Un collectif de près de 400 chefs cuisiniers et acteurs de la restauration, dont plusieurs chefs lyonnais, se mobilise pour demander le retrait de la loi Duplomb.
Le 24 juillet dernier, près de 400 chefs et acteurs du monde de la restauration ont, dans une tribune publiée dans Le Monde, appelé au retrait de la loi Duplomb qui prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes - interdit en France, mais autorisé en Europe.
"Nous, restaurateurs, avons choisi le métier de restaurateur par amour pour la gastronomie, par passion pour les produits, mais surtout parce que nous voulons nourrir, "restaurer" nos clients", écrivent ainsi les signataires. Parmi eux, plusieurs chefs lyonnais ou propriétaires d’un restaurant à Lyon, dont l’Argentin Mauro Colagreco (chef du Mirazur, à Menton, trois étoiles Michelin), à la tête de Pecora Negra, dans le 6e arrondissement, ou Marie-Victorine Manoa, cheffe originaire de Lyon et candidate de l'émission Top Chef.
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Jacques Marcon à l’origine de la tribune
Tout est parti d’une publication sur Instagram du chef triplement étoilé Jacques Marcon, propriétaire du restaurant Régis & Jacques Marcon, en Haute-Loire. "Avec cette loi, vous vous êtes érigé en porte-parole de l’industrie agroalimentaire qui privilégie une agriculture intensive et néfaste pour les générations futures", a ainsi écrit le chef le 9 juillet, par ailleurs signataire de la tribune dans Le Monde.
"En tant que partenaires directs, nous avons bien conscience des difficultés que rencontrent les producteurs français au quotidien. Beaucoup sont enfermés dans un système à bout de souffle, qui leur demande de produire toujours plus et à bas prix. Ils sont tiraillés entre la nécessité de rentabilité et les demandes citoyennes croissantes à sortir du productivisme. Mais la loi Duplomb, adoptée le 8 juillet par le Parlement, ne vient résoudre aucune de ces problématiques. Au contraire, elle ferme les yeux sur les vraies difficultés, à savoir la rémunération des producteurs, le libre-échange et la mise en concurrence des denrées alimentaires. Elle les enferme dans un système intrinsèquement délétère en continuant de promouvoir des modes de production inaptes à répondre aux enjeux vitaux de notre temps", soulignent encore les signataires.
"Aujourd’hui, nous sommes inquiets"
Et d’ajouter : "Aujourd’hui, nous sommes inquiets. Inquiets de l’avenir de notre alimentation qui subit de plein fouet la crise climatique et la perte de la biodiversité. Inquiets de la hausse effrayante des cancers. Inquiets de la qualité des produits que nous servons, qui ne semble que se détériorer, ces derniers contenant toujours plus de résidus de pesticides."
Alors que la pétition contre la loi Duplomb récolte près de deux millions de signatures, d’autres chefs comme Olivier Roellinger, Chloé Charles ou Manon Fleury ont également signé la tribune dans Le Monde.
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