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Bureau de travail crédit : Alex Kotliarskyi – Unsplash

Travailler, la fin d’une contrainte : rencontre avec Céline Jusot coach en bilan de compétences

Et si les vacances étaient le moment pour repenser son travail, et prendre un peu de recul ? Lyon Capitale a rencontré la Lyonnaise Céline Jusot, coach en bilan de compétence et autrice de Dessine-moi un travail.

portrait Céline Jusot
Céline Jusot

Qu’est-ce que le travail ? Et si c’était autre chose que notre simple gagne-pain ? Et si ça devait être autre chose que notre simple gagne-pain ? Pour la Lyonnaise Céline Jusot, le travail est beaucoup plus que cela : "Travailler c’est transformer le monde avec ses talents. Il y a donc une place pour chacun d’autre nous. C’est la question du sens. Il existe une espèce de vocation personnelle et c’est super parce que si chacun fait ce qu’il sait faire, le monde ira bien, tout simplement."


"Globalement, j’aime bien l’idée que j’aide les gens à retrouver de l’envie, de la motivation et de l’élan au travail."


C’est grâce à son métier que Céline Jusot réoriente ses clients dans ce sens. "Les bilans de compétences sont des moments où les gens, à un moment donné de leur carrière, sentent qu’ils ne sont plus bien et n’ont pas forcément la vision de ce qu’ils veulent faire après. Cela peut arriver à tous les moments de transition de la vie professionnelle. Mon job c’est de donner un cadre pour réfléchir différemment, en regardant les choses sous un autre angle et en étant un peu créatif." Depuis dix ans, Céline Jusot exerce son métier. Le mot « "coach", selon elle, est assez vide de sens, puisque "globalement, j’aime bien l’idée d'aider les gens à retrouver de l’envie, de la motivation et de l’élan au travail." Elle a construit sa méthode de travail et ses activités avec le temps.

Trouver sa vocation est belle et bien possible

"Ma conviction c’est que nous avons tous une vocation, à tout le moins un terrain privilégié." Dans son livre, Céline Jusot parle du concept de l’Ikigaï, qui signifie « "raison d’être" en japonais. Trouver et exercer son métier serait donc la clef pour trouver son équilibre. Cela semble idéal, voire utopique ? C’est normal, selon notre coach . "Beaucoup ignorent leur vocation. Cela demande de s’arrêter, de réfléchir, et de dessiner son travail. C'est-à-dire de faire le point, d'accepter aussi l’idée que nous avons chacun un intérêt. Nous ne sommes pas obligés de nous forcer, ce qui n'est pas forcément ce que on nous a appris. Beaucoup de gens arrivent dans mon bureau et me disent qu’ils veulent être utile. C’est intéressant, mais je leur demande alors de me citer un métier qui n’est pas utile."

Le travail comme œuvre d’art et le travailleur comme artiste

Fini l’image de Chaplin dans "Les temps modernes" : "je crois qu’aujourd’hui le travail a changé. On a, pendant des années, fait de la production de masse, avec des objets standardisés. Les organisations étaient prévues pour ça. Aujourd’hui, le monde du travail demande d'être plus créatif, il est plus intellectuel. Cela veut dire que probablement, on n'est plus en mesure de faire 90% de son temps de la production puisque le cerveau ne peut pas produire 90% du temps. Le marché bouge à vitesse grand V, on est donc toujours en train de réinventer une nouvelle manière de faire les choses. Cela demande de la créativité."


"Je crois qu’aujourd’hui le travail a changé ! [...] Le monde du travail demande d'être plus créatif, il est plus intellectuel."


S’il y a bien un mot qui peut résumer la méthode de Cécile Jusot, c’est l’art. C’est de là qu’est venue l’idée de son livre "Dessine-moi un travail". Pour la coach, dans tous les métiers, les salariés sont en réalité de véritables artistes. "Ce qui est unanimement partagé, quel que soit le métier, c’est l’envie de bien faire son travail, du mieux possible, le fait de vouloir faire une belle œuvre. Je ne vois pas aujourd’hui quel métier ne demande pas d’inventer des solutions. La créativité, ce n’est pas forcément être Picasso, mais c’est d’être capable d’inventer. Ma conviction c’est qu’on a tous un potentiel créatif, que notre éducation a parfois bridé."

Céline Jusot déplore le manque d’utilisation de cette fibre artistique chez les salariés. "Je pense que ce qui est difficile est nouveau pour les gens. Il y a cette espèce de peur de ne pas avoir de cadre. Et c’est là qu’on devient artiste ! S’il n’y a pas de cadre, je peux le créer, l’inventer, faire évoluer les choses, et faire des propositions à mon manager." L’essor du freelance prend son origine dans ce rejet du conformiste au travail et l’envie de créer son cadre.


