Le casse-tête du PS lyonnais face aux soutiens de Macron

Dans le Rhône, de nombreux socialistes, Gérard Collomb en tête, ont parrainé et soutiennent Emmanuel Macron. Une situation qui aurait pu entraîner leur exclusion de leur formation politique. Mais le PS, au niveau local comme national, se retrouve désarmé face à cette situation inédite. Et n’a pas très envie de trancher des têtes.

Après le temps des menaces, celui de leur mise à exécution n'est pas venu au PS. Les élus socialistes qui ont apporté leur parrainage à Emmanuel Macron ont longtemps été promis à une exclusion inexorable. En février, Jean-Christophe Cambadélis menaçait ainsi sur BFM TV : "J’ai dit, et je n’ai pas bougé, que ceux qui le parraineraient ne seraient plus au Parti socialiste." Une fois la première vague de parrainages publiée par le Conseil constitutionnel, fin mars, il fait étalage de fermeté : "Chaque membre du PS qui a parrainé Emmanuel Macron a reçu une lettre du premier secrétaire leur disant qu'ils n'appartenaient plus au PS."

Un seul destinataire de la lettre

Derrière le discours, la réalité est bien moins claire. À Lyon, une ville où une vingtaine de socialistes ont bravé l'oukase de la Rue de Solférino, un seul élu a reçu la fameuse missive. Il s'agit de Jean-Louis Touraine, député sortant de la 3e circonscription candidat à sa réélection. Ce que son entourage confirme. Tout en apportant une nuance de poids : "Il n'a pas été exclu. La lettre lui signifiait simplement qu'il ne pouvait plus se revendiquer comme candidat investi par le PS."

"Seuls les députés sortants qui ont parrainé Emmanuel Macron ont reçu la lettre. Elle ne les exclut pas du PS mais leur retire leur investiture", poursuit David Kimelfeld, premier secrétaire fédéral du Rhône, qui soutient Emmanuel Macron.

Des candidats perdent leur investiture

Sans avoir reçu de courrier, Anne Brugnera et Hubert Julien-Laferrière ont eux aussi perdu leur investiture PS aux législatives, pour lesquelles ils avaient été désignés, par les militants, cet hiver. Un bureau national du parti qui se tient ce jeudi 6 avril doit décider du sort à réserver à ces circonscriptions désormais vacantes. Elles seront confiées soit à des partenaires politiques, comme EELV, soit à d'autres élus socialistes.

Les "marcheurs" ne seront pas donc pas exclus. Au sein du PS, la volonté de couper des têtes est loin d'être majoritaire. Localement, les partisans de Benoît Hamon ne réclament d'ailleurs pas de sanctions particulières. "Gérard Collomb et David Kimelfeld se sont mis en retrait du PS. Ils nous ont donné les clés de la fédération. Je préfère d'ailleurs cette situation à celle d'autres fédérations PS où des premiers secrétaires macronistes restent en place et ne font rien ou sabotent la campagne", précise Jules Joassard, porte-parole local de Benoît Hamon. Les soutiens socialistes d'Emmanuel Macron notent, eux, que le règlement interne du parti ne permet pas une grande latitude.

Jurisprudence risquée

"Si nous sommes exclus, ça va créer un précédent inédit. Pour être radié du PS, il faut se présenter face au candidat investi par le parti. Jusqu'à présent, personne n'a été viré pour avoir soutenu le candidat d'une autre formation politique. C'était par exemple le cas des socialistes qui ont soutenu Thierry Braillard face à Philippe Meirieu, qui avait l'investiture PS aux législatives de 2012", note une socialiste “En marche”.

Un dernier point favorise le statu quo. La commission nationale des conflits procède ou non à des exclusions après un jugement des commissions fédérales. Or, dans le Rhône, les macronistes y sont majoritaires.

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