Agriculture bio: "Laurent Wauquiez introduit le loup dans la bergerie"

Jusqu'à la fin du mandat de Laurent Wauquiez, plusieurs acteurs historiques du développement de l'agriculture biologique, paysanne et locale se voient retirer leur rôle au profit des industriels de l'agro-alimentaire et de la chambre régionale d'agriculture.

Si le budget alloué au développement de l'agriculture biologique jusqu'en 2021 reste constant - 2,7 millions d'euros- les acteurs qui seront en charge de ce dernier ont bien changé, au grand regret des élus écologistes au conseil régional. "La majorité casse tout ce qui avait été construit depuis des années" regrette Corinne Morel-Darleux, conseillère régionale d'opposition du rassemblement de la gauche et des écologistes et membre de la commission agriculture.

Un plan sans chiffre précis

"Le problème, c'est qu'il nous était demandé de voter un texte et des axes d'action sans les budgets qui leur seront alloués : ceux-ci ne figuraient même pas en annexe" explique Corinne Morel-Darleux, qui a fait une demande depuis la commission agriculture pour obtenir le détail des budgets prévus pour le développement de l'agriculture biologique dans la région. "L’exécutif aurait tout de même pu imaginer que les élus avaient besoin, pour voter en toute connaissance de cause, de connaître les budgets afférents" poursuit-elle. Le groupe recevra un tableau détaillé, daté du 25 octobre soit un mois plus tôt. Le document sera remis au groupe juste après la date limite de dépôt d'amendements au projet. C'est dans ce tableau que les élus découvrent que plusieurs acteurs historiques du bio dans la région seront pénalisés. Ainsi le réseaux d'agriculteurs bio FRAB devra travailler avec 500 000 euros de moins, l'Atelier Paysan voit sa subvention de 75 000 euros retirée, tout comme celle de 30 000 euros pour le pôle de concertation Appuibio. Les fonds attribués à Terre de Liens, à la revue la luciole et aux fermes de démonstration bio en Rhône-Alpes ne sont également plus compris dans le budget."La délibération commençait pourtant bien, dans son constat de la bio comme secteur à développer" indique Corinne Morel-Darleux. Historiquement, l'ex-région Rhône Alpes est la première en France en nombre d'exploitation biologiques.

Vers une agriculture bio intensive ?

Pour Corinne Morel-Darleux, l'arrivée sur le secteur du bio de l'Association régionale des industries alimentaires (ARIA), présidée par l'ancien directeur de la communication de la multinationale Limagrain, 4ème semencier mondial, dont celles de "nouveaux OGM", "introduit le loup dans la bergerie". "Il y a de nombreuses manières de pratiquer l'agriculture biologique, le risque est de faire de la bio de manière intensive, sans bénéfice pour l'emploi." Son parti regrette également que la chambre régionale d'agriculture, dans laquelle le syndicat majoritaire FNSEA est très représenté, ait été mise en position de juge et partie : "ce plan a été construit non en fonction d'objectifs politiques, d'intérêt général, mais en fonction de qui ils avaient déjà choisi de financer, avec au final une chambre d'agriculture qui se retrouve juge et partie : non seulement c'est à elle qu'a été confiée le dispositif d'élaboration de cette délibération dont elle sort grande gagnante, mais en plus elle pilotera elle-même le comité régional qui doit lui commander des prestations" fustige l'élue. Huit amendements ont été déposé à propos de ce plan et deux ont été accepté : "la restriction des aides à l'export du bio pour privilégier les circuits de proximité pour les produits locaux, et une proportionnalité des moyens pour qu'ils puissent augmenter en même temps que le nombre de producteurs bio". L’amendement qui portait un objectif de 50% de produits bio et locaux servis dans les cantines des lycées de la région à la fin du mandat a été refusé.

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