Michèle Vianès, présidente de l'ONG Regards de Femmes
Michèle Vianès, présidente de l’ONG Regards de Femmes @Antoine Merlet

"Ne soyons ni dupes ni complices de celles et ceux qui ont un agenda différentialiste"

L'ONG Regards de femmes, présidée par Michèle Vianès, fête samedi 21 octobre ses 25 ans de combats pour les femmes.

Michèle Vianès est co-fondatrice et présidente de l'ONG lyonnaise Regards de Femmes. Féministe, républicaine et laïque engagée, née en Tunisie de nationalité française, elle a été institutrice puis professeur des écoles, avant de devenir conseillère municipale déléguée à l'égalité hommes/femmes de Caluire.
Marraine du mouvement Ni Putes ni Soumises, elle a été à l'origine de la première marche des femmes de quartiers dans l'agglomération lyonnaise.

Pour ses 25 ans, Regards de Femmes organise au colloque international au siège de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, samedi 21 octobre. Vingt-deux intervenants, dont l'ancienne ministre Marlène Schiappa, chargée de la Citoyenneté et secrétaire d'État en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.

De l'excision au transactivisme

En juin 1999, deux ans après la création de l’association, Regards de Femmes avait organisé, à l’université Lyon 3, sonb premier grand colloque international sur l’excision et l’utilisation du viol comme arme de guerre, avec la présence d’experts et d’expertes du Burkina Faso et du Congo. "À l’époque, je ne vous dis pas les réactions. Les gens ouvraient grand les yeux, en se disant "mais de quoi parlent-elles ?" ou "de quoi se mêlent-elles !", arguant que c’était dans la culture du pays."

Pour Michèle Vianès, dont les positions tranchées ne sont pas toujours partagées par l'ensemble des associations féministes actuelles, l'une des grandes batailles d'aujourd'hui concerne les réseaux transactivistes, pour qui le genre est indexé sur la volonté individuelle, "qui agissent dans le silence avec parfois le soutien de responsables politiques".

Lire aussi :  "Il n’y a pas de relativisme culturel, les droits universels sont pour tout le monde"

Le programme du colloque "Pour les droits humains et universels des femmes - 25 ans d'actions 1998-2023"

9H00 - 9h30 : Accueil

9h30 - 10h Ouverture

Marie-Pierre Montoro-Sadoux, Vice-présidente du Conseil Régional Auvergne Rhône-Alpesdéléguée à la jeunesse, à la famille et aux séniors
Michèle Vianès, Présidente de Regards de Femmes
Bérangère Couillard, Ministre déléguée, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances (vidéo)Intermède : Discours aux femmes de France, Hubertine Auclert, Congrès socialiste de Marseille, 1885, lecture par Audrey Jegousse

10H - 11H45 : 1ère Table ronde : Pleine citoyenneté des femmes

Présidée par Nicole Ameline, Ancienne ministre des Droits des femmes, membre du comité CEDAW, Présidente de l’institut International pour les Droits Humains et la Paix
ModératriceHala Oukili, journaliste.

  • Parité politique pourquoi ? comment ? Reine Lepinay Co-présidente de Elles aussi, Présidente de la Fédération des Centres d'information des droits des femmes de la région Auvergne Rhône Alpes, Membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes.
  • État civil : le droit d’avoir des droits Léonie Guerlay, Cheffe du service état civil, Organisation Internationale de la Francophonie.
  • État civil condition sine qua non pour être électrice ou éligible, Actions en Côte d’IvoireRachel Gogoua, Présidente du GOFEHF. 
     

