"Fallait-il refuser des subventions à l'Abbé Pierre parce qu'il priait ?"

Une décision que la Fédération protestante de France ne comprend pas, mettant en avant des 'thèmes de débat utiles à la société dans son ensemble'.

Alors que la ville de Lyon et le Conseil général ont déjà accordé des subventions à la Fondation du protestantisme en vue de la Conférence des églises européennes (KEK), la Région vient de refuser d'ajouter sa contribution à la trésorerie de l'organisation religieuse.

La KEK, organisation oecuménique regroupant 126 églises, avait choisi Lyon pour tenir sa treizième assemblée et fêter ses 50 ans. 'Nous ne sommes pas du tout contre ce genre de manifestations cultuelles', explique Thomas Ravier, secrétaire fédéral du Parti radical du Rhône, 'mais nous estimons que ce n'est pas à la collectivité de payer pour une manifestation religieuse'.

A l'inverse, Thierry Philip (PS), vice-président du Conseil régional délégué à la santé et au sport, déplore 'la confusion entre laïcité et anticléricalisme' des opposants à la subvention. Au final, la demande de financement a été rejetée à 42 voix contre 37 et 6 'épidémies de pipi', selon les mots de Thierry Philip.

Martine Fleur, de la Fédération protestante de France (FPF) présente la Conférence des églises européennes comme une ONG, certes oecuménique, mais qui défend avant tout les droits de l'homme et la justice sociale: 'des thèmes de débat utiles à la société dans son ensemble'. 'En plus, cette assemblée va amener 750 à 800 participants à Lyon, ce qui est intéressant pour la ville de Lyon', remarque-t-elle. Elle ne comprend pas que la Région refuse à cette rencontre d'envergure les 48 000 euros de subvention demandés par l'association alors que le Conseil régional avait accordé 100 000 euros à la rencontre inter-religieuse de Sant'Egidio en 2005.

Le problème pour les conseillers régionaux opposés à ce financement n'était pas tant la nature - religieuse - de l'association organisatrice mais le contenu réel de la manifestation. 'Il faut faire attention au mélange des genres, précise Thomas Ravier. Le problème, c'est que cette assemblée nous a été présentée comme une manifestation culturelle lambda. Or, quand on regarde le programme, on se rend compte qu'il inclut des séances de prières.' Pour justifier ce financement, Thierry Philip explique qu'il s'agissait de subventionner 'la partie sociale de l'assemblée, et non les temps de prière.' Qu'importe que le financement demandé pour la manifestation soit global et non différencié selon des volets religieux et laïc. Pour appuyer son propos, le conseiller régional PS assène l'argument d'autorité absolu: 'Est-ce qu'il aurait fallait refuser des subventions à l'Abbé Pierre parce qu'il priait ?'

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