Jour 3 : "On ne marche pas pour rien, beaucoup de choses restent à faire"

Retrouvez jour après jour les marcheurs de 2009 qui racontent leur "pèlerinage".

Aujourd'hui, Tahra Hamlaoui

La deuxième journée c'est très bien terminée. Nous avons été merveilleusement bien accueillis par le berceau des missionnaires Oblats de Marie Immaculé (une des communautés de l'Eglise d'Aix en Provence) soit un centre international de ressourcement sur les lieux de la fondation des missionnaires Oblats.

Bref, le cadre était agréable, après notre première journée de marche nous avons pu nous reposer, débattre avec des membres d'Amnesty international ou encore de la Ligue de défense des droits de l'homme.

C'est donc bien reposés que nous entamons notre troisième journée. Cela s'est fait dans un cadre provençal très charmant. Il faisait déjà très chaud dès les premiers pas, mais une très vive énergie nous animait. En effet, plus on avançait, plus notre motivation grandissait.

Nous nous rappelions alors des témoignages poignants relatés par les anciens marcheurs quant aux circonstances dans lesquelles était née cette marche. Le contexte de l'époque était alors en contraste avec le cadre dans lequel nous marchons ; dans une France paisible, tranquille, perturbée par aucun trouble. Nous nous trouvions alors dans ce que l'on appelle la France profonde.

On ne marchait pas sur un grand boulevard, ni au pied d'une cité HLM , mais à travers la campagne, rencontrant quelques rares habitants de temps à autre, dans un environnement naturel, tous ce qu'il y a de plus authentique.

On avait alors le sentiment que rien ne pouvait nous atteindre, que les crimes racistes, les bavures policières étaient loin derrière nous.
Jusqu'à ce que nous tombions sur une affiche, intitulée Marche à la mémoire de Sofiane. Il ne manquait plus que ça, en l'espace de quelques secondes la désillusion fut cinglante.
Sofiane Ouggad Boudouaya, est décédé le 1er juillet 2005 à 16 ans.

Percuté de plein fouet, alors qu'il circulait en scooter, par un camion de pompiers qui a grillé le feu rouge roulant sur la voie de gauche à une vitesse excessive sans aucun signal d'alerte, girophare ou sirène !

LE CHAUFFEUR DU CAMION ETAIT IVRE ET IL N'YA PAS EU D'ENQUETE !
Mon optimisme s'est aussitôt évaporé. Nous sommes aujourd'hui en 2009, dans le pays des droits de l'homme, et nous marchons pour l'égalité. Ici, nous nous trouvons face à une inégalité devant la justice.

Quelque, je me dis que l'on ne marche pas pour rien, que beaucoup de choses restent encore à faire. Des Sofiane, il y en a malheureusement beaucoup en France.
Personnellement je considère cette absence d'enquête pas comme de l'indifférence mais comme du mépris. D'autant plus qu'il s'agit ici d'un pompier. Aujourd'hui, nous avons marché pour Sofiane et pour tous ceux à qui justice n'a pas été rendu.

Retrouvez tous les comptes rendus dans notre dossier spécial

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