Bébé Maternité
Le Remera permet de recenser et mettre en lien les malformations chez les bébés à la naissance. © Fred Dufour/AFP

Bébés malformés : le scud du Remera à la ministre de la santé

Dans une note d'étape, le Remera (Registre des malformations en Rhône-Alpes) qui a été à l'origine de l'alerte sur les malformations congénitales dans l'Ain, s'en prend  à l’agence nationale de santé publique, sous tutelle du ministère chargé de la Santé.

En six ans, huit cas d'enfants porteurs de la même malformation ont été recensés dans six villages de l'Ain (Lagnieu, Douvres, Jujurieux, St-Martin-du-Mont, St-Nizier-le-Désert et la préfecture Bourg-en-Bresse), tous situés dans un rayon de dix-sept kilomètres. Un taux 58 fois supérieur à ce qui est normalement attendu pour de telles malformations dans une si petite zone, explique le Remera, une structure qui recense et documente, en temps réel et de façon systématique, tous les cas de malformations identifiés en période anténatale et postnatale dans la région. Plusieurs cas de veaux nés avec des anomalies ont également été signalés par le sur le même territoire et à la même époque (à Chalamont et à Châtenay, deux communes voisines).

Nonobstant, les autorités sanitaires ont écarté tout excès de cas et toute cause commune, au moyen de méthodes statistiques décriées. Avec, en toile de fond, des attaques personnelles et une campagne de désinformation. Si la suspicion publique est née, celle de l'hypothèse d'un scandale sanitaire aussi.

Lire aussi : Scandale sanitaire dans l’Ain : pourquoi des enfants naissent sans main ?

Ce jeudi, Lyon Capitale a reçu par mail un document provenant et signé du Remera intitulé "Note d'étape n°1", ce qui sous-entend qu'il y en aura d'autres. Scriptum est : "la présente note a pour objet de faire le point sur toutes les questions d'actualité récente concernant Remera et ses travaux. " Référence aux six nouveaux cas "suspects" récemment identifiés par Santé publique France (SPF). "

1/ "Un rideau de fumée destiné à masquer son inaction passée"

L’annonce de nouveaux cas "suspects" par SPF est donc difficilement compréhensible, sauf à y voir un rideau de fumée destiné à masquer son inaction passée. Il convient en effet de s’interroger sur les raisons pour lesquelles SPF a soudainement décidé de pousser ses investigations."

2/ L'Etat doit tirer des conséquences

"Les reproches de SPF à l’encontre de Remera sont donc particulièrement mal venus. De toute évidence, des fautes ont été commises et c’est l’honneur de remera et des médias de les avoir révélées. Il appartient maintenant à l’Etat d’en tirer les conséquences pour qu’elles ne se reproduisent plus."

3/ "Calculs erronés"

"Santé Publique France (SPF) a maintenu, dans un communiqué du 4 octobre 2018, qu’il n’y avait pas d’excès de cas dans l’Ain, en se fondant sur des calculs manifestement erronés."

Dans une lettre adressée à Lyon Capitale, le biostatisticien lyonnais Jacques Estève, ancien professeur au CHU de Lyon et à l’université Claude-Bernard, ancien directeur de l’unité de biostatistique du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), raillait les méthodes de calcul utilisées par l’agence de veille sanitaire. "Une absurdité", "une erreur diabolique".

4/ Enquêtes sur dossiers

"On peut supposer que l’enquête (de Santé Publique France, NdlR) ne se fait pas sur le terrain mais uniquement sur dossier, semble-t-il à partir des données PMSI. On ne connaît ni la méthodologie ni les enquêteurs, et les familles restent dans la plus complète expectative."

5/ Aucun engagement écrit de la ministre de la Santé

"Nous avons noté avec satisfaction les déclarations de Madame la ministre de la santé indiquant que Remera continuerait à être financé. Nous avons besoin, pour continuer à assumer nos missions (limitées à 4 départements), d’un budget annuel de 250.000 €, étant précisé que les HCL n’ont accepté de faire l’avance de nos salaires qu’à la condition qu’ils soient couverts à même hauteur par les subventions. Si l’on souhaite nous voir approfondir nos relations avec le monde de la recherche, nous serons heureux de le faire si l’on nous alloue les budgets nécessaires et à condition que cela ne se fasse pas au détriment de notre mission première de surveillance.En attendant, les déclarations doivent se traduire par des engagements écrits, sous forme de conventions pluri-annuelles."

6/  Simple "suspension" de licenciement 

"Nous avons appris, par un courriel en date du 29 octobre 2018 que la procédure de licenciement engagée par les HCL à l’égard de nos 5 salariés était suspendue. Il reste qu’une suspension n’est pas une annulation et nous demandons donc, là encore, une confirmation écrite de cette annulation."

 

Scandale sanitaire dans l’Ain : pourquoi des enfants naissent sans main ?

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