Les bénévoles réfugiés aux côtés des différents acteurs du projet, dont les équipes du festival Lumière. (Photo : Hadrien Jame)

Lyon : en coulisse, le festival Lumière oeuvre pour l’intégration des réfugiés

Derrière les flashes et les paillettes qui accompagnent les soirées mondaines du festival de cinéma lyonnais, où se croisent réalisateurs, stars et producteurs l’évènement mondialement reconnu oeuvre pour l’intégration des réfugiés. Depuis 7 ans, le festival Lumière favorise leur intégration au sein de ses équipes de bénévoles, qui oeuvrent en coulisse pour que la semaine lyonnaise brille de mille feux. 

Reconnaissables à leur t-shirt rouge, les bénévoles du festival Lumière sont partout sur les sites où se déroule l’évènement lyonnais. On échange quelques mots avec eux lorsqu’ils nous placent dans les salles de cinéma où à l’occasion des différentes masterclasses et soirées, proposées du 9 au 17 octobre, mais on ne s’attarde pas sur leurs visages, leur histoire. À juste titre, puisque le sujet du festival n’est pas là, mais bien sur les écrans qui diffusent en continu une multitude de pellicules aux histoires toutes plus variées les unes que les autres. 

Pourtant, eux aussi, dans l’ombre, auraient de quoi remplir des lignes de script avec leur histoire. Parmi les 750 bénévoles recrutés par le festival, cette année, une cinquantaine d’entre eux sont originaires de Syrie, Iran, Érythrée, Mali, Somalie, Afrique du Sud, Guinée Conakry ou encore Afghanistan. Tous ont trouvé refuge en France et profitent du festival Lumière pour améliorer leur intégration dans le pays, en s’imprégnant d’un pan de la culture française. 


"Ici ce n’est pas vous qui êtes accueillis, mais c’est vous qui accueillez"
Cécile Bourgeat, secrétaire générale du festival Lumière


Engagé depuis 7 ans pour l’insertion des réfugiés

Depuis sept ans, les responsables du festival Lumière se sont engagés, aux côtés de la préfecture et de plusieurs associations, pour prendre leur part dans l’insertion et plus particulièrement en ce qui concerne celle des réfugiés. Alors au moment de les remercier pour leur travail et leur présence la joie se faisait sentir dans les propos de Thierry Frémaux le directeur du festival, qui avouait qu'il s'agit pour lui "de l’un des meilleurs moments du festival. Nous sommes très fiers de vous avoir avec nous et de contribuer à votre intégration, qui, je l’espère, est réussie". 

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Vecteur de lien social, le projet a également pour but de permettre à ces réfugiés de rencontrer d’autres personnes et de parfaire leur pratique du français, car "ici ce n’est pas vous qui êtes accueillis, mais c’est vous qui accueillez", leur lance Cécile Bourgeat, la secrétaire générale du festival en amont d’un cocktail de remerciement. C’est d’ailleurs cela qu’est venu chercher Majd, un réfugié syrien d’une trentaine d’années.

S’intégrer par la langue 

Arrivé en France il y a six mois, cet ancien serveur, venu rejoindre sa famille à Lyon, ambitionne aujourd’hui de passer derrière les fourneaux, avant, à terme, d’ouvrir son propre restaurant. Mais, pour cela, il veut d’abord progresser en français et profite donc du festival pour s’améliorer. Préposé aux ventes de produits dérivés du festival, ainsi qu’au placement des festivaliers lors des séances de cinéma, il prend donc le temps d’échanger avec les visiteurs pour améliorer sa prononciation et enrichir son vocabulaire.


"Tout le monde autour de moi parle arabe, alors ici j’en profite pour rencontrer d’autres personnes"
Majd un réfugié syrien installé à Lyon


Non sans nouer des liens avec les autres bénévoles, "c’est magnifique, j’ai pu échanger en français avec de nombreuses personnes", confie-t-il, avant d’ajouter "tout le monde autour de moi parle arabe, alors ici j’en profite pour rencontrer d’autres personnes". Fruit du hasard, lors du rassemblement des bénévoles de ce jeudi matin il a fait la connaissance d’Ahma, un syrien réfugié à Clermont. L’occasion pour les deux hommes de reparler de leur pays et d’échanger sur leurs parcours respectifs. 

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La culture "un levier d’inclusion"

Car les profils sont divers et variés et certains viennent aussi pour profiter des rencontres professionnelles proposées par Adéquat, un partenaire du festival, tout en remplissant leur rôle de bénévole. D’autres, comme Camarra, une jeune femme originaire de Guinée Conakry, ne cachent pas leur passion pour le septième art et espèrent bien pouvoir également profiter de leur présence ici pour visionner quelques films. Malgré son masque, difficile de ne pas remarquer le grand sourire qui lui barre le visage lorsqu’elle évoque son envie de découvrir "le festival Lumière, mais aussi la culture française. C’est important, ça m’aide beaucoup dans mon intégration", explique-t-elle. 


"Une occasion d’approcher la vie culturelle, de se frotter à ce monde qui est très loin de la modestie de leur situation"
Jean-François Ploquin, le directeur de Forum Réfugié


Un constat partagé par Jean-François Ploquin, le directeur de Forum Réfugié, qui accompagne une trentaine de bénévoles, originaires de 17 pays, même s’il reconnaît que la découverte de la culture française n’est généralement pas leur première préoccupation. Ils veulent "apprendre le français le plus vite possible, trouver un logement, une formation professionnelle, la culture est souvent mise de côté alors que c’est essentiel pour l’intégration", analyse-t-il. Alors, pour eux, le festival Lumière est une "occasion d’approcher la vie culturelle, de se frotter à ce monde qui est très loin de la modestie de leur situation". 

Cédric Van Styvendael, le maire de Villeurbanne. @Alex MARTIN / AFP)

C’est ça que la Métropole de Lyon est venue chercher en s’associant au festival Lumière sur ce projet, dans le cadre de sa semaine de l’Hospitalité. "À la métropole on veut que la culture soit un levier d’inclusion, elle doit nous permettre d’accueillir, de proposer des parcours et un récit commun", fait valoir Cédric Van Styvendael, le vice-président du Grand Lyon à la culture et maire de Villeurbanne. Avant de poursuivre en expliquant que l’action du festival "correspond à tout ce que l’on souhaite voir se développer, à la fois une politique culturelle ambitieuse et exigeante qui rayonne, mais aussi un engagement social fort sur des questions qui animent la société", insiste l’élu métropolitain. Pour lui, la question n’est pas de savoir s’il faut accueillir ou non les réfugiés, c’est plutôt d’agir pour eux et "c’est ce que le festival Lumière fait". 

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