Maman, mon école va me manger !

Bientôt la rentrée et ses petites appréhensions, mais pour certains élèves, à l’évocation du retour à l’école, c’est carrément la trouille, la panique, l’angoisse. Appréhension ou simulation ? Et s’il s’agissait de phobie scolaire ?

A l’approche de la rentrée, certains élèves trépignent d’impatiences à l’idée de retrouver les copains, pour d’autres c’est l’agacement à l’idée d’avoir à nouveau des devoirs à faire, mais pour quelques-uns , c’est carrément la peur panique de l’école. On appelle ce trouble la phobie scolaire. En France, environ 0,5% des enfants souffriraient de cette pathologie qui mérite d’être connue et identifiée. Les symptômes sont divers : mal à la tête, au ventre les veilles de cours mais aussi dans certains cas une réelle crise d’angoisse avec palpitations et tremblements lorsque l’enfant se trouve devant le portail de l’école. La phobie scolaire apparaît principalement entre 6 et 15 ans avec deux pics identifiés, à l’entrée au CP et en 6e. Mais qu’est-ce qui explique une telle peur de l’école ? Pour Olivier Revol*, pédopsychiatre qui dirige depuis 18 ans un centre des Troubles de l’apprentissage à l’Hôpital neurologique de Lyon, le terme même de "phobie scolaire" est impropre : "Paradoxalement, dans la phobie scolaire il n’y a pas de peur de l’école. Ce qui pose problème, c’est quitter la maison. Les enfants qui souffrent de phobie scolaire ont d’ailleurs tout autant de mal à aller en centre aéré qu’à l’école." Selon le spécialiste, il y a par expérience un profil typique du patient qui souffre de phobie scolaire : "Ce sont très souvent des enfants intelligents, anxieux et casaniers qui ont grandi dans une atmosphère très sécuritaire et qui rencontrent souvent des difficultés d’intégration."

Reconnaître et soigner

Pour ne pas tomber dans la "mode" de la phobie scolaire, comme celle des enfants précoces ou hyper actifs, il est important de savoir différencier une réelle phobie scolaire d’une simple appréhension de l’école. Pour savoir si votre enfant en souffre, il faut tenter d’identifier une cause de la crainte de l’école : mauvaises notes, racket, sentiment d’être le bouc émissaire…Ensuite il convient de prendre rendez-vous avec le médecin de famille pour écarter toute pathologie organique. Ce dernier dirigera éventuellement la famille vers un pédopsychiatre. De là, il y a plusieurs possibilités de traitement qui vont de l’accompagnement psychothérapique parfois soutenu par un traitement médicamenteux pour lever l’anxiété, jusqu’à une hospitalisation. Olivier Revol raconte : "Dans notre service, nous accueillons en permanence deux patients souffrant de phobie scolaire. Dans un premier temps ils sont isolés de leur famille, il n’y a pas de visites, puis, progressivement, nous accordons un appel téléphonique, des visites puis une permission. Le but est de réussir à détendre les liens trop serrés entre l’enfant et son foyer. Les parents aussi doivent être suivis". Les résultats de cette technique sont là, puisque après une semaine de reprise des cours suite au traitement, il n’y a jamais eu de rechute. Soigner la phobie scolaire est une nécessité car les enfants qui en souffrent développent une réelle phobie sociale à l’âge adulte.

Ce qu’il ne faut pas faire

Lorsqu’un enfant souffre de phobie scolaire, il y a des gestes ou des situations qui peuvent renforcer son anxiété et le conforter dans ses craintes. L’accompagnement de l’enfant à l’école, à n’importe quel âge, ne doit pas être ritualisé. Selon le docteur Revol, "plus la séparation dure plus elle est difficile". Les incohérences et les divergences entre les parents peuvent également être une source d’angoisse pour les enfants. Une erreur à éviter à tout prix serait de céder à la tentation des cours à domicile. "Cela ne ferait que conforter l’enfant dans ses craintes en ne le confrontant jamais au monde extérieur." précise le spécialiste. Alors quitte à rompre le lien, pourquoi ne pas opter pour la pension ? Pour le docteur Revol "même après le traitement, le moment de quitter la maison peut parfois être un peu délicat. Dans ces cas là, la pension peut être une solution. Pas comme sanction mais comme outil. Il n’y a que la séparation du dimanche à gérer, c’est beaucoup plus simple."

*Le docteur Olivier Revol est l’auteur de :

- Même pas grave ! L'échec scolaire, ça se soigne, paru aux éditions JC Lattès (2006)

- j'ai un ado...mais je me soigne, paru aux éditions JC Lattès (2010)

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