La Région interpelle le Ministère de l'Ecologie

Les habitants s'inquiétaient et dénoncaient un nombre anormalement élevé de cancers. Tous, sans exception, pointaient du doigt la plateforme chimique de Roussillon, voisine de quelques kilomètres. Cent cinquante hectares dédiés à la production de phosphates, de produits à base de sulfure, de phénols, d'acide acétique ou de chlorosilanes. Autant de noms barbares que de relents polluants et d'impacts toxiques.
A la fin de cette démarche purement empirique, dénuée de toute approche scientifique, nous interpellions les autorités pour faire la lumière sur la réalité. Celle du quotidien des habitants d'une ville qui meurt du cancer.
La Région a été la première à réagir. "Suite à votre enquête, j'ai saisi Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d'Etat à l'écologie, explique Hélène Blanchard, vice-présidente (Verts) de Rhône-Alpes. Je lui ai explicitement demandé la réalisation d'études d'imprégnation (voir lexique). Si l'Etat ne fait rien, nous sommes prêts à réaliser les études. D'un point de vue plus global, le cas de Sablons est un bon moyen de savoir jusqu'où le gouvernement est prêt à aller."

Des études sur les milieux... rien sur les populations
En attendant une réponse du gouvernement, aucune étude sanitaire sur les populations n'est envisagée. Selon la cellule interrégionale d'épidémiologie (Cire) Rhône-Alpes*, que nous avons contactée, "courant 2008, nous mesurerons les polluants dans les milieux de vie (eau, air, sols). Cela nous permettra d'estimer si ces polluants sont susceptibles de présenter, ou non, des risques pour la santé humaine."
En revanche, rien sur une éventuelle étude épidémiologique, qui préfigurerait une authentique photographie de l'état des populations du secteur "La population du Pays Roussillonnais n'est pas assez importante pour que l'épidémiologie soit assez significative", répond-t-on.
Pourtant, en 2002, quatre études locales de ce type avaient été menées à Gilly-sur-Isère, suite aux vives inquiétudes de la population relatives aux effets de l'incinérateur. La zone exposée comptait 30 communes et 48 000 habitants. Le Pays Roussillonnais, quant à lui, recense 22 communes, soit près de 40 000 habitants... Cherchez l'erreur.
Et le Docteur Michel Vincent, chef du service pneumologie à l'hôpital St Joseph St Luc, de conclure : "il est très difficile de dire si ces cancers sont liés aux pollutions locales. Pour le savoir, il faudrait vraiment une étude épidémiologique". A bon entendeur...
Au final, exsite-t-il un danger potentiel d'habiter Sablons ? Philippe Navarre, sous-préfet de Vienne, est catégorique "non, non, non, non et non ! Et puis je ne vois pas d'où viennent toutes ces rumeurs.
Les populations qui vivent à Sablons sont heureuses d'y vivre. J'ai souvent eu l'occasion de m'y déplacer. J'ai rencontré des élus et je n'ai pas eu ce type d'expression".

*La Cire dépend de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales Rhône-Alpes.

Réunion publique à Sablons le 9 novembre à 18h
L'association "Sauvons notre futur", basée à Sablons, organise une grande réunion publique, vendredi 9 novembre, à 18h, à la salle des fêtes. Habitants, associations, élus, représentants des usines de la plateforme chimique du Roussillon et médias sont attendus pour ce grand débat autour du thème "santé/environnement".
Renseignements : Jean-Claude Girardin. Association "Sauvons notre futur". 17, rue du Stade. Sablons (38). sauvons-notre-futur@wanadoo.fr.
04 74 79 34 04.

Repères : Les études d'imprégnation visent à détecter chez les populations exposées la présence de substances particulières, qu'on appelle biomarqueurs. Les biomarqueurs témoignent de l'exposition à une substance, d'un effet ou d'une susceptibilité acquise par l'organisme. Un biomarqueur peut être la substance elle-même ou un de ses métabolites. La détection est réalisée par un dosage de la substance recherchée (biomarqueur) dans l'organisme. Quand le dosage n'est pas possible, on essaie alors de modéliser les niveaux d'expositions à partir des résultats des diagnostics environnementaux.

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