Bastien Neufeind, Emeline Baume et Vincent Pierre. (Photo AP)

À Saint-Priest, l'entreprise Terrio remet la construction en terre au goût du jour

Longtemps délaissée, la terre fait son grand retour sur les chantiers de construction, un matériau sur lequel a parié l'entreprise Terrio.

Utilisée pendant des siècles dans la construction de bâtiments, la terre a peu à peu été remplacée par le béton. Cependant, ce dernier consomme de grandes quantité de sable et émet du CO2, participant ainsi au dérèglement climatique. "L'industrie du béton c'est 8% des émissions mondiales", affirme Vincent Pierre, co-fondateur de Terrio. Engagée dans la transition de la filière du bâtiment, l'entreprise est spécialisée dans la fabrication de pisé préfabriqué. Un matériau de construction à base de terre crue, circulaire et peu carboné.

La terre, un trésor inexploité

Il y a tout juste deux ans, Bastien Neufeind et Vincent Pierre co-fondaient Terrio. Après l'acquisition d'un site de production à Saint-Priest et la réalisation de cinq premiers chantiers, l'entreprise a su attirer les investisseurs pour se développer. Grâce à la préfabrication des blocs de terre, tout est préparé pour que les maçons prennent le relai. Ceux-ci sont d'ailleurs formés par Terrio à construire avec du pisé. "La magie de la terre c'est le confort et la fraicheur qu'elle apporte, sans carbone et en utilisant peu d'énergie", insiste Vincent Pierre.

Poolhouse en pisé préfabriqué commandée par un particulier. © Alexandre Girin

Par ailleurs, la terre est aujourd'hui le plus gros déchet évacué des chantiers. C'est pourquoi l'entreprise souhaite changer les regard sur ce matériau et l'utiliser autrement. "C'est certes un déchet mais elle finit souvent en décharge, c'est quand même une hérésie", déplore Bastien Neufeind. Chez Terrio, toute la terre utilisée pour les préfabriqués a donc déjà servi. "On fonctionne sans extraction, c'est une ressource qui peut être utilisée à l'infini", explique le co-fondateur.

"La magie de la terre c'est le confort et la fraicheur qu'elle apporte, sans carbone et en utilisant peu d'énergie"
Vincent Pierre, co-fondateur de Terrio
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Une fois arrivées sur le site de production, les terres sont testées par deux experts. Des essais géotechniques sont en effet réalisés pour vérifier leur résistance à la compression et leur capacité de portance. Lorsqu'une terre est validée, elle est mouillée et passée au tamis avant d'être moulée. Les blocs peuvent actuellement faire plus d'un mètre de haut sur 50 centimètres d'épaisseur. D'ici peu, l'entreprise devrait être en capacité de produire des blocs de trois mètres sur 80 centimètres. Ils sont ensuite envoyés sur des chantiers et assemblés au mortier. "On utilise trois typologies différentes. Soit du ciment et du sable, soit de la chaux et du sable soit un mélange des trois", détaille Vincent Pierre.

Une initiative soutenue par la Métropole

Rendre la filière du bâtiment plus sobre et résiliente est un engagement de Métropole de Lyon depuis 2020. Le 27 mai prochain, elle votera en commission permanente une subvention de 105 000 euros destinée à trois collectifs qui accompagnent les particuliers et professionnels dans leur transition. Ces derniers sont les collectifs Fibois 69, Oikos et Dorémi. "À travers le soutien de ces trois structures, la Métropole soutient l'animation d'une filière bâtiment bas-carbone à l'échelle du territoire", indique Emeline Baume, vice-présidente de la Métropole déléguée à l'économie, l'emploi et la commande publique.

Terrio teste chacune de ses terres avant d'en faire des blocs.

La collectivité accompagne ainsi les acteurs de la chaîne de valeur dans leur mutation vers un modèle misant sur la circularité des matières et les ressources renouvelables. Une démarche qui paye déjà puisque les préfabriqués Terrio seront prochainement utilisés sur deux grands chantiers lyonnais. Le pisé servira ainsi à la transformation de la tour du Centre de recherche internationale contre le cancer. Ainsi qu'à la réhabilitation des immeubles du projet Viaterra dans le quartier Bellecombe.

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