Dua Lipa
Dua Lipa

Le retour des stars internationales de la musique à Lyon

De nouveaux équipements ont permis à Lyon de se repositionner sur l'atlas mondial des concerts et d'attirer, à nouveau, les plus grandes stars.

Mercredi 16 avril se tenait à Los Angeles la 36e cérémonie des Pollstar Awards qui récompensent, notamment, les nouvelles salles de concerts de l'année au niveau international. C'est le trophée le plus convoité de la profession. Pour la première fois, un équipement lyonnais était nommé, la LDLC Arena, à Décines, qui fait partie du top 5 avec la Co-op Live de Manchester, l'Estadio GNP Seguros de Mexico, la K-Arena de Yokohama et l'UOB LIVE de Bangkok. Pour déterminer les gagnants, Pollstar se base à la fois sur les votes des professionnels (agents, promoteurs, managers, producteurs, …) et sur les performances au box-office. Sur ce dernier critère, la LDLC Arena tire son épingle du jeu puisque depuis son ouverture, le 23 novembre 2023, près de 900 000 spectateurs ont assisté à l'un des 100 événements programmés, essentiellement des concerts.

Nouvel équipement, nouvelle donne

Sting a été le premier artiste international à s'y produire, 13 ans après son concert à la Halle Tony Garnier. Clin d'oeil à une histoire qui est en train de changer.

Dans les années 1990-2010, si toutes les reines de la pop, les rois du rock, et vice versa, passaient par la Halle, elles mettent aujourd'hui le cap à l'Est dans la plus grande salle omnisports et de spectacles lyonnaise : l'« arena Aulas », comme l'appellent les mauvaises langues, que Jean-Michel Aulas et son fils Alexandre ont racheté à l'OL en juin dernier, la société Eagle Football, propriétaire du club de foot, ayant souhaité « réduire les actifs physiques trop lourdes et non essentiels pour se concentrer sur le football ».

Pendant ces trente glorieuses musicales, la Halle était le vaisseau amiral des concerts lyonnais. Le gratin s'y pressait, la crème y jouait. Lyon était alors sur le géorama mondial. Les tournées européennes de Coldpay, Katy Perry, Justin Timberlake, Kylie Minogue, Lenny Kravitz ou encore Jamiroquai cochaient toutes la ville des lumières. Jusqu'à ce que ces dernières faiblissent. Et que les stars internationales ne brillent plus entre Rhône et Saône. La Halle est, encore aujourd'hui, confrontée à une double problématique : la concurrence de la LDLC Arena (et, dans une moindre mesure, du du Groupama Stadium) et la nécessité de transformations profondes et durables. « On a eu une situation de monopole pendant trente ans, reconnaît, beau joueur, Thierry Pilat, actuel directeur de la Halle Tony Garnier. On savait que ça allait un jour s'arrêter, c'est le jeu de la concurrence. » Cet ex-programmateur du Fil, la scène électro de Saint-Etienne, a récemment présenté à la mairie de Lyon, propriétaire des lieux, un projet de gros travaux de renouvellement des gradins, « face aux nouveaux usages et à la concurrence ». Coût estimé : 15 millions d'euros (hors taxes) pour un format « grand club » à destination des musiques actuelles, dont elle a été, naguère, le porte-étendard. Le dossier du « Bercy lyonnais » de Raymond Barre est entre les mains de la mairie, propriétaire de la salle.

Acousticien de U2, hologrammes d'Abba

Faute d'investissements dans les équipements publics, le privé fait son beurre. A la LDLC Arena, février a été le plus gros mois depuis la reprise de la salle et novembre est annoncé comme le futur record d'événements. Quant au chiffre d'affaires, il devrait franchir la barre symbolique des 40 millions d'euros cette année. En forte progression. « Dès qu'un territoire propose des outils modernes qui répondent aux attentes des artistes et des spectateurs, le succès est là, explique Xavier Pierrot, directeur général de la LDLC Arena.

C'est simple, on a pris les meilleurs au monde, entre l'architecte Populous et le bureau d'études Vanguardia qui compte parmi ses employés un acousticien travaillant pour U2. » Grâce à sa précision acoustique et sa puissance, a expliqué dans un post la société SNEF, concepteur et installateur du système sonore, chaque événement laisse un trace indélébile sur le public, les retours ont été extrêmement positives, les participants louant la qualité stupéfiante et la clarté cristalline du son. Sans compter le Cube Led de 144 m² d’écran et les 4 000 m² d’habillages acoustiques, précise la communication de la plus grande arena évènementielle en France, hors Paris. La direction de la LDLC Arena a même « suivi de près » la création de la salle de spectacle futuriste d'Abba à Londres, à base d'hologrammes. Cerise sur la gâteau, qui a failli faire s'étouffer tout le monde, le projet d'une salle annexe de 2000 m² pour de plus petits concerts d'une capacité de 1 000 à 3 000 places. A peu près la jauge du Radiant, à Caluire. « On n'est pas concurrent, coupe Victor Bosh, son directeur, ex-Transbordeur. On est complémentaire. Les artistes nous disent tous que ça sonne super bien ! On a eu Jack White, Jorja Smith. Ce sont des artistes qui sont faits pour des arena, le circuit normal, mais qui, un jour, décident de passer dans de plus petites salles.Au Radiant, on a un rapport salle scène et une acoustique qui nous donnent un atout considérable. »

