prison de Montluc

Lyon : c'était un 24 août, la libération de la prison de Montluc "antichambre de la mort" en 1944, récit

Le 24 août 1944, les nazis occupent encore Lyon mais la prison de Montluc, où ont notamment été enfermés Jean Moulin et les enfants d'Izieu, est libérée. En an et demi, entre 8 000 et 11 000 détenus ont été emprisonnés dans la prison du 3e arrondissement par le "boucher" de Lyon, Klaus Barbie. Pendant plus d’un an, ce lieu réquisitionné par l’armée allemande a été transformé en antichambre de la mort. Récit.

Pendant plus d’un an, entre février 1943 et août 1944, la prison de Montluc, dans le 3e arrondissement de Lyon, réquisitionnée par l’armée allemande, va être transformée en antichambre de la mort. La prison militaire de Montluc  est réouverte en 1939 pour séquestrer les communistes français. Vichy la réquisitionne en juillet 1940 et l'utilise pour enfermer tous ceux qui “dérangent”. Les cellules ne sont pas encore bondées, mais rares sont celles qui accueillent un seul prisonnier.

La prison "préférée" de Barbie, le boucher de Lyon

Tout bascule en novembre 1942. Les nazis envahissent la zone sud en France. Montluc, située à côté d'une ligne de chemin de fer, devient un intérêt stratégique. La prison est réquisitionnée le 17 février 1943, Vichy n'a plus aucun droit de regard sur ce qui se passe entre les murs. Jusqu’en août 1944, entre 8 000 et 11 000 détenus passent par ces lieux. Parmi eux, en 1943, le plus célèbre résistant français, Jean Moulin, arrêté à Caluire quelques jours plus tôt. Seul André Devigny parvient à s’échapper, en 1943. Après avoir été torturé par Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon, surnommé le "Boucher" de Lyon. Après des années de cavale, de changement d'identité en Amérique du Sud, Barbie sera confondu et sera ramené à Lyon en... 1987. Symboliquement, il passera une nuit à Montluc, en 1987, là où il a enfermé tant et tant de juifs, de résistants, de communistes... mais aussi des enfants. Après les avoir torturés.

Le 6 avril 1944, Klaus Barbie fait arrêter les 44 enfants de la colonie d’Izieu, dans l'Ain, et les incarcère à Montluc. Ils sont déportés quelques jours plus tard vers les camps de la mort. Les Juifs, eux, sont détenus dans une baraque en bois de 1942 à 1944 dans des conditions exécrables. Plus de 2 500 passeront dans ce bâtiment insalubre et bien trop petit. Régulièrement, ils sont déportés jusqu’à Drancy dans des wagons de troisième classe aux portes plombées. Là-bas, ils sont placés dans des bétaillères et envoyés à Auschwitz.

Prison Montluc © Tim Douet
© Tim Douet

Une libération piégée par les nazis

Le 24 août 1944, enfin, Montluc est libérée. Mais une libération "piège"...  Le commandant de la prison de Montluc, se sachant assiégé, négocie un laissez-passer et quitte la prison en confiant les clés au général Chevallier, le détenu le plus âgé. Celui-ci a une seule consigne : attendre le lendemain pour libérer ses codétenus. Les nazis partent, Chevallier annonce la nouvelle à ses codétenus. Les prisonniers ne veulent pas attendre pour retrouver la liberté. La Marseillaise et L’Internationale résonnent entre les murs.

Pris par l’excitation et l’espoir, ces prisonniers parviennent à sortir de leurs cellules. Ils ont faim. Certains partent explorer les lieux à la recherche de vivres. Dans la cave, ils découvrent des explosifs réglés pour tout détruire le soir même. Les nazis avaient prévu de ne leur laisser aucune chance. La bombe est désamorcée, mais d’autres menaces attendent ces hommes et ces femmes de nouveau libres. Lyon n’est pas encore libéré. Pendant dix jours, ils doivent donc se cacher pour éviter d’être repris par les nazis qui occupent toujours la ville. Malgré les dangers, certains retournent se battre. La guerre n’est pas encore terminée. Le 3 septembre, Lyon, la Capitale des Gaules, sera libérée.

Lire aussi : C'était un 6 avril : en 1944, la rafle des 45 enfants d'Izieu par la Gestapo, exterminés ensuite à Auschwitz

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