Tunisie : Sami Ben Abdallah relâché

Médiapart et Lyon Capitale ont été les deux journaux en France à évoquer la situation de Sami Ben Abdallah. Ce blogueur tunisien résidant à Paris a été interdit de quitter Tunis mardi 6 septembre alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour un vol à destination de la France (lire ici et ici).

Convoqué le lendemain dans les locaux de la police judiciaire de Tunis, il y a passé près de huit heures à être interrogé par la brigade criminelle avant d’être finalement libéré hier soir, mercredi, peu avant 20H. C’est une plainte déposée samedi 3 septembre pour des SMS injurieux qui est à l’origine de cette interdiction de quitter le territoire. Pour Sami Ben Adallah, "c’est une affaire politique maquillée en une affaire de droit commun" écrit-il sur son blog. Son avocat, Karim Jouaihia, s’est également étonné de "la célérité de la procédure. Je n’ai jamais vu ça, c’est bizarre. Normalement, c’est beaucoup plus long. La plainte n’a été déposée que samedi et au bout de quelques jours seulement l’affaire était traitée".

Nous avons joint Sami Ben Abdallah quelques minutes seulement après sa sortie des locaux de la police judiciaire hier soir. Il nous a confié ne pas se sentir en sécurité en Tunisie. "Mon téléphone est sur écoute. Plusieurs intermédiaires ont essayé de me piéger en me proposant de l’argent si j’arrêtais de publier des articles sur certains hommes politiques". Sami Ben Abdallah nous a également confirmé que Kamel El Taief a tenu à le rencontrer une troisième fois le matin précédant son départ prévu pour Paris.

Le blogueur avait en effet entrepris depuis plusieurs mois de publier une série d’articles sur cet homme d’affaires tunisien, qui, bien que n'ayant aucun titre officiel, est devenu l'homme fort du pays et est soupçonné de tirer, dans l’ombre, les ficelles pour une prise de pouvoir au profit des hommes de son clan dans la Tunisie de l’après Révolution. "Il a été très gentil lors de nos échanges " indique Sami Ben Abdallah " mais oui, il s’est montré gêné que je puisse écrire certaines choses. Je n’ai aucun élément concret, mais mes avocats sont unanimes pour reconnaître que la procédure est anormale pour une banale affaire de SMS".

L’interdiction de quitter le territoire tunisien a été levée et Ben Abdallah compte également déposer une plainte dans cette affaire de SMS injurieux. "J’espère qu’ils agiront aussi vite que dans mon cas dés le dépôt de ma plainte contre cette personne qui m’a également insulté par SMS : interdiction de quitter le territoire, 8 heures d’interrogatoires dans les locaux de la brigade criminelle et affaire traitée en quelques jours seulement !", nous a-t-il indiqué. Reste une question : les Tunisiens ont-il fait la Révolution pour que les vieux démons du régime policier persistent ?

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