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@ Tim Douet

Les rares soutiens de François Hollande dans le Rhône

C'est pas le Pérou pour Hollande. L'ex-premier secrétaire du PS peut compter sur l'appui des maires de Villeurbanne et de Feyzin, espérer celui de Thierry Philip. Mais les ralliements tardent à venir, malgré une dynamique de campagne.

C'est la revanche de celui que Laurent Fabius qualifiait de "fraise des bois", jugé insignifiant face aux éléphants du parti. Aujourd'hui, François Hollande a le vent en poupe. Il s'affiche, aminci, en unes des magazines, troquant ses saillies humoristiques pour le sérieux de ses propositions. Après son ex-compagne et avec plus de succès qu'elle, il s'est élancé dans la course aux primaires socialistes. En attendant le retour éventuel de Dominique Strauss-Kahn ou l'engagement de Martine Aubry, il occupe le terrain. Et marque des points sondage après sondage : le dernier baromètre de popularité L'Express-BVA le place devant la maire de Lille (46% contre 44%) mais derrière Dominique Strauss-Kahn (54%) (1).

Pourtant, les élus sont encore peu nombreux à le rallier dans le Rhône. Et à amplifier sur le terrain cette dynamique sondagière. Le phénomène est étonnant pour une personnalité qui est restée onze ans à la tête du PS et qui a ainsi pu entretenir à loisir ses réseaux. "Des soutiens ? Parce qu'il en a ?", fouaille, cinglant, un strauss-kahnien du Rhône. Ce constat tranche avec les raouts des partisans du directeur du FMI, toujours plus imposants et qui comptent notamment Gérard Collomb. Premier secrétaire départemental, Jacky Darne note chez les militants "une vraie considération" pour François Hollande, mais pas de mouvement en sa faveur.

En attendant des jours meilleurs, les Hollandais rhodaniens, organisés autour du maire de Feyzin, Yves Blein, se comptent. Sans mal. Le député de Corrèze pourrait cependant engranger quelques soutiens à mesure que la primaire approche. Car certains tardent à prendre position. C'est notamment le cas de Jacky Darne. "Je suis un parlementariste, très peu Ve République", élude-t-il. De même le député Pierre-Alain Muet ne souhaite pas encore trancher. "J'ai travaillé avec les trois, je suis proche des trois", souligne-t-il, évoquant Martine Aubry, François Hollande et DSK. L'autre espoir de François Hollande pourrait provenir du désistement éventuel de Martine Aubry. Où se retrouveraient les partisans de la Première secrétaire, comme Annie Guillemot ou Nathalie Perrin-Gilbert ?

LES SOUTIENS ACTUELS

Yves Blein : "Un Français normal"

C'est le "référent" des Hollandais dans le Rhône. Le maire de Feyzin garde un bon souvenir du Premier secrétaire, "très disponible", habile comme soutien du gouvernement Jospin puis "opiniâtre" comme chef de l'opposition. "Il a un vrai capital de sympathie auprès des militants", affirme-t-il. Pour Blein, François Hollande est le mieux placé des socialistes pour gagner la présidentielle. Parce que c'est un "Français normal, qui n'est pas bling bling". Aussi parce qu'il est "sérieux", "rigoureux". "C'est un familier de nos partenaires", bien connu du PCF et des Verts. De ce fait, "il aura plus de facilité à rassembler la gauche".

Jean-Paul Bret : le retour difficile de DSK

Le maire de Villeurbanne apprécie sa crédibilité économique, sa capacité à rassembler toute l'opposition à Nicolas Sarkozy, à incarner la "gauche responsable, de l'école de Jacques Delors". "C'est un homme normal", souligne-t-il. Si Jean-Paul Bret estime que François Hollande n'est pas sur une ligne très différente de DSK, il pense toutefois que le retour du directeur du FMI en France sera compliqué. La faute à la "gauche radicale". Dans la foulée de Bret, son adjoint à l'urbanisme, Richard Llung, soutient aussi François Hollande. Il avait été membre de l'équipe de Ségolène Royal en 2007.

Martine Roure : "beaucoup d'admiration pour lui"

C'est en 1999 qu'elle a appris à le connaître, alors qu'elle figure sur la liste qu'il conduit pour les élections européennes. "J'aime beaucoup François Hollande, j'ai beaucoup d'admiration pour lui", confie Martine Roure. Il tient selon elle "une ligne de gauche sans être dogmatique". L'élue lyonnaise a l'éloge plus parcimonieuse pour les autres prétendants socialistes. "Aubry a fait du bon travail. Et je ne suis pas une proche de DSK, même si je ne suis pas anti-DSK", tient-elle à préciser. Son choix, c'est plus "une question de personne que d'idéologie".

Thierry Philip : soutenir Hollande sans prononcer son nom

Le maire du 3e arrondissement l'avait promis : il parlerait des primaires socialistes après les élections cantonales. Aujourd'hui, il esquive encore, et c'est peut-être pour cela qu'il est, dit-il, "invité un peu de partout". Il ne se dévoilera pas complètement tant que l'hypothèse d'une candidature de Gérard Collomb n'aura pas été complètement levée. "Dans ce cas de figure, je lui serai fidèle", indique-t-il. Et si tel n'est pas le cas ? Thierry Philip élude un peu, mais quand on l'interroge sur les enjeux de l'élection, il dessine le portrait robot d'un candidat qui ressemble à s'y méprendre à l'ancien compagnon de Ségolène Royal. Qu'on en juge : "Je suis attaché au sujet des impôts, la réforme principale du quinquennat à venir. Et l'enjeu de la jeunesse et chômage des jeunes est fondamental. Je suis sensible à ceux qui raccrochent cette procuration au chômage des seniors". François Hollande propose justement un "partenariat" en vertu duquel des exonérations de charges seraient accordées aux entreprises qui emploieraient pendant trois ans un sénior et un jeune.

(1) sondage réalisé du 29 au 30 avril, auprès d'un échantillon représentatif de 914 personnes.

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