"La créativité ce n’est pas forcément être Picasso, mais c’est d’être capable d’inventer. Ma conviction c’est qu’on a tous un potentiel créatif, que souvent notre éducation a bridé."


Avoir un chef et une hiérarchie ne sont pas forcément une mauvaise chose : "Bien sûr, si notre employeur nous rémunère, on doit faire ce qu’il nous demande. Mais ça ne doit pas nous empêcher de négocier, de proposer et de co-construire. Parce que finalement, quand je fais ce que je fais de mieux, il y a un double bénéfice [pour soi-même mais également pour l’entreprise]."

Tout se joue dans le collectif

Le collectif et la construction d’un projet à plusieurs peuvent être vus comme le deuxième pilier de la méthode de Cécile Jusot. "Aujourd’hui, je ne crois pas beaucoup dans l’efficacité de la compétition. Je pense qu’elle bride la créativité. Je crois plus en la collaboration, la co-construction et l’acceptation de la capacité à se dire qu'on ne sait pas tout faire." Pour un entretien d’embauche, notre experte ne conseille pas de répondre aux attentes du patron, mais plutôt d’exposer son projet, puis d’expliquer comment le mettre en œuvre avec son patron. La différence ne semble pas grande, et pourtant c’est là que réside la clef du succès.


"Je crois en la collaboration, la co-construction et l’acceptation de la capacité à se dire qu'on ne sait pas tout faire."


Dans "Dessine-moi un travail", la dernière partie du livre traite du travail collectif. "Pour moi, c’est vraiment l’enjeu et la clef. C’est à la fois comment chaque personne va pouvoir faire le job et être capable de formaliser : "voilà moi ce que j’ai vraiment envie de faire, au service de quoi et avec quel talent". Nous avons toujours des partenaires, des homologues, des pères. C’est une histoire d’état d’esprit."

Les ressources naturelles ne touchent pas seulement la planète

Céline Jusot avoue avoir été fortement inspirée par la phrase : "On ne peut donner que ce dont on est rempli". L’experte compare les ressources naturelles de la planète avec celles que chaque personne détient : "C’est marrant parce que toutes ces histoires de ressources naturelles paraissent être une évidence pour la planète mais pas pour nous. Pourtant, je pense qu’on doit préserver nos ressources naturelles. Et c’est essentiel."

Les entreprises doivent commencer à réfléchir pour que les salariés puissent allier temps de travail et temps personnel sans que les deux interfèrent. De plus en plus de PME essaient la semaine de quatre jours. Cette requête a toujours été demandée par les salariés et les syndicats, mais c’est seulement depuis le Covid que les patrons sautent le pas. "Je trouve cette initiative intéressante. Il faut se demander comment on va se donner des moments de ressourcement. La question du temps est celle qui a déclenché la vague de questionnement du Covid."

Le covid comme révélateur

Dessine-moi un travail couverture livre
Dessine-moi un travail couverture livre

En effet, comme beaucoup d’experts dans l’accompagnement et le coaching, Céline Jusot a vu un avant/après important avec le covid et le confinement. "J’ai toujours cette image des gens, comme des hamsters dans une roue qui, d’un coup, s’est arrêtée, qui se retournent, et se disent : 'tiens mais en fait à quoi ça sert tout ça ? Et pourquoi je cours autant ? Est-ce que ça me convient ? Il y a eu un re-questionnement !'"

Pour la coach, cette période a été particulièrement bénéfique pour les personnes sur le plan professionnel. Ce re-questionnement a amené la plupart de ses clients a demandé son aide. "Les gens doivent retrouver d'être force de proposition. C’est ce qui m’intéresse."

Le confinement a également été bénéfique pour Céline Jusot, ce temps lui ayant permis d’écrire son livre. "C’était comme un copain que j’avais à côté de moi pendant le confinement et de temps en temps j’allais lui parler. Je mettais mes réflexions de la journée et toutes les expériences que j’ai eu en dix ans. C’est un "best of" de ce qui m’aide vraiment dans mon activité, ce dont j’ai l’impression qui aide vraiment mes clients."

"Dessine-moi un travail" regroupe donc plusieurs activités pouvant être réalisées en autonomie. Céline Jusot ne donne aucune consigne de lecture, elle préfère laisser libre cours à l’imagination de ses lecteurs afin qu’ils réveillent l’artiste qui sommeille en eux.

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