"On comprend que la hausse des taux est là pour limiter l’inflation mais, pour l’instant, ça ne marche pas." Philippe Layec ©Photo Aline Perier-2
« On comprend que la hausse des taux est là pour limiter l’inflation mais, pour l’instant, ça ne marche pas. » Philippe Layec ©Photo Aline Perier-2

Philippe Layec, président de la FPI : “Il faut rapidement lancer des opérations dans la métropole”

Le président fraîchement élu de la Fédération des promoteurs immobiliers du Rhône appelle à un choc de l’offre et à rapidement relancer la construction de logements neufs dans la métropole de Lyon pour satisfaire la très forte demande dans l’agglomération.

Lyon Capitale : Quel a été l’impact de la pandémie sur le secteur de la promotion immobilière ?

Philippe Layec : Il n’y aurait pas eu la pandémie, les chiffres auraient été un peu meilleurs, mais elle n’a fait qu’aggraver une tendance qui était déjà négative. On est dans une crise de l’offre qui influence tous les produits : notre vente au détail, mais aussi les logements sociaux parce que l’on fait moins d’habitations. Ça a une incidence aussi toute notre offre de logements en TVA réduite. On en a vendu 600 en 2020 contre 900 deux ans plus tôt.

Lire aussi : “Immobilier à Lyon : quelles perspectives pour 2021 ?” et “Logement à Lyon : quelle priorité pour l’exécutif écologiste ?”

Conséquence directe de ce manque d’offre, les prix du neuf continuent de s’envoler. Ce qui n’est pas forcément le cas du pouvoir d’achat des ménages…

Oui, mais cette hausse est tenable parce qu’il y a une offre faible. De ce fait, il y aura toujours des acquéreurs pour ces logements. Pour ceux dont les ressources ne permettent pas d’acheter au-dessus de 4 000 € le m², près de 22 % de notre offre leur sont destinés. Ça conduit certains à sortir de la métropole. C’est un phénomène qui va se poursuivre, sauf à ce qu’on permette rapidement de produire des opérations en nombre dans la métropole. Il est important de densifier là où il y a des réseaux de transport en commun et des commerces. Je crois que la nouvelle majorité est prête à l’entreprendre autour des lignes de transport. Si l’on arrivait à faire un ou deux étages de plus sur un même terrain, ça ferait des logements supplémentaires. C’est indispensable de densifier dans les centres-villes.

Densifier c’est aujourd’hui votre principale demande pour la métropole de Lyon ?

Ce qui est très coûteux en construction, c’est de bâtir très haut (TGH). En revanche, rajouter quelques étages, à surface équivalente, réduit l’emprise au sol, fait baisser le coût de construction et donc le prix de vente. Il faut absolument que les grandes opérations d’aménagement urbain sortent très vite pour apporter du foncier supplémentaire. Il faut construire dans les centres urbains. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas bâtir en périphérie, où il y a aussi une nécessité de recréer et redynamiser des centres-bourgs. Mais il n’est pas logique qu’en 2020, plus du tiers des projets qui sortent le soient dans des communes autour de la métropole. Ce n’est d’ailleurs pas tant le chiffre des extérieurs qui est problématique, que le chiffre de Lyon et Villeurbanne. Dans Lyon on est à -46 % entre 2020 et 2019.

Vous vous heurtez aussi à la difficulté d’obtenir des permis de construire dans certaines communes...

Plusieurs maires ont peur de laisser se construire des opérations dans leur commune. C’est d’ailleurs plutôt dans l’Ouest lyonnais que dans l’Est que cela se passe. Je veux bien entendre l’argument que ces communes manquent de services publics pour justifier de ne pas construire, mais il n’y a pas que ça. Construire du neuf, c’est aussi construire des logements sociaux, donc c’est faire venir des couples plus jeunes. Il y a des niveaux de prix qui sont tels qu’un jeune couple, selon sa profession, ne pourra pas rester dans la commune où il a grandi. Il pourra y revenir plus tard, mais ce qui est important pour les territoires, c’est de produire tout type de logement. Il est essentiel que la Métropole s’engage à contacter les élus sur ce sujet. Il y a un travail de fond à faire.

Un de vos collègues se plaignait dans nos colonnes en septembre dernier de la durée des procédures pour obtenir des permis de construire. Est-ce un problème pour vous aussi ?

Je pense qu’il faut être conscient qu’il y a un problème d’acceptabilité des nouvelles constructions par les populations. Le phénomène de recours, on le connaissait très peu avant et il est plus fréquent aujourd’hui. Il peut y avoir des recours fondés, il y a aussi des recours dilatoires. Sur ce point, les délais ont été accélérés. On est passé de deux ans à dix mois. Ça change un peu le rapport de force. Mais au-delà de ça, les délais de montage, les délais globaux sont plus longs. Ce n’est d’ailleurs pas tant en matière d’instruction de permis de construire, que dans les phases préparatoires avec les mairies.

Il faut aussi dire que les villes, mais aussi les acheteurs, demandent aujourd’hui un meilleur respect de la qualité énergétique et esthétique des bâtiments.

Nous faisons beaucoup d’efforts sur la qualité et la performance environnementale des logements et nous continuerons à le faire. La RE2020 va arriver assez vite et il semblerait que cette loi nous fasse franchir un pas important en matière de qualité environnementale. Il faut aussi déjà dire que cette future exigence réglementaire va faire augmenter les prix même si finalement ce gain de qualité énergétique va réduire les charges des ménages.

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