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Quand l’art s’invite à l’école

Depuis 2002, la Ville de Lyon développe – en partenariat avec l’Education nationale – des résidences d’artistes dans les écoles des quartiers en “politique de la ville”. Reportage à l’école des Fougères à la Duchère (Lyon 9e).

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Xavier Kim, artiste circassien de 36 ans, est en résidence depuis septembre à l'école des Fougères à Lyon 9e. Il y restera trois ans, à raison d'une journée de présence par semaine, en moyenne. "L'organisation de la résidence tient compte du temps de l'artiste, s'il part en tournée, on s'adapte", précise Christine Bolze, directrice du programme "Enfance, Arts et langage" à la Ville de Lyon.

Ce mardi après-midi, l'artiste entreprend un atelier de 25 minutes avec un demi-groupe de la classe de grande section de maternelle. Huit enfants, cinq filles et trois garçons de 5 à 6 ans sont réunis autour de lui, dans la salle de gymnastique de l'école. Il propose un échauffement collectif aux enfants. "Allez, on saute comme des asticots, on bat des jambes et des pieds, on fait tourner la tête, vous voyez quelque chose là-haut ?", demande le jeune artiste.

“On le fait pour soi”

Les enfants sont invités ensuite à dessiner avec leurs corps. "Vous imaginez que vous tenez un crayon et que vous dessinez avec votre corps". Le crayon passe des mains aux coudes, puis des pieds aux fesses, les enfants rigolent, se tortillent. Xavier Kim déploie de grands mouvements, fluides et harmonieux, jetant une jambe en l'air avant de tournoyer sur lui-même, au sol.

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Les petits le regardent, impressionnés et tentent, pour certains, de l'imiter. D'autres sont dans leur propre expression. "On le fait pour soi, encourage Xavier, on peut regarder les autres, mais on le fait pour soi". "Le circassien laisse un espace d'improvisation aux enfants" souligne l'inspecteur de circonscription. L'Atsem de la classe participe elle aussi à l'atelier, elle accompagne les enfants tout en souriant. On voit bien que tout le monde en profite pour s'exprimer.

Les bases du langage

En classe, la résidence se décline aussi. Le but est de s'aider du cirque, et par extension du spectacle vivant, pour donner aux enfants les bases du langage, l'apprentissage fondamental en maternelle. Développer un vocabulaire autour du corps, en lien avec les ateliers pratiques développés par l'artiste. Quatre imagiers du cirque ont ainsi vu le jour dans la classe cet hiver. Et cet après-midi, la maitresse, Magali Philip, travaille avec les enfants sur la description du mouvement du corps. Avec les enfants, elle a créé des bonhommes articulés à base de fils électriques mous et de tissu. "Quand les enfants font les mouvements avec l'artiste, ils les nomment et savent ensuite les reconnaître", explique-t-elle. Les enfants s'aident en classe de leur pantin pour reproduire le mouvement et le définir. Les arts du cirque deviennent alors un véritable support pédagogique pour la maitresse.

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Autre apport important selon Magali Philip, c'est l'apprentissage du vivre-ensemble : "Pour les enfants, Xavier est une personne qui a des capacités extraordinaires, il jongle, fait des acrobaties, ce qui sort généralement du cadre de référence des enfants. Et pourtant, ils apprennent à le connaître et à vivre avec lui durant ces trois années passés ensemble à l'école. Cela leur permet d'appréhender la différence et la tolérance, c'est une très bonne chose", assure la directrice.

Depuis 2002, la ville de Lyon a développé ainsi 30 résidences d'artistes, dans les écoles des quartiers en politique de la ville, ce qui représente un budget de 225 000 euros. Le complément, 35 000 euros, est apporté par l'Etat (la DRAC et la politique de la Ville). Un centre de ressources a été mis en place autour de ce programme. Il est disponible aux artistes et aux enseignants, on peut y accéder en cliquant ici.

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