L’usine Eovolt à Genas, dans l’Est lyonnais.

Bientôt des vélos “made in Lyon” ?

Les écologistes rêvent de faire de Lyon la capitale du vélo. Parmi les priorités : encourager la fabrication de cycles “made in Lyon”. Le défi est difficile, mais les idées nombreuses.

Depuis des mois, il est compliqué d’acquérir un vélo musculaire ou électrique dans des délais raisonnables. Les fermetures des frontières pour cause d’épidémie de Covid-19 et l’envie décuplée des Français de pédaler au grand air après des périodes de confinement ont créé un effet ciseau : les stocks de vélos se sont vidés à grande vitesse et l’approvisionnement est plus long en raison des pénuries de pièces.

À Lyon, ces difficultés freinent l’essor du vélo. Comme dans d’autres secteurs industriels, une solution pointe donc à l’horizon : relocaliser une partie de la production en France pour moins dépendre de l’économie mondialisée mise à mal par la pandémie. “L’économie du vélo, c’est le même sujet que les semi-conducteurs. Il faut que nous retrouvions une économie du vélo. Cela fait partie de nos ambitions. L’économie du vélo permet de relocaliser des emplois à Lyon”, affirme Fabien Bagnon, vice-président à la Métropole chargé de la voirie et des mobilités actives.

L’assemblage des vélos réalisé localement 

Pour le vélo, le chantier est immense : la plupart des pièces indispensables au montage des cycles sont fabriquées en Asie. À Lyon, les premières initiatives privilégient donc l’assemblage local de vélos avec des pièces venues d’ailleurs, plutôt que la fabrication de A à Z des deux-roues. “L’assemblage sur place permet déjà de minimiser les coûts de transport par rapport à un assemblage en Asie. On peut ainsi diminuer le coût du produit final et avoir une agilité plus grande en assemblant un vélo plus vite que s’il l’était à l’autre bout du monde”, explique Vincent Monatte, vice-président chargé des mobilités actives au sein du Cara, un cluster européen pour les solutions de mobilité.

À Lyon, la Métropole a ouvert la Manufacture des mobilités actives (MAD) en juin 2022 en partenariat avec le Cara. Ce tiers-lieu, situé dans le quartier du Carré-de-la-Soie à Vaulx-en-Velin, regroupe plusieurs start-up et entreprises de la filière du vélo et des mobilités actives. Il abrite aussi l’Usine à vélo qui devra assembler localement des vélos et fabriquer ses propres roues.

“Produire environ 15 000 roues par an”

“Il a fallu concevoir une machine industrielle pour fabriquer des moyeux [la partie centrale d’une roue, NdlR]. On peut sortir des roues en dix minutes. L’Usine à vélo a vraiment travaillé là-dessus. Dans quelques mois, il y aura des vélos assemblés à Villeurbanne, se félicite Vincent Monatte. On produira environ 10 000 vélos assemblés sur place par an. On pourra aussi produire environ 15 000 roues par an. L’assemblage des vélos reste manuel. Alors que pour la roue, il s’agit d’une production automatisée.”

Une usine à Genas

Eovolt, qui assemble des vélos pliants électriques, s’est aussi lancée dans la production. Au printemps 2020, cette entreprise a installé son usine avec une ligne de production à Genas dans l’Est lyonnais. Les trois modèles de vélos proposés à la vente par Eovolt sont assemblés là, à la main, par une dizaine de salariés. “On aura vingt personnes à la production à la fin de l’année 2022. On assemble les différents éléments – selle, cadre, guidon – et, de plus en plus, on dessine nos propres pièces. Par exemple, nos pédales sont dessinées par nos soins”, témoigne Raphaële Lewi-Leveel, directrice marketing d’Eovolt.

Cet assemblage maison offre à l’entreprise un gage de qualité. “On connaît tous les vélos qui sortent de l’usine. On a aussi un stock suffisant pour ne pas avoir de pénurie. L’objectif, c’est d’arriver à 24 000 vélos par an à la fin de l’année 2023”, ajoute Raphaële Lewi-Leveel.

Composants français, assemblage lyonnais

De son côté, la start-up lyonnaise Ultima Mobility propose des vélos dont 90 % des composants proviennent de l’Hexagone (le reste étant issu d’usines allemandes et italiennes) en intégrant notamment le moteur de nouvelle génération du fabricant français Valéo.

Ultima Mobility vient de lancer sa première gamme de VAE en s’appuyant sur un système de commande sur Internet qui permet de choisir son modèle en fonction de la configuration souhaitée : version city, trekking, cargo et cargo family … Ces vélos sont alors assemblés dans une micro factory à Saint-Priest pour être ensuite envoyés dans toute l’Europe.

La première gamme de VAE de la start-up lyonnaise Ultima Mobility

Sur ce marché de l’assemblage des vélos, les idées se bousculent. Autre innovation du côté de la start-up lyonnaise Ref Bikes, qui a breveté un système pour monter et démonter un cadre de manière automatisée “Notre savoir-faire, c’est d’assembler des cadres de vélo. L’assemblage peut se faire en dix minutes. Depuis trois ans nous faisons de la recherche et du développement. On s’est cassé les dents dessus. Notre brevet, c’est de l’assemblage mécanique. Il faut le bon poids, la bonne rigidité, les sensations pour le cycliste. On a profité de l’aide de bureaux d’étude pour améliorer le processus”, explique Romain Segura, co-fondateur de la start-up.

Cette jeune pousse ambitionne de commercialiser ses propres vélos très prochainement. En plus de faire du “made in Lyon”, Ref Bikes veut inventer un futur très vert pour la bicyclette en proposant un vélo modulable qui peut évoluer au fil du temps à partir de pièces récupérées par Ref Bikes sur des vélos d’occasion. Une bonne manière de réduire l’empreinte carbone d’un vélo, alors que “sur la partie électrique et les transmissions, c’est difficile de concurrencer les Chinois ou Taïwan”, conclut Romain Segura.


 

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