Des formations linguistiques pour les “stagiaires de la République”

Dans le cadre de la Semaine de l’intégration, les portes d’une formation linguistique pour étrangers réfugiés ou primo-arrivants nous ont été ouvertes à Lyon. Nous avons pu assister au point de départ de leur “parcours d’intégration”.

Ce mardi matin, ils étaient une quinzaine de “stagiaires”, comme les appelle leur professeur, à suivre une formation linguistique dans les locaux de l’Ifra (Institut de formation Rhône-Alpes). Il existe 46 sites comme celui-ci en Rhône-Alpes. Dans le 3e arrondissement de Lyon, ces Syriens, Irakiens, Libanais, Marocains, Thaïlandais, Vietnamiens, Géorgiens, Algériens débutent leur “parcours d’intégration” en France, selon l’expression des institutionnels présents à l’Ifra, l’organisme qui dispense ces cours.

“On est des humains, il faut créer de la confiance”

Dans une salle de classe avec ses posters faits à la main par ces quinze “stagiaires” de la République. Des posters “Liberté, Égalité, Fraternité”. Mais aussi des photos de la “belle préfecture”, comme ils nomment celle où est installé le préfet, et de “l’autre préfecture” (la moche ?), celle des usagers, que tous ces étrangers ont connue. Ils reçoivent ici une formation de deux mois, à raison de 20 à 30 heures de cours par semaine, pour apprendre la langue mais aussi “le système français, ses valeurs, son histoire”, explique Nathalie Faravelon, déléguée thématique à l’Ifra. Des ateliers sur le thème “vivre en France et accéder au marché du travail” sont aussi proposés.

Leur professeure, c’est Tijana. Elle a elle-même été dans leur situation quand elle est arrivée de Serbie, il y a plus de quinze ans. “Beaucoup sont dans des situations compliquées. On est des humains, il faut créer de la confiance. Moi aussi j’ai un parcours d’intégration, comme eux. Ce qui facilite peut-être les choses”, analyse-t-elle.

“Si les gens aiment être ici, ils vont forcément aimer s’intégrer”

À travers des mises en situation, des illustrations, elle apprend les bases du français à ces “stagiaires” qui en sont souvent totalement dépourvus : “Il faut donner la force et leur dire que c’est possible. Mon rôle est de donner le goût de l’apprentissage de la langue et de leur faire aimer la France. Si les gens aiment être ici, alors ils vont forcément aimer s’intégrer. La France, c’est un pays qu’il faut connaître, qu’il faut apprendre, qu’il faut respecter, aimer et parfois aussi comprendre.

Depuis la loi du 7 mars 2016, les étrangers désireux de s’installer durablement en France doivent respecter un “contrat d’intégration républicain”. Lequel passe par l’apprentissage de la langue française. Objectif : le renouvellement de leur carte de séjour et pourquoi pas la naturalisation française. La formation est obligatoire. “Il n’y aura pas de renouvellement de titre de séjour si la personne ne respecte pas ses engagements”, explique Sami Boubakeur, le directeur territorial de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). À Lyon, 1 300 étrangers ont signé ce contrat depuis le 1er juillet.

Des parcours de vie divers

Les situations et les parcours de vie sont extrêmement divers. Nombreux sont ceux arrivés à Lyon dans le cadre du regroupement familial. D’autres ont des parcours plus chaotiques. Amer et Rana sont mariés. Elle venait d’avoir le bac, lui était électricien. Ils ont quitté Alep il y a quatre ans, en compagnie de leur fille et de leur fils. “On a fui les problèmes”, expliquent-ils pour parler de la guerre. “On a fait un long chemin avant d’arriver à Lyon. D’abord, nous sommes passés par le Liban, puis par la Turquie, avant d’être dirigés en avion vers Lyon”, raconte la jeune Syrienne.

Senay, lui, est érythréen. Âgé d’à peine 20 ans, il s’est échappé de son pays il y a deux ans. “Je suis passé par l’Éthiopie puis la Libye et après j’ai pris un bateau pour l’Italie avant d’arriver en France”, raconte-t-il, le regard encore dans le vague. Une traversée dangereuse, qu’il a effectuée seul.

“Accueillir, c’est le minimum”

Cette étape de la formation linguistique est un moment essentiel, explique Denis Bruel, le secrétaire général adjoint de la préfecture du Rhône : “Il faut dès le début que la prise en charge soit efficace. Si l’accueil n’est pas bon et que l’on ne s’occupe pas des personnes, elles décrochent et l’intégration devient plus difficile.

La formation semble être un nouveau départ pour toutes ces personnes. À la question “Pourquoi avez-vous choisi la France ?” beaucoup répondent : “Liberté, Égalité, Fraternité”. Une fraternité qui incombe aussi à la France. “Accueillir, c’est le minimum, rappelle Sami Boubakeur. Le plus difficile, c’est d’intégrer, et la France a le devoir de leur donner les outils pour le faire.

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