Le plateau de Beauregard devait accueillir la 5e retenue collinaire de La Clusaz. (Photo de PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Le tribunal de Grenoble retoque la construction d'une retenue collinaire à La Clusaz

Afin de protéger l’environnement, le tribunal administratif de Grenoble a suspendu mardi un arrêté préfectoral autorisant le lancement de travaux pour la construction d’une retenue collinaire destinée à alimenter la station de ski de La Clusaz. 

La création d’une 5e retenue collinaire de 150 000 mètres cubes d’eau visant à alimenter la station de ski de La Clusaz, crée des remous dans les montagnes de la Haute-Savoie. Des militants écologistes et des associations se sont installés depuis plusieurs mois sur le plateau forestier où devait être creusée la retenue, afin d’empêcher le début de ce chantier évalué à 10 millions d‘euros. 

La neige artificielle au coeur du débat

Selon les militants du groupe Extinction Rebellion présents sur le site cette retenue d’une "surface au sol de 5 terrains de football" doit "assurer l'enneigement du domaine skiable à hauteur de 45%", rapporte l'AFP. Au détriment de "l'extermination de 58 espèces protégées", avec "saccage" d'un bois, "mise en péril de zones humides," et "condamnation de la vie piscicole" d'un ruisseau, avec "une dépense en énergie faramineuse pour l'acheminement de l'eau". 

De son côté, le maire de La Clusaz, Didier Thévenet, estime que le bassin de rétention d'eau est indispensable pour soutenir l'économie de la station et l'emploi de ses habitants, très dépendant du tourisme, alors que l'enneigement pâtit du réchauffement climatique et que l'eau potable risque de manquer du fait de l'irrégularité croissante des précipitations. 

Une victoire pour l'environnement

Le 29 septembre, France Nature Environnement, Nouvelle Montagne, Mountain Wilderness France et la Ligue de Protection des Oiseaux ont donc décidé de saisir le tribunal administratif de Grenoble en référé afin de suspendre l’arrête préfectoral autorisant le début des travaux. Le juge des référés a rendu son ordonnance ce mardi 25 octobre, allant contre le projet. 


"Assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite", tribunal administratif de Grenoble


"L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite", estime le juge des référés dans son ordonnance publiée sur le site du tribunal. Le juge a par ailleurs condamné l’État à une amende de 1 200 euros, critiquant la "légalité" de l'arrêté préfectoral d'autorisation de défrichement, qui devait se dérouler en octobre et novembre. 

Une décision de justice saluée par France Nature Environnement Auvergne Rhône-Alpes dans un communiqué. "Le signal envoyé aux communes et stations de montagne est sans appel . La production de neige artificielle pour gagner quelques années sur le changement climatique et prolonger le modèle du “tout ski” ne peut pas justifier la destruction d’habitats, d’espaces naturels et d’espèces protégées". Désormais, les différentes associations mobilisées espèrent aller plus loin afin d’obtenir un jugement au fond "sur l’ensemble des points contesté".

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