11h45 - 12h30 : Regards de Femmes, membre de coalitions internationales

  • Coalition internationale pour l’Abolition de la maternité de substitution (CIAMS), Ana Deram
  • Conseil National des Femmes françaises (CNFF), Marie-Claude Bertrand
  • Front féministe, Marie-Noëlle Bas
  • Réseau Francophone pour l’Égalité Femmes-Hommes (RF-EFH) Ndioro Ndiaye

12h30 - 14h00 Cocktail déjeunatoire au Conseil Régional 

14h - 14h10 Intermède : Saynète « La laïcité » extraite de « « Les 10 mots qui font la France », ensemble multimédia créé par Regards de Femmes
14H10 - 15H45 - 2ème table ronde : La Laïcité, force et bouclier pour les femmes
Présidée par Marlène Schiappa, Ministre de 2017 à 2023, Conseillère régionale IDF, autrice
Modératrice : Laure Caille, Présidente de Libres MarianneS

  • La laïcité, principe politique émancipateur, Françoise Laborde, Présidente EGALE, Sénatrice Haute Garonne de 2008 à 2020.
  • La laïcité, principe universelIris Farkhondeh, Universitaire Franco-Iranienne, membre de Vigilance Université.
  • La laïcité, principe fédérateurGérard Biard, Rédacteur en Chef Charlie Hebdo, co-président de Zéromacho.

16H00 - 17H30 : 3ème table ronde : Violence envers les femmes 
Présidée par Patricia Morin, Vice-présidente de Regards de femmes, avocate au barreau de Lyon
Modérateur : Jean-Marie Bordry, journaliste

  • L’emprise d’idéologies masculinistes totalitaires sur les jeunes filles, Jacqueline Eustache-Brinio, Sénatrice
  • Violences traditionnelles néfastes : excision, mariages précoces, Odile Doumbe Faye, Experte Genre d’une entité régionale d’Afrique de l’Ouest.
  • Marchandisation du corps des femmesprostitution, GPA, Pascale Crozon, Députée du Rhône de 2007 à 2017, en charge du rapport d’information de 2016 sur les violences faites aux  femmes.

17H30 - 18h : Remarques conclusives : Avenir et perspectives


L'intégralité de l'entretien avec Michèle Vianès

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 Minutes du Chrono. Nous recevons aujourd'hui Michèle Vianès. Bonjour.

Bonjour.

Michèle Vianès, vous êtes présidente et cofondatrice de Regards de Femmes, une ONG qui lutte pour le droit des femmes, qui va fêter, samedi 21 octobre, son 25e anniversaire. On va revenir sur le programme, tout à l'heure de ces 25 ans, mais quelles ont été les premières grandes batailles de Regards de Femmes ? L'excision.

En 1999, nous avions à peine un an, nous avions organisé un très grand colloque à Lyon, à l'Université Lyon 3, sur ce qu'on appelait l'excision, donc les mutilations sexuelles féminines. On n'en parlait absolument pas à ce moment-là.

Vous avez été précurseurs pour en parler ?

Oui, totalement. Et avec justement, le Burkina venait de voter, c'était le premier pays d'Afrique qui avait voté une loi pour interdire cette barbarie. Et donc, nous avons tout de suite fait à ce colloque avec justement des personnes du Burkina qui sont venues, mais aussi avec des personnes qui en France, parce qu'en France encore aujourd'hui, il y a des mutilations sexuelles vis-à-vis des enfants. Donc c'est un combat extrêmement important, c'est le premier. Et c'est celui qui nous a ouvert l'espace vers l'Afrique. C'est vrai qu'on est très, très impliqué avec la francophonie, mais surtout les actions en Afrique.

L'excision a été l'un des premiers combats effectivement de Regards de Femmes, c'était l'excision. L'excision dont on parle encore aujourd'hui dans le Rhône en 2023. Aujourd'hui, pour vous, Michel Vianès, quelles sont les grandes batailles ?
Alors aujourd'hui, c'est une bataille que nous n'avions pas vue venir du tout. C'est la bataille par rapport à l'invisibilisation des femmes. D'ailleurs, je crois qu'on en avait parlé lors d'une émission précédente avec vous. Le fait que certains transactivistes et masculinistes en même temps sont en train d'essayer de faire disparaître les femmes, le mot femme, et de parler d'un genre fluide. C'est-à-dire, on est ou femme ou homme. On peut choisir quand on veut. Et par rapport aux combats que nous menons sur les femmes, alors on voit bien sûr par rapport aux femmes adultes, le sport où des hommes qui se prétendent femmes, puisqu'ils ont gardé tous leurs attributs masculins, sont là sur les terrains de sport, donc ils prennent leur place. Vous avez en prison aussi maintenant des hommes qui se déclarent femmes et qui se trouvent dans les prisons de femmes, etc.

