2014, l'année de tous les dangers pour le PS

Les élections intermédiaires ne réussissent jamais au pouvoir en place. Les socialistes le savent mieux que personne, eux qui pendant dix ans ont remporté la majorité des grandes villes, des régions et un grand nombre de départements en étant dans l'opposition au niveau national. C'est donc une séquence politique de tous les dangers qui s'ouvre pour le PS, où ils ont tout à perdre et rien à gagner. Les socialistes monopolisent, en effet, les exécutifs locaux comme nationaux. Au delà du nombre de villes et de sénateurs perdus en 2014, c'est le vote sanction de l'action gouvernemental que les dirigeants socialistes craignent. "C'est effectivement une année risque pour nous, glisse le député marseillais Patrick Menucci. Mais si je gagne Marseille, je compenserai des pertes ailleurs". La cité phocéenne apparaît comme la seule capable de basculer à gauche. Pour d'autres grandes villes comme Toulouse ou Paris, les affres de l'exercice du pourraient coûter cher au PS. Par effets boule de neige, le Sénat pourrait aussi basculer à l'automne 2014 bouclant une année catastrophique pour un PS qui s'en remet à un voeu pieu : que la courbe du chômage s'inverse et que la croissance reparte.

Municipales 2014 : une vaguelette bleue attendue

"Nous pouvons perdre des villes mais nous devrions nous maintenir. Il y aura peut-être une vague bleue mais ce n'est pas le principal problème. Vu la situation économique et l'ouverture de la droite sur le terrain du FN, ce n'est pas impossible que l'extrême-droite progresse", redoute Jean-Christophe Cambadélis. Un scénario qui s'apparente à un jeu à sommes nulles pour le PS. Historiquement, les triangulaires profitent aux socialistes. À La Rochelle, les dirigeants PS exhortent d'ailleurs l'UMP à reconstruire les digues républicaines entamées par le ni PS-ni FN promu par Jean-François Copé, président de l'UMP, depuis trois ans. De toutes les élections de l'année, les municipales sont celles que le PS aborde le plus sereinement. Moins impacté par les enjeux nationaux et plus centré sur l'action et la personnalité du maire, le scrutin pourrait atténuer l'effet vote sanction. Les cadres du PS se réjouissent aussi de voir que l'UMP éprouve des difficultés à trouver des candidats dans de nombreuses grandes villes. La vague bleue est finalement moins redoutée qu'un vote sanction de l'action du gouvernement.

Francis Chouat, maire d'Évry, appelle d'ailleurs à l'unité des socialistes pour défendre la politique nationale. "Les municipales ne seront pas l'addition de 36000 communes. Il ne faudra pas que les candidats fassent la politique de l'autruche ou s'excuse pour l'action gouvernementale. En tant qu'élus locaux, nous sommes aussi les acteurs du redressment du pays. Il ne peut pas y avoir le gouvernement d'un côté et des candidats qui disent je ne suis pas d'accord sur tel point. je sens que pour certains élus, il est important de se différencier de la politique du gouvernement". Et ce proche de Manuel Valls de pointer du doigt les élus qui ne jouent pas le jeu de la réforme des rythmes scolaires ou le peu d'entrain à signer des contrats d'avenir. Un portrait robot qui colle parfaitement au maire de Lyon qui cherche depuis des mois à lisser son étiquette socialiste.

Pour la plupart des maires présents à La Rochelle, l'enjeu est avant tout local et le bilan primera sur les politiques nationales. Michel Destot, maire de Grenoble qui entretient toujours le suspense sur une nouvelle candidature, se montre pragmatique : "les municipales seront le résultat d'un équilibre entre le bialn et le contexte national qui peut-être source d'interrogation et d'abstention. Nous devrons aussi faire comprendre que localement nous intervenons au niveau municipal sur l'emploi, l'économie, l'écologie, le logement". Toutefois, tous les candidats espèrent que "la courbe du chômage s'inversera" d'ici à mars 2014. Il s'agit pour eux de la condition indispensable pour éviter un bouillon électoral. "L'inversion de la courbe du chômage et la création d'emploi d'avenir dans les prochains mois seront un facteur déterminant pour rétablir la confiance. Sur le terrain, je sens plus d'impatience que d'hostilité", explique Hélène Geoffroy, député PS de Vaulx-en-Velin.

