Vue d’architecte de la future maison de la diversité à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse.

Pourquoi Lyon va construire une Maison de la diversité, la première en France

Le maire de Lyon Grégory Doucet a annoncé jeudi 29 septembre la création d'une Maison de la diversité dans le quartier de la Croix-Rousse. Cet immeuble logera une dizaine de seniors, principalement issus de la communauté LGBTI, en situation d'isolement. Explication.

François, 61 ans, habite à Lyon depuis une dizaine d'année. Ce sexagénaire homosexuel compte parmi les futurs locataires de la Maison de la diversité qui ouvrira dans le quartier de la Croix-Rousse à la fin de l'année 2024, comme l'a officialisé le maire Grégory Doucet jeudi 29 septembre.

Porté par l'association Les Audacieuces & les audacieux, ce projet vise à loger des seniors en situation d'isolement. Le public visé est des personnes de plus de 55 ans issues notamment de la communauté LGBTI (un sigle anglophone pour désigner les personnes homosexuelles, bisexuelles, transgenres ou intersexes), souvent en situation de rupture familiale et sans descendance, mais cette Maison de la diversité sera aussi ouverte à d'autres profils. "Je pense que nous serons vigilants à la diversité des habitants. Cela m'intéresse qu'il y ait aussi des personnes hétérosexuelles", témoigne François, qui participe à des groupes de travail pour imaginer au mieux ce futur habitat participatif et inclusif.

Ce projet repose sur un budget de trois millions d'euros qui sera financé par diverses subventions, ainsi que par des fonds propres apportés par l'entreprise sociale Croix-Rouge Habitat, maître d'oeuvre du projet. La création de la Maison de la diversité a été votée au Conseil municipal de Lyon le 20 septembre 2022 et au Conseil de la Métropole le 24 janvier 2022.

16 logements, dont un appartement étudiant

Une fois rénové, le bâtiment situé dans la rue Belfort disposera de 16 logements, dont un appartement étudiant et une chambre d'amis. Il y aura sept logements sociaux et neuf logements intermédiaires (loyers en moyenne 15% à 20% inférieurs à ceux du parc privé). Pour candidater à une place dans cet habitat participatif, les candidats doivent adhérer à l'association Les Audacieuses & les audacieux et participer à la réflexion autour du projet. "À Berlin, une maison du même modèle a 300 personnes sur liste d'attente pour 10 places", pointe Stéphane Sauvé, fondateur et délégué général de l'association. Pour la Maison de la diversité lyonnaise, une quinzaine d'habitants de Lyon participent déjà aux réunions de travail autour du projet.


"Des personnes LGBTI qui ont souffert pendant leur vie de mise à l'écart, d'humiliation, de haine qui créées parfois des existences cabossées, vont trouver un lieu apaisé"

Grégory Doucet, maire de Lyon


En soutenant ce projet, la majorité écologiste de la Ville de Lyon veut amener plus d'inclusion et de solidarité. "C'est une démarche pionnière qui va faire du bien à ceux qui seront accueillis, mais aussi aux Lyonnais en faisant bouger les mentalités. Nous soutenons des projets qui promeuvent le lien intergénérationnel. Des personnes LGBTI qui ont souffert pendant leur vie de mise à l'écart, d'humiliation, de haine, qui créées parfois des existences cabossées vont trouver un lieu apaisé", a vanté le maire de Lyon. "Pour ce public sans descendance et parfois en rupture familiale, l'habitat participatif a encore plus de ce sens", ajoute Grégory Doucet.

Ancien directeur d'Ehpad, le fondateur des Audacieuses Stéphane Sauvé estime que le bien-vieillir est un "angle mort des politiques publiques". "Aujourd'hui, tout le monde sait que les clefs du bien-vieillir sont le lien social et la stimulation cognitive. Les personnes LGBTI veulent vieillir sans l'obligation de refaire un coming-out ou de se sentir en insécurité", poursuit Stéphane Sauvé.

Vue d'architecte de la future maison de la diversité dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon.

Le bâtiment existant, qui sera entièrement refait d'ici 2024, va être rénové avec des matériaux écologiques et tout sera pensé pour faciliter la vie de personnes âgées et les laisser en situation d'autonomie le plus longtemps possible. "Nous travaillons sur des engagements sur la qualité de l'air, le vivre ensemble, et même la qualité des escaliers pour que les locataires soient encouragés à le prendre", note Christophe Villers, directeur général de Croix-Rouge habitat.

Un soin est également porté à l'architecture du bâtiment par l'agence d'architecture JAA (basée dans le 6e arrondissement de Lyon), qui va notamment recréer un traboule sous le bâtiment et construire uniquement des appartements traversants pour faire circuler l'air frais en été.

François, qui est impatient d'habiter dans ce lieu, se dit soulager de pouvoir vieillir dans un espace où il n'aura pas à "taire ses opinions et sa sexualité". "Ma sexualité je ne l'ai jamais cachée et je ne pense pas que je pourrais vivre dans une résidence seniors classique. Cela m'arrive de porter des jupes et je pense que cela ne passerait pas très bien dans un environnement classique. Moi ce qui me plaît, c'est d'avoir une aventure citoyenne et participer à un projet de vie avec d'autres personnes", sourit-il.

La Maison de la diversité à Lyon est la première pierre d'un concept appelée à essaimer sur l’ensemble du territoire, avec l’objectif de construire 10 maisons en 10 ans. Plusieurs discussions ont été ouvertes avec Paris, Marseille, Nice, Montpellier, Bordeaux, Nantes, Lille, Dunkerque, Dijon, Montreuil ou Romainville.

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