Le collège Barbusse se mobilise pour aider des familles de réfugiés

Les premiers migrants en provenance de Calais arrivent à Lyon. Un exil qu'ont connu, il y a quelques années, trois collégiens scolarisés à Vaulx-en-Velin. Depuis, ils ne comptent plus les nuits passées dehors. Les personnels du collège Henri Barbusse mettent tout en œuvre pour venir en aide à ces familles. Quitte à occuper l'établissement illégalement...

Mobilisation du personnel du collège Henri Barbusse, le 3 novembre 2016.

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Mobilisation du personnel du collège Henri Barbusse, le 3 novembre 2016.

Samedi 5 novembre, 9 h 30 au collège Henri Barbusse. En ce jour de week-end, le collège devrait être désert. Pourtant, des voix et rires d’enfants résonnent. Dans le gymnase du collège, un local situé à quelques mètres de l'établissement, s'organise un camp de fortune où une dizaine d'hommes, femmes et enfants tentent de prendre leurs marques.

Les matelas, habituellement utilisés pour pratiquer la gymnastique ou autres activités sportives ont servi de lits ces dernières nuits. Des lits improvisés où s'entassent quelques couvertures, seule barrière contre le froid. Des tables de ping-pong, installées en guise de paravent, ont pour unique but d’offrir un semblant d’intimité aux trois familles qui ont investi les lieux. Trois familles qui ont fui leur pays d'origine, et qui se retrouvent aujourd'hui sans logement.

Un important mouvement de soutien

Pour les personnels du collège, cette situation "inacceptable" ne pouvait plus durer. Avant les vacances de la Toussaint, ils ont alerté la préfecture, le rectorat et la métropole sur les conditions de vie de trois élèves scolarisés. En vain, selon eux.

"Nous avons donc décidé d'occuper l'établissement afin d'éviter à ces familles de dormir dehors. Nous ne pouvons pas accepter que des élèves scolarisés arrivent au collège le matin après avoir passé la nuit dehors !", s'exclame Mickaël Guyot, professeur de mathématiques.

C'est naturellement qu'un important mouvement de soutien s'est organisé dans le collège. Jeudi, aux alentours de 18 h 30, alors que les grilles de l'établissement se refermaient, les personnels ont décidé d'occuper les lieux et d'accueillir ces familles en situation d'extrême précarité. En fonction de leurs disponibilités, tous se relaient désormais et prennent sur leur temps libre pour s'occuper de ces personnes dans le besoin. Soutenus par un collectif de parents d'élèves, ils apportent nourriture et produits de première nécessité. Après avoir permis aux familles d'accéder aux sanitaires, ils ont aménagé le gymnase du mieux qu'ils pouvaient.

Aménagement du gymnase du collège Henri Barbusse pour accueillir des familles de réfugiés, le 3 novembre 2016.

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Aménagement du gymnase du collège Henri Barbusse pour accueillir des familles de réfugiés, le 3 novembre 2016.

"Nous espérions une vie meilleure"

"Grâce à eux, on ne dort plus dehors. Alors merci !", sourit Erijon, élève de 6e au collège. Il y a trois ans, sa famille a quitté le Kosovo. Depuis, le jeune garçon s'est intégré, notamment aux cours de français qui lui sont dispensés en classe UP2A (une unité pédagogique mise en place pour les élèves étrangers). Désormais, c'est même lui qui assure la traduction entre les personnels et ses parents qui, contrairement à lui, ne parlent pas du tout la langue française.

"Rester au Kosovo devenait dangereux. Nous espérions une vie meilleure en France", témoigne la mère de famille. Or, arrivés en France, ils n'ont trouvé aucune solution d'hébergement stable. Ils ont pu bénéficier d'un logement temporaire, durant l'année scolaire passée, grâce à une importante mobilisation l'établissement Gilbert Dru, école où Erijon était scolarisé. Mais depuis près d'un mois, avec ses parents et ses deux grands frères, il multiplie les nuits dans les bois, parcs ou sous les ponts.

Et malheureusement, leur cas n'est pas isolé. Les deux autres familles qui viennent de Serbie et d'Albanie connaissent, elles aussi, le même sort.

Réquisitionner les logements de fonction vides

Aujourd'hui, grâce à la mobilisation des personnels de l'établissement Henri Barbusse, ils ne sont plus seuls. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas hésité à se cotiser pour offrir 7 nuits d'hôtels à une des familles dans le besoin, il y a quelques semaines. Cette solution n'étant pas durable, ils en appellent aux autorités. "Il existe des moyens, il y a des logements de fonction vides dans le collège et dans l'autre établissement situé à proximité", affirme Frédéric Lebeau, professeur de Segpa, qui se charge de l'accueil des familles ce samedi.

Le collectif "Jamais sans toit" qui rassemblera personnels et parents d'élèves est sur le point d'être crée. Tous se disent prêts à occuper le collège autant de temps qu'il le faudra.

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