Trop d’heures sup et pas assez d’heures travaillées chez EDF

Dans un référé rendu public ce lundi, la Cour des comptes recommande à EDF de refondre son organisation du travail. Entre heures supplémentaires trop nombreuses et durée de travail insuffisamment suivie, la cour y voit une véritable perte en termes de productivité.

Durée de travail annuelle inférieure à la normale, heures supplémentaires avantageuses et décompte des heures aléatoire… C’est, entre autres, sur ces thèmes que la Cour des comptes vient d’épingler EDF dans un référé paru ce lundi.

Selon l’institution, le groupe d’électricité qui regroupe EDF SA, ERDF et RTE doit gagner en productivité. Et cela passe par ses salariés. Déjà, en février dernier, l’institution s’inquiétait des rémunérations et des salaires pratiqués dans l’entreprise et du manque à gagner qui en découlait. Aujourd’hui, c’est donc l’organisation du travail qui est dans son viseur.

Une organisation qu’elle semble juger figée, sclérosée par des dispositifs réglementaires datés, car difficile à modifier. La cour évoque une très mauvaise “adaptation du temps de travail aux évolutions de l’entreprise”. En gros, EDF n’a pas su bouger en même temps que ses métiers mutaient. Pour preuve, la dernière saisine de l’Etat pour faire évoluer les dispositifs de la branche remonte à 1946.

Des heures de travail difficiles à évaluer

Mais ce n’est pas la seule cause de perte de productivité, selon la Cour des comptes. Selon ses calculs, en termes de nombre d’heures de travail, le compte n’y est pas ; plus particulièrement pour les salariés d’EDF SA et RTE. D’après les calculs de la Cour, les employés de ces deux entreprises effectueraient respectivement 1 548 et 1 500 heures de travail annuelles, quand la durée de référence au sein des industries électriques et gazières est de 1 570 heures. C’est encore en dessous de celle inscrite dans le droit du travail, à savoir 1 607 heures.

Des heures bien difficiles d’ailleurs à évaluer pour la Cour des comptes, qui souligne qu’il n’existe aucun outil fiable pour les décompter, “alors que le temps de travail est décompté et payé à l’heure”. Le contrôle des horaires est donc laissé aux soins du manager.

Des différences de traitement entre les salariés

Si la cour rappelle qu’EDF avait signé son accord sur le temps de travail en 1999 et faisait alors office de précurseur pour la réduction de celui-ci, “force est de constater qu’ils ne sont plus complètement adaptés aux enjeux industriels des entreprises”, précise le référé. D’autant que ces accords auraient laissé la place à “une mosaïque complexe d’accords locaux” créant des différences de traitements entre les salariés “sans véritable justification”.

Enfin, la Cour des comptes identifie également une cheville d’argile dans le régime des heures supplémentaires chez EDF, jugé exorbitant par rapport au droit commun. Alors qu’elles représentent jusqu’à 72 heures pour certains agents chaque mois, à la différence du régime normal, celles-ci sont décomptées au-delà de l’horaire programmé pour la journée et non pas pour la semaine, avec des majorations “supérieures au droit commun”. La Cour des comptes appelle maintenant EDF à mener une réflexion sur tous ces points et à envisager une refonte de l’organisation du travail tout en réduisant le volume d’heures supplémentaires.

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