Ecologie : un mutant politique va naître samedi à Lyon

INTERVIEW - C'est à la Cité Internationale que va naître ce samedi le parti écolo, né de l'agrégation des Verts avec Europe Ecologie. Le nom sera choisi par les militants. L'enjeu : "afficher l'écologie politique comme une vraie alternative", comme l'explique Philippe Meirieu, vice-président au conseil régional.

C'est une organisation hybride qui va naître ce samedi à Lyon. Ni coopérative, ni vraiment parti. Une certitude : demain disparaîtront les Verts et Europe Ecologie. A leur place, une nouvelle formation née des deux, dont on ne connaît pas encore le nom. Ce sont les militants qui vont trancher entre cinq propositions, parmi lesquelles Alternative écologiste ou Rassemblement des écologistes. Pour l'occasion, les plus grandes figures de l'écologie politique sont convoquées : Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot, Nicolas Hulot et José Bové sont attendus à la tribune.

Lyon a été désigné comme le berceau de ce nouveau parti. C'est en effet en Rhône-Alpes que les écolos ont obtenu leur meilleur score aux régionales de 2010 : 17,82%. A travers cet événement fondateur, ils espèrent retrouver la place singulière qu'ils occupaient avant. Les Verts ont en effet longtemps été cet OVNI politique, mi-parti mi-association. Moins structurés que les partis politiques, ils sont cependant tombés dans les mêmes travers, avec les luttes de courant, le combat des égos et des votes sans cesse remis en cause. Le point d'orgue ayant été la candidature d'Alain Lipietz à la présidentielle de 2002, soutenue par les militants puis finalement barrée en interne. A côté, Europe Ecologie s'apparente à un mouvement politique "new wave", comme le qualifie le magazine Regards.

Si cette transformation doit leur permettre de renouer avec la fraîcheur des origines et élargir leur base militante, elle vise aussi à asseoir leur poids électoral. Et rompre avec le yoyo électoral d'un parti qui pèse 1,57% des voix en 2007 et 16,3% deux ans plus tard. Cette fois, il s'agit de devenir "une vraie alternative" au PS et à l'UMP, comme l'affirme Philippe Meirieu, vice-président au conseil régional et l'un des symboles de cette nouvelle génération d'écologiste.

Lyoncapitale.fr : Que va-t-il se passer ce week-end ? Une fusion entre les Verts et Europe Ecologie ?

Philippe Meirieu : On ne peut pas parler de fusion : les Verts faisaient déjà partie d'Europe Ecologie. On peut parler de métamorphose, de transformation, d'élargissement, de reconfiguration. L'enjeu est double. C'est dépasser une certaine structuration politique traditionnelle, un peu obsolète et sclérosante. Et afficher l'écologie politique comme une vraie alternative, et pas comme un complément d'âme aux autres formations politiques.

Pourquoi êtes-vous membre d'Europe Ecologie et ne l'avez-vous jamais été chez les Verts ?

J'étais un grand admirateur de René Dumont. Mais je les voyais plus comme des poils à gratter qui posaient des bonnes questions que comme une formation disposant des compétences suffisantes sur l'ensemble des sujets pour assumer des responsabilités politiques. J'étais un peu agacé par les querelles entre leurs différents courants. D'ailleurs je me suis battu, une fois à Europe Ecologie, pour que les quotas entre courants soient abolis.

Quel est l'intérêt pour les Verts de ce changement ?

Je comprends que ce soit douloureux pour certains militants historiques des Verts qui ont mené un long combat. Mais les vicissitudes des Verts - la dernière en date étant la candidature de Dominique Voynet à la présidentielle - montrent qu'ils n'avaient pas l'assise suffisante pour assumer des responsabilités. Ce changement permettra à l'écologie politique de changer la donne dans la politique française. C'est une mutation essentielle pour eux.

Aurez-vous forcément un candidat à la présidentielle ou pouvez-vous soutenir dès le 1er tour un candidat socialiste ?

C'est un débat mais il est à peu près tranché. Nous souhaitons avoir un candidat et un programme spécifique.

Que pensez-vous de Jean-Luc Mélenchon et du Front de gauche ?

Je le respecte beaucoup. Il a fait un travail intéressant quand il était ministre délégué à l'Enseignement professionnel. Mais nous ne partageons pas toutes leurs options. Nous n'avons pas du tout la même position sur l'Europe, ou sur le productivisme. Nous nous efforçons d'être dans une culture de construction face à un Front de Gauche qui propose moins qu'ils ne s'opposent, parfois de façon incantatoire. Je ne vois pas toujours les solutions qu'ils proposent.

Quels peuvent être les points essentiels en vue d'un accord avec le PS ?

Notre programme pour 2012 est en cours d'élaboration. Je vais donc vous faire partager mon intuition personnelle. Nous sommes très attachés au changement de mode de scrutin, à l'institution de la proportionnelle et au non-cumul des mandats. Nous devons réfléchir à la sortie du nucléaire et à notre modèle économique. Également au rapport entre le système financier et l'économie réelle. Je pense que nous ne nous mettrons pas d'accord sur un programme commun, mais sur un contrat de mandature.

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