"Certaines officines, via les réseaux sociaux, poussent des jeunes filles à faire des mastectomies parce qu'ont leur doit qu'elles sont mal dans leur peau"

Mais nous, surtout, c'est par rapport aux enfants et aux fillettes et aux jeunes filles, puisque à partir de 14 ans, vous avez des mastectomies, l'ablation de poitrine de jeunes filles saines, parce que sur les réseaux sociaux, on leur explique qu'elles sont mal dans leur peau. C'est-à-dire sur des
adolescentes qui, comme l'adolescence, ont un moment de questionnement et qui se posent des questions sur leur genre. Et il y a certaines officines, via les réseaux sociaux, qui les poussent à suivre des opérations.
Oui, et surtout que c'est souvent des jeunes filles qui ont une attirance pour d'autres du même sexe et qui sont lesbiennes. Et là, au lieu d'assumer justement leur homosexualité, on leur dit non, vous êtes nées dans le mauvais sexe, il faut changer de sexe. Donc il faut bien avoir à l'esprit que tous ces mouvements sont totalement homophobes.

Michèle Vianès, vous êtes féministe, vous êtes laïque, vous êtes républicaine ? Etre féministe en 2023, ça veut dire quoi ?

Ça veut dire… Alors nous, nous battons par exemple… C'est vrai que j'ai parlé de l'excision comme premier combat, mais notre premier combat, c'était la participation des femmes aux instances politiques élues. Etre à la table des négociations, mais partout, et avoir la parole. Parce qu'il ne suffit pas d'être assise à la table pour voilà, parce que c'est souvent la femme potiche. Donc là, et puis c'est important parce que, par exemple, l'écart des salaires, on a toujours ces écarts de salaire qui sont importants en 2023, malgré un chemin qui est en train de se prendre de manière très claire en France, en particulier par la participation des femmes dans les conseils d'administration, maintenant dans les comités exécutifs, avec toutes ces lois paritaires qui permettent d'avancer. Vous avez le champ des violences aux femmes qui sont fins, notamment des violences sexuelles, je pense, au système prostitueur.

Alors là, nous avons en France une très belle loi qui est modèle, puisque l'Union européenne vient de voter une, comment dire, une recommandation pour tous les pays européens d'être justement abolitionnistes, qui est quand même un minimum, et surtout de suivre la voie de la France par rapport à ce que la France a dans sa loi pour permettre aux personnes en situation de prostitution qui souhaitent en sortir, de pouvoir les aider à justement en sortir et bien sûr pénaliser les clients, parce que s'il n'y avait pas de clients, il n'y avait pas de prostitution.

"La laïcité est la force et le bouclier des femmes"

Toujours l'offre et la demande. Donc samedi 21 octobre, c'est au siège de la région, donc vous fêtez Regards de femmes les 25 ans de cet ONG. À cette occasion, vous sortez ce livret, c'est plus qu'un livret, c'est carrément un livre qui retrace les 25 ans d'action de Regards de femmes. Rapidement, quels vont être les grands temps forts ?
Alors sur nos trois thèmes principaux, c'est-à-dire le premier, c'est la pleine citoyenneté des femmes, avec la déclaration d'état civil pour toutes, parce que sans état civil, on est mort civilement. Et puis la parité politique, ça c'est la première. La deuxième, sur la laïcité, force et bouclier pour les femmes. On voit bien aujourd'hui avec toutes ces montées des intégralismes religieux, quels qu'ils soient, les difficultés pour les femmes. Et le troisième, dans le champ des violences avec, je dirais, les violences traditionnelles. Alors on a commencé tout à l'heure par l'excision et justement, nous aurons une représentante africaine qui va venir nous parler de ces drames, qui sont le mariage précoce et l'excision toujours en Afrique. Et peut-être sur la laïcité, je tenais à dire que c'est international et nous aurons une représentante iranienne, Iris Farkhondeh, qui sera avec nous.
C'est le mot de la fin. Vous retrouvez évidemment le programme entier de ce colloque qui aura lieu samedi 21 octobre au siège de la région pour les 25 ans de Regards de femmes.

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