Un campement de fortune devant l’hôtel de la Métropole de Lyon © Antoine Merlet
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A Lyon, les politiques changent, les sans-abri restent

Malgré les ambitions affichées par les écologistes à la Ville comme à la Métropole, la question des sans-abri est loin d’être réglée. Près de 500 personnes dorment encore dans les rues lyonnaises au plus fort et au plus froid de l’hiver.

Le thermomètre oscille autour de 0°C alors que le vent du nord commence à souffler faisant sévèrement baisser le ressenti. Pour s’en abriter, un SDF a collé son duvet, ses couvertures et des cartons de fortune le long de la façade sud de l’hôtel de la Métropole. De l’autre côté du bâtiment, une poignée de tentes sont installées devant le parvis de la collectivité locale. Place de Milan, à la Part-Dieu, plus d’une trentaine de toiles abritent des mineurs isolés ou des familles fraîchement débarquées des routes de l’exil à Lyon. Dans les squares du quartier de la Part-Dieu, des marginaux socialisent accompagnés de leurs chiens. Tous ne sont pas des sans-abri. Ils ont des logements plus ou moins pérennes, mais n’ont pas abandonné leurs réflexes des années passées à la rue. Ce jeudi 20 janvier au soir, des élus de la Ville de Lyon accompagnent des bénévoles et des associations dans une maraude sociale de grande ampleur aux quatre coins de la commune. Suivant le repérage du CCAS ou du Samu social, ils sillonnent les endroits où des sans-abri ont été repérés ces dernières semaines. “Nous estimons qu’il y a 500 personnes à la rue ou dans des squats à Lyon, entre les SDF de longue durée, les demandeurs d’asile ou des familles précaires”, évalue Sandrine Runel, adjointe socialiste aux affaires sociales. Ce 20 janvier, la grande maraude de la Ville n’en décomptera pas autant. “À cause du froid, nous assistons à une explosion du nombre de squats. La partie invisible du ‘sans-abrisme’ est plus importante. Dans la rue, vous ne trouvez que des gens qui viennent juste d’arriver ou qui sont de grands marginaux”, décrypte Victor Lequay, responsable des maraudes mobiles de la Croix-Rouge à Lyon.

“Des tentes partout”

Avant la vague de grand froid qui a sévi en janvier, Pierre Oliver, maire LR du 2e, s’était prêté à l’exercice du recensement dans son arrondissement. “Nous sommes passés en un an de 130 SDF à 200. Un gros squat a ouvert sous la nouvelle voûte de Perrache, le parking à vélo de la gare est squatté par 20 à 40 personnes tous les soirs. La Ville a beaucoup communiqué autour de Lyon ville accueillante mais la réalité, c’est qu’il y a des tentes partout. Ont-ils vraiment toutes les places qu’ils ont annoncées ? Je ne comprends pas pourquoi il y a plus de sans-abri”, s’interroge Pierre Oliver. “Les acteurs de la grande pauvreté me disent que l’on a en permanence 2 500 à 3 000 personnes sans hébergement ou en situation d’hébergement très précaire et ce chiffre ne bouge pas depuis quelques années”, explique Cédric Van Styvendael, maire PS de Villeurbanne et ancien responsable d’un office HLM. Au sein de la ville de Lyon, des tentes ou des abris de fortune sont apparus dans presque tous les arrondissements. La plupart des ponts, le long de la Saône, abritent des bivouacs de fortune. Des bidonvilles poussent aussi aux périphéries de la ville. À Villeurbanne, celui de Cusset a été fermé fin décembre et les familles relogées dans un gymnase municipal.

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