HCL : "Pas de saturation à cause des réfugiés médicaux"

Le 5 août, Le Monde pointait dans un article (lire ici) l’afflux massif de réfugiés médicaux à Lyon. Des personnes se faisant passer pour des demandeurs d’asile mais venant surtout dans l’agglomération pour y recevoir des soins lourds, principalement des greffes et des dialyses. Le professeur Laurent Juillard, chef du service de néphrologie, dialyse et hypertension artérielle à l’hôpital Edouard-Herriot, estime que ces réfugiés médicaux représentent entre 15 et 20 % des nouveaux patients accueillis chaque année au service de dialyse. Il reconnaît également que certains viennent à Lyon dans l’espoir de recevoir une greffe.

Lyon Capitale : Le Monde annonçait ce mardi que l’arrivée massive de ces réfugiés médicaux entraînait une saturation du service de dialyse aux HCL. Quelle est la situation ?

Pr. Laurent Juillard : Pour ce qui est du service de dialyse, que je dirige, je démens toute saturation. Tous les patients qui se présentent sont soignés, on n’a jamais refusé personne. Toutefois, il est vrai que la question de ces personnes victimes de pathologies lourdes qui viennent en tant que demandeurs d’asile est une réalité. Ils arrivent en France grâce à des filières de passeurs qui les abandonnent devant les hôpitaux. Mais Le Monde indiquait que c’était un problème lyonnais, alors que le phénomène est national et touche tous les services de néphrologies.

A Lyon, combien de personnes cela représente-t-il ?

52 demandeurs d’asile ont été pris en charge pour une dialyse depuis 2006, dont 45 en provenance des pays de l’Est. Depuis 2010, nous recevons entre 7 et 8 patients de ce type par an en moyenne, sur les 40 que nous avons accueilli, en tout, dans ce service l’an dernier. Ils représentent donc entre 15 et 20 % des nouveaux patients chaque année, ce qui n’est pas négligeable.

Ils viennent aussi pour recevoir une greffe ?

Oui, et c’est plus problématique, car il n’y a pas de greffons pour tout le monde. Depuis 2006, 15 d’entre eux ont été greffés et 4 sont sur liste d’attente. Certaines personnes considèrent que cela représente une perte de chance pour les patients français.

Quelle réponse apporter ?

La Société française de transplantation a chargé le professeur Emmanuel Morelon, chef du service transplantation, néphrologie et immunologie, d’une mission afin d’obtenir des statistiques poussées pour quantifier ce phénomène. C’est quelque chose que nous n’avons pas à l’échelle nationale. Il faut bien s’imaginer que pour nous, c’est une charge de travail supplémentaire. Ce sont des patients qui sont dans des situations très difficiles. Ils n’ont souvent nulle part où aller et ne parlent pas la langue. Sans compter que ça a un coût pour la société. Une dialyse coûte 100 000 € par an et par patient.

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