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Il perd un marché public et dénonce la mort du petit commerce

A Vénissieux, un artisan boulanger a perdu récemment un marché public au profit d'un "industriel". Pour lui, son exemple n'est que le sommet de l'iceberg du commerce dans la ville : une dizaine d'entreprises locales ont fermé leurs portes ces dernières années.

Alexandre Dallery, artisan boulanger de Vénissieux et président de l'association des commerçants du centre-ville, est excédé. Cette année, il a perdu le marché des cantines scolaires et ne distribuera plus les 500 flutes quotidiennes aux élèves. Surtout, il perdra 70 000 euros de chiffre d'affaires et va être forcé de licencier deux personnes.

"Si la préférence territoriale ne peut pas être un critère, l'artisanat ne peut pas concurrencer l'industrie. Là où les industriels créent de la précarité, l'artisan, lui, emploie des apprentis et des futurs artisans", s'énerve-t-il. Le marché aurait été remporté par un "industriel isérois dont le chiffre d'affaires (5 à 10 million d'euros annuels) fait rêver les "hommes d'affaires" et les grands patrons, cela même que la maire communiste ne cesse de pointer du doigt dans ses discours", s'exclame le boulanger, ancien colistier du PS aux élections municipales, connu pour son engagement local.

"Doit-on faire du clientélisme ? On ne peut pas dire "vous n'êtes pas de Vénissieux, on ne vous embauche pas" !", explique Véronique Callut, adjointe à l'éducation en charge de ce marché, qui explique que la candidature de Mr Dallery n'a pas été retenue à cause de pièces manquantes. De son côté, l'ancien candidat à la mairie et socialiste Lofti Ben Khalifa alimente la critique sur les réseaux sociaux, affirmant que "si elle voulait achever le commerce de proximité à Venissieux, madame (le maire, ndlr) ne s'y prendrait pas mieux".

"La règle du marché ne permet pas de favoriser une consommation locale"

Mais le cas de ce marché public soulève un problème plus important à Vénissieux : la survie des petits commerçants locaux. Plus de dix commerces ont fermé ces deux dernières années dans le centre-ville (presse, magasins de vêtements, etc.) et la dynamique mortifère semble difficile à contrecarrer.

"Pour moi, il manque de l'animation commerciale. La ville n'est pas attractive. Nous devons essayer de bouger, de créer des circuits courts", commente Alexandre Dallery, également président de l'association des commerçants du centre-ville. Pour la mairie communiste, la problématique est d'abord nationale. "

La règle du marché nous permet difficilement de favoriser une consommation locale. On est dans la même thématique qu'avec les producteurs de viande, et c'est terrible. Si on pouvait mieux favoriser un commerce local, sincèrement, nous le ferions", regrette Djil Ben Mabrouk, adjoint au développement économique et à l'emploi.

Enfin, c'est la fédération d'une conscience citoyenne autour de la protection du commerce de proximité qui semble difficile à créer, pour l'adjoint à l'économie. Celui-ci, qui soulève que "les nouveaux modes de consommation" éloignent les Vénissians des entreprises locales, déplore également le manque de prise de conscience commune des commerçants. "Il y a environ 300 commerçants à Vénissieux. Durant l'année, j'ai organisé 7 réunions pour palier à ces problématiques. A chaque fois, seulement une quinzaine étaient présents."

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