Poubelle

Quand les industriels jouent avec la nourriture

L'UFC-Que Choisir accuse l'industrie agroalimentaire de raccourcir à l'excès les dates limites de consommation pour de "pures raisons de marketing".

Et si les grosses entreprises alimentaires jouaient sciemment avec l'étiquetage de la nourriture ? C'est ce que dénonce UFC-Que Choisir. L'association de consommateurs dénonce "le raccourcissement à l’excès des dates limites de consommation par les industriels pour des motivations non pas sanitaires, mais purement marketing".

Autrement dit, les méthodes des industriels permettent d' "accélérer les rotations en rayon" et donc de vendre plus.

DLC et DLUO : la grande confusion

Pour bien comprendre, la réglementation française exige deux mentions obligatoires :

- pour les aliments très périssables : une date limite de consommation (DLC, précédée de la mention "À consommer jusqu'au/ avant"). Au-delà de cette date, les aliments sont susceptibles de présenter un danger immédiat pour la santé humaine.

Exemples : produits frais qui vont au congélateur.

- pour les aliments les plus stables dans le temps : une date limite d'utilisation optimale (DLUO – précédée de la mention "À consommer de préférence avant le"). Cette mention indique seulement la date au-delà de laquelle les qualités gustatives se dégradent. Il n’y a donc aucun risque sanitaire à la dépasser.

Exemples : produits stérilisés (conserves), lyophilisés (café, épices), secs (pâtes, riz), déshydratés (soupe, purée en poudre), congelés et surgelés.

En général, les produits portant une DLC se conservent au froid, tandis que ceux comportant une DLUO se gardent à température ambiante.

yaourt ()

A l'appui de son affirmation, l'UFC Que Choisir se base une étude qu'elle a récemment menée.

L'étude porte sur l'évolution de la qualité sanitaire de 10 produits (yaourt nature et au fruit, crème dessert, crème fraiche, mousse de foie, jambon cuit, lardons, filet de poulet, saumon fumé, mâche prête à consommer), tous porteurs d'une DLC, à partir de la date limite, puis à trois dates ultérieures (entre 4 jours et 3 semaines selon le type de produit).

Résultat : si, au moment de la DLC, la qualité bactérienne est globalement bonne, l'analyse révèle qu'elle s'altère rapidement après pour deux produits carnés (jambon et filets de poulet) mais que pour 1/3 des produits les dépassements, pourtant considérables (crème dessert et yaourts)de la DLC n'ont pas eu le moindre impact sanitaire.

"L'idée est de dire : il y a un certain nombre de produits pour lesquels la DLC est d'une absolue nécessité, explique Olivier Andrault, chargé de mission alimentaire à UFC-Que Choisir. C'est le cas des produits carnés. Pour ces produits, il ne faut donc pas jouer sur la DLC. En revanche, sur certains autres produits, les grands industriels laitiers ne jouent pas le jeu et sont animés par des motivations purement marketing. Ici, les DLC ne sont pas raccourcies pour des raisons sanitaires ".

400 euros de nourriture jetés par foyer

Au final, les consommateurs ont tendance à jeter des produits parfaitement sains.

Selon l'Ademe, chaque Français jette en moyenne 20 kilos de nourriture par an, dont 7 kilos encore emballés. Soit une perte de 400 euros par foyer.

greves des eboueurs Poubelle © TD_0047 ()

En décembre dernier, un sondage réalisé auprès de 2 584 personnes par l'association CLCV et l'Ademe a montré que plus de 43 % des sondés déclarent jeter une boîte de raviolis en conserve lorsque la date est dépassée de trois semaines, et 30 % pensent même qu’il y a un risque d’intoxication.

"Pourtant, la date n’est ici qu’indicative et le produit est encore parfaitement consommable. Ce type de confusion est source de gaspillage."

A l'inverse, concernant le steak haché, la DLC est globalement mieux respectée mais 27 % des sondés sont prêts à le consommer trois jours après sa péremption, ce qui n’est pas sans risque pour ce type de denrée.

Le gouvernement a d'ailleurs lancé un plan visant à réduire de moitié le gaspillage alimentaire à l'horizon 2025. Le Cese, de son côté, estime qu'une amélioration de l'étiquetage des denrées alimentaires - en particulier sur les dates de péremption - serait un levier efficace contre le gaspillage.

À compter du 31 décembre prochain, la mention DLUO sera remplacée par à "à consommer de préférence avant".

Un début donc.

Reste maintenant le plus complexe : surveiller et contrôler les industriels. Une autre paire de manche.

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