Européennes 2014 : le PS ne pourra pas faire pire

"Je fais le pari que l'on peut aux européennes, comme aux municipales, un bon score. Il faut mener la bataille contre les idées de l'extrême droite soutenus par Marine Le Pen et l'UMP. L'élection europénne sera dure mais notre projet ne se bâtira pas sur des positions nationales", estime Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale. Pour s'éviter le poids d'une défaite sur une élection qui favorise, traditionnellement, un vote populiste, le PS fait le choix d'une campagne européenne. "Pour les européennes, il faut se fixer un objectif de changer la majorité au Parlement, de battre le PPE", poursuit Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris. Un objectif dont les dirigeants socialistes ne sont pas les seuls maîtres et qui apparaît pour beaucoup d'élus comme irréaliste. "Pour être majoritaire, il faudrait réaliser un bon score et savoir nouer des alliances. Cela me paraît compliqué", explique un socialiste. Électoralement pourtant, les européennes pourraient marquer une progression par rapport au scrutin catastrophique de 2009 (16,48%). "Nous ne pourrons pas faire pire", résument en coeur les socialistes. Sans trop savoir à quoi s'attendre sur un scrutin qui pourrait sourire à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Sénatoriales 2014 : l'inéluctable perte

Le Sénat a basculé à gauche en septembre 2011 avec une majorité très précaire. Le PS doit composer avec ses alliés communistes et écologistes et le résultat de cette majorité hétéroclite n'est pas toujours probant. De nombreuses lois adoptées à l'Assemblée nationale ont ainsi été retoquées au Palais du Luxembourg, faute de majorité, souvent due au retrait des communistes. Toutefois, pour le gouvernement, un Sénat à gauche présente l'avantage d'un gain de temps et d'efficacité. Si la perte du Sénat ne paralyserait pas l'action gouvernementale, elle l'affaiblirait. Garder un socialiste à la présidence du Palais du Luxembourg est un défi qui sera difficile à réaliser. En septembre 2011, le PS avait profité de nombreuses divisions à droite pour gagner des sièges. Si la famille de droite n'est pas plus unie, elle entendra faire des élections intermédiaires les prémices de sa reconquête de l'Élysée.

De nombreuses réformes ont aussi heurtés les grands électeurs (des élus) qui désignent les sénateurs : instauration du non-cumul des mandats, réforme des collectivités territoriales, baisse des dotations aux collectivités locales. Même l'habileté de François Hollande pour lisser sa loi sur le cumul des mandats dans le temps pourrait ne pas suffire à garder les confiances des grands électeurs qui sont souvent des élus cumulards. "Ce ne sera pas bien grave si nous perdons le Sénat. À quoi nous sert la majorité aujourd'hui ? Il y a toujours un problème pour faire passer les lois. La perte du Sénat serait ennuyeuse mais ne changerait pas la capacité de François Hollande à gérer le pays", précise Patrick Menucci. Jean-Christophe Camabdélis, député de Paris, s'attend lui aussi à une défaite : "si nous perdons les municipales, c'est mécanique, nous serons très handicapé pour garder le Sénat".

Christophe Borgel, spécialiste des élections au sein de la direction PS, veut inverser la mécanique en grignotant des voix grâce à des petites communes et ainsi accroître les chances de garder le Sénat à gauche. Le gouvernement a, en effet, instauré un scrutin proportionnel dans les villes de plus de 1000 habitants, le seuil précédent se situait à 3500 habitants. "Dans ces villes où nous sommes sous-représentés, nous allons pouvoir avoir des élus", souligne André Laignel, maire d'Issoudun et vice-président de l'AMF (Associaition des maires de France).

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