États généraux de l’alimentation : les attentes des acteurs régionaux

Le “Grenelle de l’alimentation” souhaité par Nicolas Hulot s’est ouvert hier. Ces assises, très attendues par les agriculteurs, vont durer plusieurs mois. Les acteurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes, première du pays dans le domaine des circuits courts, sont partagés.

C’était une mesure annoncée par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, nous y sommes. Les États généraux de l’alimentation ont commencé aujourd’hui, en l’absence du président de la République. Un rendez-vous crucial au vu de “la crise sans précédent que traverse le monde agricole”, des mots de Jean-Louis Ogier, président de la Coordination rurale d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Redéfinir de nouvelles ambitions pour l’agriculture française

S’il y a une chose qui rassemble le secteur agricole de la région, c’est la nécessité d’une “volonté politique pour accompagner l’ambition du monde agricole”, comme le confirme la direction de la section régionale de Coop de France, organisation professionnelle qui promeut le modèle coopératif dans l’agriculture. Laquelle salue l’initiative du président de la République et du ministre de la Transition écologique, bien qu’elle attende de “voir les débouchés politiques de ces états généraux”. Alors que la Coordination rurale s’attache à “la mission d’alimentation de toute la population française”, il s’agit, pour Coop de France, “de voir plus loin, de penser à l’importance de l’agriculture dans le commerce français et à l’international”. Les acteurs du monde agricole semblent déterminés à redynamiser le secteur, mais pour cela ils attendent beaucoup de “la première partie des états généraux, sur la répartition de la valeur ajoutée entre [eux] producteurs et les distributeurs notamment”. La Confédération paysanne appelle d’ailleurs à l’instauration d’un “droit au revenu pour les agriculteurs” afin de mieux équilibrer les recettes du travail paysan. Car les marges “sont très mal réparties”, surenchérit Jean-Luc Fugit, député LREM membre de la commission développement durable à l’Assemblée nationale. Pour le député et la FDSEA du Rhône (branche départementale de la FNSEA), le mot d’ordre c’est “la complémentarité” entre production à grande échelle et circuits courts, car “on ne peut pas nourrir tout le monde sur un modèle de circuits courts locaux”.

Un dispositif critiqué

Ce n’est pas l’avis de l’AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) régionale, qui revendique le modèle de circuits courts qui a fait la particularité de ce territoire. L’association a dû “faire du forcing pour participer aux ateliers, pour faire entendre la voix des environnementalistes” et revendique “une démocratie agricole et alimentaire où le citoyen aurait voix au chapitre”. Elle se retrouve avec les autres acteurs locaux du secteur dans la nécessité d’une prise en compte des problématiques de santé, fortement liées à la production agricole. L’association s’est d’ailleurs jointe, via la campagne du MIRAMAP, à plusieurs ONG qui déplorent la place restreinte laissée à la santé pour cet événement. Et ce particulièrement au croisement des enjeux environnementaux et de santé publique que soulève la question de l’alimentation et de la production agricole intensive aujourd’hui. Une place “qui se fera entendre via la plateforme citoyenne numérique mise en place pour l’occasion, si elle est constructive”, assure Jean-Luc Fugit. Un dispositif qui “exclut une bonne partie des agriculteurs peu familiers du numérique”, dénonce Jean-Louis Ogier.

Les premières conclusions devraient être rendues publiques en septembre. La Région n’a pas souhaité s’exprimer avant cette date, “étant donné le manque d’informations” dont elle dispose pour l’instant.

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