Aspirateur à touristes

La Halle n'a pas non plus dit son dernier mot. En 2024, 500 000 spectateurs ont foulé les 17 000 m2 de l'« ovni de centre ville », selon le portrait qu'en brosse son directeur, pour plus de 70 événements. « J'ai toujours dit qu'il n'y avait de la place que pour une salle et demi... Nous on fait du salon, l'Arena du grand sport. On arrive à des plannings bien remplis sur les deux salles avec ces activités hors concerts. Et notre spécificité, c'est d'avoir une grande fosse. Du coup, on fait tout le rap et les musiques électroniques qui cartonnent. » « On a remis la métropole sur la carte des grandes tournées » ajuste Xavier Pierrot.

Si les salons et symposiums internationaux attirent, participant au rayonnement et à l’attractivité du territoire, les concerts de stars sont un puissant et nouvel aspirateur. « C’est incroyable pour la destination ! Le tourisme musical est devenu une vraie tendance » relève Robert Revat, président d’OnlyLyon Tourisme et Congrès.

La bascule s'est faite l'été dernier, avec les deux mega concerts au Groupama Stadium de la star américaine Taylor Swift qui a choisi Lyon et Paris pour sa tournée en France. Son passage entre Saône et Rhône a boosté le taux d'occupation des hôtels à 98%, contre 71% de moyenne. Selon le géant de la production de concerts AEG, 30 % des billets français (pour Paris et Lyon) ont été achetés par des étrangers, dont 20 % par des Américains. « Sur trois jours, la fréquentation des restaurants à augmenté de 50% », commente Thierry Fontaine, président de l'UMIH du Rhône. De son côté, l'Office du tourisme a enregistré une hausse des dépenses de 20% par rapport à 2023 (Lyon City Cards, visites guidées, boutique en ligne). Plus en détails, les dépenses des touristes américains ont augmenté de 98% du 1er au 3 juin et ont grimpé également de 112% pour les Anglais et de 134% pour les Belges. Les 15 et 16 mai prochains, l'autre mega star Dua Lipa se produira à la LDLC Arena, dont les places se sont envolées en quelques minutes. Comme pour l'autre mega star Katy Perry, qui se produira en novembre. Preuve s'il en est de l'engouement et l'attente des Lyonnais pour les stars actuelles. A l'instar des professionnels du tourisme qui voient dans cette nouvelle tendance du tourisme une aubaine.

Outil de promotion du territoire

Le tourisme, comme outil de promotion du territoire musical. « Aujourd'hui, l'essor du tourisme musical est stimulé par la tendance expérientielle qui sous-tend une grande partie d'un tourisme de loisirs avec également une certaine peur de rater quelque chose, analyse Martin Cowen, rédacteur sur Amadeus, géant de l'industrie du voyage. Mais cette croissance est également stimulée par la technologie qui permet aux voyageurs de combiner plus facilement un vol et un hôtel avec un bille de concert dans le cadre d'un voyage de loisirs. » Les acteurs lyonnais du tourisme réfléchissent pour capitaliser sur cette image de destination musicale française et européenne majeure, dont la situation géographique centrale est idéale pour des tournées européennes, avec de belles infrastructures de transports et une grande capacité hôtelière (212 hôtels, 19 700 chambres). Les majorités écologistes de la Ville et de la Métropole de Lyon, qui prêchent plutôt pour le train, ne peuvent que se contenter de ce tourisme qui prend les airs et traverse les océans pour écouter des concerts.

* La société Holarena (dont Holnest, le family office de Jean-Michel Aulas et son fils Alexandre, est actionnaire à 60%) détient la LDLC Arena pour environ 40% du capital. Treize partenaires accompagnent le fonds familial, dont Groupama (15%), le fonds souverain de la région Auvergne-Rhône-Alpes (4,2%), LDLC (3,6%), la CCI Lyon Métropole-Roanne (1,8%), de nombreux entrepreneurs de premier plan ou encore la société All Arena, emmenée par les anciens tennismen Thierry Ascione et Jo-Wilfried Tsonga avec l'ex-gardien lyonnais Anthony Lopes (1,25%).

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