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Crise de la viande : "Le ministre va devoir mettre la main à la poche"

Aujourd'hui, les éleveurs et agriculteurs de Caen ont manifesté leur colère dans toute la Normandie. En cause : le cours actuel de la viande, qu'ils estiment bien inférieur au coût de production.

Dans la région Rhône-Alpes, environ 6 500 éleveurs (bovins, ovins, porcs et volailles) pourraient souffrir d'une situation qui empire chaque année. Le 7 juin dernier, un accord semblait pourtant trouvé entre grande distribution, industriels et éleveurs pour améliorer la rémunération de ces derniers.

"Près de 10% des exploitations d'élevage, soit entre 22 et 25.000 [fermes], sont cet été au bord du dépôt de bilan", affirme Stéphane le Foll au Parisien. "Depuis 2013, on subit un effritement des bénéfices dans un contexte d'augmentation des charges. Le coût de l'ensemble des moyens de production et les charges augmentent en même temps, ce qui laisse peu de marge de manœuvre aux éleveurs", explique François Garridier, président section bovine de la FNSEA de Rhône-Alpes.

Pascal Riche, propriétaire et éleveur de 210 bovins à Lucenay, dans le Rhône, décrit la situation de ses collègues, pris en étau entre grande distribution et industriels. En vendant un kilogramme de carcasse de jeune bovin aux industriels (les abattoirs), ils vont en tirer 3,90 euros. Ces derniers vont préparer la viande, puis la vendre aux grandes surfaces. "Si l'éleveur voulait ne pas perdre d'argent, il faudrait qu'il vende le kilo à environ 4,20 euros. Mais ça, c'est sans la rémunération de l'agriculteur", détaille Pascal Riche. De l'autre côté, les quelques grands distributeurs du territoire imposent leur prix aux industriels.

Un nouveau départ ce jeudi ?

Une situation qui semble donc inextricable sans l'entremise et l'aide des industriels, le Groupe Bigard en tête, premier transformateur de viande du pays. Les industriels s'y étaient engagés en juin dernier auprès des Stéphane Le Foll : cinq centimes, chaque semaine, devaient être ajoutés au prix du kilogramme durant 12 semaines. "Ces engagements n'ont pas été respectés, et l'éleveur ne gagne pas plus d'argent", continue Pascal Riche. "Industriels et distributeurs se renvoient la balle. Chacun dit que l'autre n'a pas respecté ses engagements auprès des éleveurs. Mais qui trinque ?", s'interroge ironiquement François Garridier.

En Rhône-Alpes, la situation est particulièrement complexe pour les éleveurs de porcs, qui doivent également faire face à la concurrence des éleveurs bretons, beaucoup plus compétitifs. "Combien d'entre-nous gagnent moins qu'un SMIC ? Pour des heures et des heures de travail ! Aucun salarié n'accepterait ça", désespère Pascal Riche.

Le ministre de l'agriculture Stéphane le Foll a décidé de rencontrer les représentants des éleveurs de la filière jeudi. "Nous allons faire une vérification des industriels et distributeurs qui respectent l'accord et mettre en place un réseau de surveillance. Mais il va falloir que le ministre mette la main à la poche et allège les charges, parce que nous ne tiendrons pas jusqu'à l'hiver", prédit François Garridier.

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