En maternelle, les gestes barrière semblent difficilement applicables

Décrochage scolaire à Lyon : "les écarts se sont encore plus creusés entre les élèves" pendant le confinement

Martin est professeur des écoles dans une classe de CP d'une école élémentaire Rep+ de la Métropole de Lyon. Rep+ où Réseau d'éducation prioritaire renforcé, dans un quartier populaire. Il témoigne sur le décrochage scolaire pendant le 1er confinement, lorsque les écoles étaient fermées. Et assure que les inégalités, entre les élèves, se sont largement creusées.

"Il fallait reprendre (au plus vite lors du 1er confinement). Et il ne fallait absolument pas refermer les écoles en novembre. Dans les Rep+, l'école est beaucoup trop importante". Martin est instituteur/professeur des écoles dans une classe de CP d'une école élémentaire classée Rep+.

Rep +, qu'es-ce que ça veut dire ? Réseau d'éducation prioritaire renforcé. En gros, les écoles dans les quartiers populaires, où les élèves sont le plus en difficulté et socialement défavorisés. L'ensemble des classes des CP et des CE1 en Rep et Rep+ sont dédoublées, avec deux instituteurs. Martin, dans sa classe de CP d'une école d'une commune de la Métropole de Lyon,  a 10 élèves. Il raconte. Le confinement, le décrochage scolaire, le passage en CP... si important, le port du masque, le protocole sanitaire, les inégalités entre élèves

"En mai-juin, dans les écoles, on vivait dans la peur"

Le protocole sanitaire ? "Pour le protocole, ça été très compliqué de le mettre en place en mai-juin. On vivait dans la peur. On était très à cran, on avait tous peur de ne pas pouvoir respecter ce protocole. Mai-juin, on ne bossait pas correctement, on faisait des révisions. Cette période a vraiment été compliquée dans les Rep+", confie-t-il. Depuis septembre, c'est tenable. On bosse normalement. On continue d'avoir des activités sportives presque normalement. On ne touche pas les enfants, on limite le brassage inter-classe. On les espace dans la mesure du possible en classe".

Le port du masque depuis début novembre pour les enfants de 6 ans ? "Ca se passe plutôt bien. Les enfants ont bien assimilé le fait d'avoir le masque. Ils le voyaient dans la rue, à part un ou deux élèves qui ont du mal, les autres le garde et ça se passe plutôt bien", explique-t-il.

"Les écarts se sont encore plus creusés" entre les élèves

Le creusement des inégalités entre élèves ? "Chez les enseignants, on est tous d'accord pour dire que la période de confinement (au printemps) et de non école a été catastrophique pour les enfants. Il y a eu énormément de perte, les enfants sont arrivés en septembre très en retard. On rame", poursuit l'enseignant de CP. C'était déjà compliqué avant. Il y avait déjà des écarts importants entre la Rep+ et une école élémentaire "traditionnelle". Cette année, les écarts se sont encore plus creusés. On l'a vu avec les évaluations nationales en septembre. Il y a eu moins de suivi chez eux, ils peuvent moins être aidés par leurs parents, l'école c''est si important, si capital".

Des écarts encore plus marqués entre les élèves. L'instituteur de Rep+ explique : "Les enfants n'ont pas tous les sons, toutes les lettres. En terme d'attitude, ils sont encore très bébés. Généralement, les enfants au bout d'une semaine en CP, ils ont compris qu'ils étaient passés en CP, qu'ils n'étaient plus en maternelle. Ils ont compris qu'ils avaient chacun une chaise, un bureau, étais assis, avec l'enseignant en face pour schématiser. Ca prenait une semaine, là ça a pris jusqu'à la Toussaint. Car ils n'ont pas eu la totalité de leur apprentissage de Grande Section. Et c'est apprentissage, il est si important, encore plus dans les Rep+. C'est pour ça qu'on a fait reprendre les Grande Section en premier au printemps"

Une génération sacrifiée ?

Comment rattraper le retard ? "Ce qui m'inquiète, c'est que tout ce temps pour "les faire rentrer en CP", ça a pris beaucoup de temps. Depuis début novembre, on y arrive. Le protocole est facilement respectable. Après, la problématique va vite se poser : quels sont les choix pédagogiques ? Les priorités ? On ne pourra pas tout faire. Je ne dirai pas que ça va être une génération sacrifiée mais il faudra être très vigilant, redoubler d'efforts. Il faudra le garder à l'esprit".

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