Médecin en grève à Lyon
Les médecins généralistes en grève à Lyon le 1er décembre 2022. @ Martin Gaboriau

Lyon : des milliers de manifestants contre la régulation de l'installation des médecins

Entre 1800 et 4500 personnes se sont rassemblées ce mardi à Lyon pour dénoncer la proposition de loi Garot qui prévoit notamment de réguler l'installation des médecins.

Plusieurs milliers de manifestants, principalement des étudiants et internes en médecine, ont défilé mardi à Lyon et dans toute la France contre la proposition de loi Garot visant notamment à contrôler l'installation des médecins pour lutter contre la désertification médicale. Le cortège lyonnais, qui reliait Grange Blanche à l'Agence régionale de santé a réuni entre 1800 participants selon la préfecture et 4500 selon les organisateurs.

"Retirez le Garot, la médecine libérale étouffe", proclamait à Paris une banderole du syndicat de médecins libéraux FMF, dont les dirigeants participaient à la manifestation, comme ceux des autres syndicats de libéraux. "Vocation n'est pas soumission", "Notre vie est déjà un sketch, pas besoin d'en faire un gag", "Médecins suicidaires, patients au cimetière", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les manifestants parisiens, pour la plupart en blouse blanche.

Une proposition de loi soutenue par un groupe transpartisan

Selon Lucas Poittevin, président de l'Association nationale des étudiants en médecine, "au moins 5.000 personnes" étaient présentes dans la capitale. Les étudiants se sont mobilisés nombreux car "c'est eux qui seront concernés par les mesures" de cette proposition de loi, a-t-il indiqué.

A Lyon, Amin Benkraiem, 22 ans, en 5e année de médecine, a estimé que l'idée de régulation de l'installation partait d'un "postulat faux", celui que les jeunes praticiens boudaient certains territoires. "Chaque année des dizaines, des centaines, des milliers de jeunes médecins s'installent dans des déserts médicaux. C'est juste un problème de nombre, il n'y en a pas assez qui arrivent", dit-il.

La proposition de loi initiée par Guillaume Garot (PS) est soutenue par un groupe transpartisan (de LR à LFI) de plus de 250 députés. Elle prévoit notamment que dans les territoires les plus denses en médecin, les praticiens devront attendre un départ à la retraite d'un confrère ou d'une consoeur pour pouvoir s'y installer.

"Intérêts corporatistes"

Le gouvernement, hostile à cette proposition de loi, a allumé un contre-feu vendredi, en présentant son propre plan de lutte contre les déserts médicaux. Mieux accueilli par les médecins libéraux, ce plan n'en suscite pas moins des réserves. Les médecins s'inquiètent en effet de la mesure phare présentée par le Premier ministre François Bayrou, consistant à imposer aux praticiens jusqu'à deux jours par mois de consultations dans des zones prioritaires.

"La consultation avancée", hors du cabinet habituel du médecin, "ne doit pas être une obligation individuelle" pour chaque praticien, "il faut que ce soit plutôt une responsabilité collective", a jugé mardi Franck Devulder, le président du syndicat CSMF, dans les rangs de la manifestation parisienne.

Et pour que cela fonctionne, selon lui, "il faut que le médecin n'ait qu'a se mettre les + pieds sous la table +" dans son deuxième lieu de consultation, c'est-à-dire qu'il puisse trouver sur place un cabinet équipé et un secrétariat déjà installé et financé. Les médecins opposés à la proposition de loi Garot n'ont en tout cas pas réussi à convaincre les associations de patients ou leurs familles.

Une petite quarantaire d'entre elles, de France Assos Santé à l'UFC Que Choisir, en passant par APF France Handicap ou l'Union nationale des associations familiales, ont appelé mardi les députés à soutenir le texte, qui sera de retour en séance plénière à l'Assemblée la semaine prochaine.

"Voter la PPL Garot, c'est améliorer l'accès aux soins pour tous (...) Et toutes les options, dont celles émises par François Bayrou, sont bonnes à prendre, en complémentarité, et non en opposition, considérant l'ampleur des besoins", ont-elles écrit dans un communiqué commun.

Le défi de "l'amélioration structurelle de l'accès aux soins (...) dépasse de loin les intérêts corporatistes et la défense d'un fonctionnement qui n'est plus adapté", ont-elles ajouté.

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