Lyon vue du ciel © P Laplace

A Lyon, du kérosène tombé du ciel ?

Des habitants de l'Ain observent depuis quelques années des taches huileuses dans leurs plans d'eau. D'expertise en contre-expertise, ils tentent de prouver qu'il s'agit de kérosène, ce qu'Aéroports de Lyon dément. Une véritable guerre de communication est désormais déclarée entre les deux camps.

Dans l'Ain, à Thil, Valérie Pommaz observe depuis 2016 d'étranges reflets à la surface de son étang. Habitant près de l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, elle soupçonne que les flaques huileuses pourraient provenir du trafic aérien et contacte l'association contre l'extension et les nuisances de l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry (ACENAS). En 2017, le laboratoire vénissian Carso, spécialisé dans les prestations analytiques environnementales et agroalimentaires, analyse un échantillon de l'eau de l'étang en question, et conclut à la présence de traces de composants de kérosène. D'après Le Progrès, le laboratoire aurait retrouvé un taux d'hydrocarbures ressemblant fortement au kérosène de 1 100 microgrammes par litre, soit une quantité "nettement supérieure à la limite de qualité pour la consommation humaine (10 microgrammes/litre)".

Des résidus "liés à la proximité d'une grande agglomération et sa pollution"

Le préfet, alerté par l'ACENAS, demande alors à Aéroports de Lyon de mandater un laboratoire pour effectuer une contre-expertise à l'endroit indiqué par l'association. D'après Aéroports de Lyon, les prélèvements ainsi réalisés le 5 décembre 2018 par le laboratoire isérois Abiolac-Asposan n'auraient "pas révélé de différences de résidus d'hydrocarbures entre les zones survolées par les avions et les autres". Ces résidus seraient en outre "liés à la proximité d'une grande agglomération et sa pollution, et pas aux activités de l'aéroport". Interrogé par Médiacités, le laboratoire confirme que "les valeurs en hydrocarbures totaux et volatiles trouvées [...] sont très infimes [...] et fréquentes dans les eaux de surface que nous analysons". Faut-il en conclure que retrouver des traces de kérosène dans un étang n'est pas inhabituel ?

"Qualité de l'eau : pas d'impact de l'aérien sur les étangs", peut-on lire dans le dernier Dialogues, magazine trimestriel distribué aux voisins de l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, réalisé par le groupe Aéroports de Lyon. Valérie Pommaz en reste estomaquée : "Je ne sais pas où ni quand ni dans quelles conditions ils ont fait le prélèvement. En tout cas, ce n'était pas dans mon étang !"

De nouveaux prélèvements cet été

Effectivement, le laboratoire n'a pas fait des prélèvements dans son étang, mais dans deux autres plans d'eau, publics. Pour Aéroports de Lyon, contacté par Médiacités, c'est la faute de Valérie Pommaz, qui ne s'est pas rendue disponible pour permettre les prélèvements dans son étang. Ce que cette dernière dément : "Les taches ne sont pas visibles tout le temps, ça dépend du temps. Elles étaient particulièrement visibles certains soirs ou week-ends, j'ai donc contacté l'aéroport, mais le laboratoire était fermé." 

Valérie Pommaz attend des preuves. "Quand on a demandé à l'aéroport, ils nous ont dit qu'il n'y avait aucune trace de kérosène, mais ils n'ont pas voulu nous montrer leurs résultats", s'indigne-t-elle. Pour Lionel Lassagne, directeur "développement durable" d'Aéroports de Lyon interrogé par Médiacités, le groupe n'a rien à se reprocher. Il assure toutefois que d'autres échantillons seront prélevés dans l'été. Ce lundi 15 juillet, Aéroports de Lyon a donc mandaté un nouveau prélèvement, dans l'étang de Valérie Pommaz cette fois-ci. Elle-même à l'intention d'en faire un au même moment et au même endroit, preuves photos à l'appui, et de le porter immédiatement au laboratoire Carso.

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