique je ne m'en serais pas sorti'. Volontiers plus gothique que satanique, Maxime un autre larron qui aimerait devenir ingénieur, explique que ' cet univers d'apparence sombre est un moyen de pallier notre mal-être'.

La crête toujours d'aplomb, une jeune fille lâche entre deux averses, la malice au coin de la bouche : 'ah oui, un autre signe distinctif : on est tous bisexuel'. Provocation ou simple effet d'annonce, la ribambelle se grossit au fil des heures, la fumée de cigarette tournoie au-dessus des têtes, il pleut toujours et les 'métalleux' ne se sont pas encore fait virer, ni par la police, ni par d'autres groupes...

Florian Fayolle

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